La « Dernière Génération » bloque Berlin

Les activistes de la « Letzte Generation » (Dernière Génération) mènent des actions assez spectaculaires, mais qui posent quand même la question de la méthode.

Une poignée d'activistes écologistes suffisent pour bloquer la circulation à Berlin. Foto: Stefan Müller (climat stuff, 1 Mio views) / Wikimedia Commons / CC-BY-SA 4.0int

(KL) – Au plus tard, depuis le dernier rapport du GIEC (Groupement Intergouvernemental d’experts sur l’Evolution du Climat), on sait que le réchauffement climatique ne peut plus être stoppé, à moins que les gouvernements du monde changent immédiatement leur politique en la matière. Mais on sait aussi que les gouvernements se limitent généralement à s’accorder sur des objectifs de plus en plus ambitieux et donc difficiles à atteindre, mais qu’ils font très peu pour y arriver. Ainsi, depuis des années, les émissions de gaz à effet de serre augmentent, au lieu de baisser. Le mouvement « Letzte Generation » (Dernière Génération), composé de nombreux jeunes militants écologiques, mène des actions de plus en plus spectaculaires pour attirer l’attention du public sur une catastrophe écologique qui arrive comme un tsunami. Toutefois, la méthode dérange et suscite de plus en plus des réactions violentes dans la population.

Ils avaient d’abord attaqué des tableaux dans des musées, actions ayant provoqué des réactions d’incompréhension, mais maintenant, ils bloquent les routes, principalement en Allemagne et principalement dans la capitale Berlin. Des activistes se collent, à l’aide d’une forte colle qui sèche quasiment instantanément, sur les routes les plus fréquentées dans la capitale, de préférences aux heures de pointe, et bloquent ainsi la circulation.

Si ces actions attirent les médias et assurent ainsi une diffusion maximale des postulats des jeunes écologistes, le blocage de la circulation est largement critiquée par les usagers de la route, mais également par les services d’urgences, comme les pompiers ou les ambulanciers qui eux aussi, restent bloqués dans les bouchons géants qui se forment en un rien de temps lors de ces actions. Cette semaine, la « Dernière Génération » veut « paralyser » la capitale allemande, mais déjà le premier jour de cette action, les réactions des automobilistes deviennent carrément violentes.

Hier, lundi, à partir de 7h30, une trentaine de blocages ont été organisés à des croisements stratégiques, paralysant presque toute la circulation dans la capitale allemande. Autoroutes urbaines, grandes axes de la capitale, routes principales dans les arrondissements berlinois – il suffit d’un nombre d’activistes limité pour bloquer toute la circulation d’une métropole comme Berlin.

Le grand public allemand est partagé. Si personne ne conteste le fait que les jeunes militants ont parfaitement raison de tirer les sonnettes d’alarme haut et fort, la paralysie de la circulation dans une ville comme Berlin, a des conséquences fâcheuses à plusieurs niveaux. Les gens n’arrivent pas à rejoindre leur lieu de travail, des services de secours n’arrivent que tardivement sur les lieux d’intervention et les nerfs sont à vif. En même temps, la « Dernière Génération » fait valoir (à juste titre) que les innombrables conférences, COPs et autres réunions politiques, n’ont rien changé à cette évolution où on sacrifie l’avenir de la planète pour que les industries et marchés financiers se portent bien. Pendant de longues années, les écologistes ont manifesté, se sont rendus aux COPs pour souligner l’urgence d’agir contre le réchauffement climatique, sans que cette mobilisation n’ait changé l’état des choses. Au contraire, tout en définissant des objectifs climatiques de plus en plus ambitieux, la politique n’intervient pas là où il faudrait intervenir, cédant systématiquement aux menaces de l’industrie qui elle, fait valoir l’emploi qui dépend de leur activité.

En lisant le dernier rapport du GIEC, on se rend compte que l’urgence existe bel et bien et que si la politique n’intervient pas maintenant, la vie sur la Terre sera de plus en plus menacée. Que les jeunes écologistes bloquent la circulation, c’est certainement embêtant pour les automobilistes qui souhaitent se rendre de A à B. Mais est-ce qu’il ne sera pas davantage embêtant si bientôt, la vie sur cette planète ne sera plus possible, car on aura sacrifié l’environnement aux intérêts des actionnaires ?

En principe, il faudrait remercier ces jeunes qui rappellent à ceux qui sont au pouvoir aujourd’hui, leur obligation de protéger la planète, la vie et l’avenir des jeunes générations. La « Dernière Génération » a parfaitement raison d’agir de la sorte et si d’aucuns ne sont pas d’accord avec la méthode, qu’ils expliquent comment ces jeunes écologistes pourraient se faire entendre autrement. C’est vraiment difficile à comprendre que la « Dernière Génération » n’a pas envie d’être réellement la dernière génération ?

2 Kommentare zu La « Dernière Génération » bloque Berlin

  1. Le réchauffement climatique est aujourd’hui dans toutes les têtes. Or qui d’entre nous a fondamentalement changé sa façon de vivre au quotidien ? Un exemple parmi d’autres : les voitures les plus vendues sont des SUV. En guise de voitures électriques, les fabricants, à commencer par les Allemands, proposent aujourd’hui des monstres de 600 cv et jusqu’à 2,8 tonnes car, paraît-il, «le marché en redemande» !! Soyons honnêtes : L’inertie des États n’est que le reflet de notre propre inertie. Pour amener les gens à changer il n‘y a malheureusement que deux remèdes : la contrainte et le porte-monnaie.

    • Vous avez raison, il faut un changement des mœurs. Mais je pense que c’est possible – il y a 35 ans, c’était “normal” de fumer dans les restaurants, aujourd’hui, ça ne viendrait plus à l’idée des gens. Changement réussi. Pour le climat, faudra faire pareil, mais les états doivent donner l’exemple. Définir des objectifs ambitieux, sans donner suite par des actions, ne sert à rien…

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