La fabrique des abrutis – La vengeance des cul-bénits

Scellée le 8 mars dernier dans la Constitution de 1958, l’inscription de la liberté pour les femmes de recourir à l’interruption volontaire de grossesse, suscite de la part de ses opposants, des passages à l’acte particulièrement odieux.

« C’est dur d’être aimé par des cons », disait Charlie Hebdo... Foto: James McNellis / WikimediaCommons / CC-BY 2.0

(Jean-Marc Claus) – Premier pays à inscrire dans sa Constitution, la liberté pour les femmes de recourir à l’IVG, le pays des Lumières est néanmoins en proie d’une montée en puissance de l’obscurantisme, dont les élections de 2027 risquent fort d’être un point d’orgue. Mais avant cela, il y aura outre-Atlantique, les très prochaines présidentielles étasuniennes, où un dangereux mythomane ultra-mégalomaniaque risque de reprendre le pouvoir, tandis que de l’autre côté de l’Oural, un dictateur sanguinaire occupe le Kremlin depuis un quart de siècle, l’intermède Medvedev de 2008 à 2012, n’étant qu’une farce jouée par un homme de paille.

Au milieu de ces deux pôles d’influence : l’Europe ! Une Europe économique cornaquée par les puissances d’argent, dont les lobbies ont open-bar à Bruxelles. Une Europe en continuelle expansion, au détriment d’une cohérence politique, fut-ce minimaliste. Une Europe où la corruption, gangrène jusqu’aux plus hautes instances de l’Union Européenne. Une Europe connaissant aujourd’hui, des poussées de fièvre nationaliste, semblables à celles des Années 1930. Ce qui donne une teinte particulièrement brunâtre, aux tags apposés sur les portes du Planning Familial de Strasbourg, ainsi qu’à la vandalisation d’une statue de Simone Veil à La Roche-sur-Yon. Actes opérés tous deux dans la foulée de la validation par le Parlement, de la proposition de l’inscription dans la Constitution de 1958, de la liberté pour les femmes de recourir à l’interruption volontaire de grossesse.

Sur la vague brune qui, déjà bien présente, menace à terme l’Europe de submersion, surfent des culs-bénits de tous crins et de toutes confessions. Ces « courageux activistes » menant de lâches opérations punitives, ne sont que la partie émergée de l’iceberg de la haine sécrétée par le ventre toujours fécond de la bête immonde. Il ne faudrait surtout pas, considérer ces passages à l’acte comme des épiphénomènes, alors qu’ils sont des symptômes majeurs d’une extrême-droitisation d’une partie de la société. Une extrême-droitisation menée tambour battant, par les puissances d’argent, comme par exemple le très catho-tradi milliardaire Vincent Bolloré, qui rachète Fayard en 2023 et l’année suivante, fait éjecter Isabelle Saporta pour placer à la tête de la maison d’édition Lise Boëll, chantre et agiographe des personnalités d’extrême-droite.

Même si en son temps, Mauras a ferraillé avec le catholicisme, il n’en demeure pas moins qu’aujourd’hui, le maurassisme imprègne une certaine frange de l’Église Catholique française. De plus, l’Action Française trouvant dans le Sud-Ouest un substrat propice au royalisme, il n’est guère étonnant que ce mouvement se soit attaqué au buste de Simone Veil à La Roche-sur-Yon. Tout comme les tags apposés sur les locaux du Planning Familial de Strasbourg, qui du reste, n’en sont pas à leur première vandalisation. Qu’il s’agisse de cathos-calotins, d’iconolâtres orthodoxes téléguidés par le Kremlin, de barbus prédicateurs islamistes, de tout de noir vêtus juifs ultra-orthodoxes, ou alors de très propres sur eux et dynamiques voyageurs-représentants-placiers évangéliques, tout ce beau monde se retrouve dans la très pétainiste devise : travail – famille – patrie.

Famille sous-entendant : les femmes à la maison, en charge de l’éducation d’une tripotée d’enfants, et de la satisfaction de leurs maris, quand ils rentrent le soir après une dure journée de travail. « Hold tight » chantait Higelin en 1981, mais l’époque n’est plus à rire, et nous somme en plein dans la chanson « Anne, ma sœur Anne », écrite par Louis Chedid en 1985. Avec le retour en force de l’extrême-droite, arrive une police de la pensée, assurée par des extrémistes religieux de toutes tendances, se prétendant les uns apolitiques et les autres très politiques. La fabrique des abrutis tourne à plein rendement, et il ne lui sera pas nécessaire de bourrer les urnes, pour gagner les élections.

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