Petit pays…

Pourquoi, face à la pandémie de Covid-19, au Sud Ouest de l'Europe, le Portugal s'en tire-t-il mieux que d'autres pays de l'UE ?

Le Pont Vasco de Gama, à Lisbonne, tout un symbole pour un pays qui, en pleine pandémie de Covid-19, réussit à combiner efficacement distance et proximité. Foto: William Warby / Wikimedia Commons / CC-BY 2.0

(Jean-Marc Claus) – Alors que, près de Porto, décédait le 29 mars 2020, Victor qui à 14 ans était l’une des plus jeunes victimes du Covid-19 en Europe, le Portugal, d’une manière générale s’en tire mieux face à la pandémie, que nombre de pays européens. Malheureusement pour lui, Victor présentait des comorbidités qui ont mis en jeu de manière fatale son pronostic vital. Contre cela, pour l’arracher à mort, la médecine et le gouvernement portugais n’étaient pas vraiment en mesure de lutter, du moins avec suffisamment de force et de rapidité. Paix à son âme. Devoir mourir à 14 ans, c’est comme incendier une forêt…

En revanche, les Portugais(e)s ne pourront pas reprocher à leur gouvernement et à leur système de santé de ne pas avoir pris les devants. Ils l’ont fait et visiblement, ça marche. Alors qu’en Espagne, la situation est bien plus critique, malgré les décisions prises à bon escient. Pourquoi ? D’abord parce que ce pays, tout à gauche sur la carte de l’Europe, l’est aussi dans l’arc politique. Contrairement à l’Espagne, où la gauche est au pouvoir depuis Juin 2018, et où l’alternance droite-gauche fut régulière, au Portugal, une coalition de Gauche administre le pays depuis Novembre 2015 et, depuis les années 1980, l’alternance se joue entre centre-droit et gauche. Les dates et les nuances ont leur importance. Le Portugal n’a pas échappé aux plans d’austérité voulus par l’Europe des marchés, mais trop peu de médias s’en sont fait l’écho, il en est sorti plus vite. D’où moins de coupes dans les finances publiques, dont celles destinées à la santé. Ainsi, le 28 mars 2020, le gouvernement décidait de régulariser temporairement les sans-papiers car, contrairement à ce que certains veulent encore croire, virus et bactéries n’ont pas de nationalité. Protéger aussi une minorité, c’est contribuer à protéger efficacement tout le monde. « Il ne sauve rien, celui qui ne sauve pas tout. ».

Par ailleurs, la pandémie venant de l’Est, et le Portugal se trouvant à l’Ouest, les citoyens et les autorités du pays ont eu un peu plus le temps que d’autres pour voir arriver la vague. Temps mis à profit efficacement, contrairement à d’autres pays voisins, dont la France. Les parents ont retiré leurs enfants des écoles bien avant que le gouvernement le préconise. Le confinement s’est organisé, sans qu’il soit nécessaire de recourir à la coercition. Mais bien sûr, à quoi bon en parler, car le Portugal, c’est juste 10 millions d’habitants : insignifiant à côté de près de 67 millions de génies français ou de plus de 82 millions de besogneux Allemands ! Ce pays n’est évidemment pas épargné par la pandémie, mais les politiques mises en place antérieurement à son arrivée, associées à son actuelle gestion de la crise, auront des conséquences très largement positives, tant sur la santé publique que sur la relance de l’économie. De plus, le Portugal ne la joue pas perso. La situation dramatique que connaît son voisin espagnol, a conduit récemment António Costa, actuel premier ministre, à fustiger vigoureusement le ministre des finances néerlandais qui demandait à la Commission Européenne l’ouverture d’une commission d’enquête, sur le manque de moyens de l’Espagne face à la pandémie. Il a également affirmé que l’Europe – non seulement le Portugal, notez-le – doit réinventer son système de production et tabler sur des circuits courts. Petit pays, je t’aime beaucoup, chantait Cesaria Evora, à propos des Îles du Cap Vert, elles carrément situées au Sud-Sud-Ouest de l’Europe…

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