La Fabrique des abrutis – Les liquidateurs

La énième réforme, prétendant sauver le système de retraite par répartition pour mieux le démolir, arrive à grand pas, portée par les liquidateurs du programme du Conseil National de la Résistance.

Une marche forcée vers le démantèlement du programme du Conseil National de la Résistance. Foto: En Marche / Wikimedia Commons / PD text

(Jean-Marc Claus) – Ça commence par « En Marche » et ça se poursuit avec « Renaissance » et pourquoi pas, la Monarchie Absolue, car à grands coups de 49.3, on y est presque. Présentée par les soutiens du gouvernement comme la mère des réformes et par les syndicats comme la mère des batailles, cette grande manipulation macroniste qu’est la prétendue indispensable poursuite de la casse de notre système de retraite par répartition, si elle aboutit, générera beaucoup d’amertume au sein des classes laborieuses.

Classes et qui plus est laborieuses, une formule que la novlangue des gestionnaires veut absolument bannir du français courant, dans le monde du 2.0 prétendu plus ouvert, transparent, réactif et efficace. Arrivés au pouvoir avec la vague macroniste de 2017, quand même un âne portant l’étiquette En Marche aurait été élu député, confirmés par la partie de poker menteur de 2022 qui a manqué de peu de finir en déculotté au strip poker pour la gauche et en chevauchée des walkyries pour l’extrême-droite, les liquidateurs ne connaissent qu’une classe : la business, c’est à dire la leur.

Celui qui, dans son fameux Discours d’Orléans, voulait en 2017 que d’ici la fin de l’année il n’y ait plus personne dans les rues, ferait bien de sortir de son meublé du 8ème Arrondissement ainsi que des loges VIP des stades qataris sur-climatisés, pour constater qu’en ce premier jour du sixième hiver de sa double mandature, dans son propre pays, la misère est encore plus pénible sans soleil.

« Emmenez-moi au bout de la terre », chantait Charles Aznavour en 1968. Mais plus encore que les acquis sociaux de Mai 68, ce sont les conquis sociaux du Conseil National de la Résistance, que le macronisme et ses followers s’emploient à méthodiquement détruire. Ceci afin de transformer la société des Jours Heureux, perfidement renommée État Providence par des abrutis, pour y installer les lois du marché, face auxquelles celles de la jungle, dont l’entraide, deviendront des vues de l’esprit.

En démantelant toujours plus notre système de retraite par répartition, comme d’autres l’ont fait avant eux, les macronistes sont dans la droite ligne d’un certain Denis Kessler, qui en 2007, n’avait pas d’autre ambition que de « sortir de 1945 et de défaire méthodiquement le programme du Conseil National de la Résistance ». Comme si ce personnage d’une infinie suffisance, n’avait pas de sa naissance au jour présent, bénéficié à différents niveaux des progrès sociaux issus du programme du Conseil National de la Résistance !

Évidemment, toute parole venant du MEDEF étant pain bénit pour le macronisme, le mantra « Puisqu’on vit plus longtemps, il faut travailler plus longtemps ! », ne souffre pas la contradiction de l’évidence du « C’est parce qu’on travaille moins longtemps, qu’on vit plus longtemps ! ». Et puisqu’il suffit de traverser la rue pour trouver du travail et que certains travailleurs bénéficient maintenant d’exosquelettes pour leur faciliter la tâche, pourquoi ne pas travailler jusqu’à soixante-cinq ans ?

Des politiques totalement hors-sol quant aux réalités du monde du travail, ne perdent pas pour autant le sens de la destruction des conquis sociaux. Revenir à la retraite à soixante-cinq ans, conduira à fermer la parenthèse ouverte en 1981, que le « Tournant de la Rigueur » de 1983 puis des années suivantes, avait déjà partiellement clôturé. Celui qui a été élu en 2017 et réélu en 2022, ainsi que tous ses collaborateurs et followers, doivent impérativement donner aux puissances d’argent, des gages de leur soumission. Sans la survenue inopinée de la pandémie de Covid-19, cette « réforme » des retraites aurait été menée tambour battant bien avant 2022.

Reste maintenant la question de la possible mobilisation des classes laborieuses, soit en clair de ceux qui vivent de leur travail, à l’exact opposé de ceux qui vivent du travail des autres. Le pouvoir compte sur l’inertie d’une population ces dernières semaines très largement enfumée par la Coupe du Monde, apeurée par la guerre menée depuis des mois par la Russie en Ukraine et ses conséquences néfastes tant sur notre économie que notre sécurité. Les Français vont-ils alors se laisser, une fois de plus, prendre pour des abrutis, par des liquidateurs dont la caractéristique principale est incontestablement qu’ils sont immondes ?

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