La Catalogne – région séparatiste ou exemple pour l’Europe des régions ?
Le référendum organisé dimanche en Catalogne ne fait que confirmer un fort mouvement autonomiste en Catalogne, sans toutefois présenter un tournant dans la quête de l’autonomie.
(KL) – La Cour Suprême espagnole avait interdit le référendum du 9 novembre en Catalogne, ce qui n’a pas empêché l’organisation d’une enquête – 80,1% des participants ont répondu aux deux questions posées : «Voulez-vous que la Catalogne soit un pays indépendant ?» et «Si oui, souhaitez-vous que la Catalogne fasse partie de l‘Espagne ?» Ce qui affaiblit ce plébiscite pour une Catalogne indépendante, c’est le fait que les opposants à l’autonomie n’aient pas participé au vote.
L’état espagnol estime que seul la totalité des Espagnols pourrait voter l’indépendance d’une province espagnole, sachant que le pays ne laisserait pas partir l’une des régions les plus prospères d’Espagne. Les Catalans considèrent cette question autrement – mais après l’interdiction d’un référendum officiel, les autonomistes catalans ont préféré tempérer au lieu de chercher une confrontation ouverte avec l’état. Si les résultats du vote dimanche n’apportent pas vraiment d’éléments nouveaux dans le débat, l’Espagne ne pourra pas éternellement fermer les yeux devant ce souhait d’indépendance.
Culture, langue, économie – la Catalogne est effectivement une région qui fonctionne autrement que le reste de l’Espagne. Pendant la Guerre Civile, Barcelone était le fief des antifascistes, et le conflit entre la Catalogne et l’Espagne se matérialise plusieurs fois par année par le «Classico» entre le Real Madrid et le FC Barcelone qui est bien plus qu’un simple match de football. Un jour, il faudra revoir cette question.
Intéressant – si un peu moins des 5,4 millions d’inscrits sont allé voter (2,25 millions de participants au vote), les défenseur d’une Catalogne espagnole ont boudé les urnes, considérant que ce vote n’était pas légal de toute manière. Ainsi, le vote de dimanche nous apprend que les autonomistes catalans sont majoritairement pour l’autonomie. On le savait déjà.
Environ 20% des votants se sont exprimés en faveur d’un état catalan associé à l’Espagne, une sorte de solution fédérale, mais si seulement un cinquième des personnes favorables à l’autonomie envisagent une telle solution, cela veut dire qu’une grande majorité du mouvement autonomiste souhaite une coupure nette et sèche de l’Espagne.
Ce mouvement autonomiste, est-il antieuropéen ? Selon les déclarations des autonomistes catalans, la réponse est «Non». La majorité des Catalans se verraient parfaitement dans le système européen, mais cela ne peut pas vraiment rassurer. Nous assistons actuellement à une sorte de «fractionnement européen» – de nombreuses régions sont en quête d’indépendance, ce qui est contraire aux tentatives de créer un contexte européen fort et efficace.
Que ce soit l’Ecosse, la «République vénitienne», la Catalogne, le Pays Basque – la réponse à ces mouvements régionaliste ne peut être qu’une «Europe des Régions» forte qui respecte les spécificités régionales (langues régionales, culture, autonomie dans le développement économique etc.) – mais cela suppose également que les états concernés soient prêts à accorder un degré d’autonomie encore plus important à ces régions.
Ce «fractionnement régional» ne doit pas être le précurseur d’un nationalisme qui s’exprimerait à des niveaux de plus en plus petits – au lieu de chercher à développer des entités toujours plus petites, il vaudrait mieux investir les efforts nécessaires pour rendre l’Europe plus efficace, plus forte, moins «bruxelloise», mais plus «strasbourgeoise».
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