A Santa Cruz de Tenerife, de l’hôpital au musée

Après une période de transition, l’ancien hôpital de Santa Cruz de Tenerife est toujours dédié à l’humain, ou plus exactement au vivant.

Une façade néo-classique, pour un bâtiment chargé d’histoir(e)s. Foto: Legoncha 2013 / Wikimedia Commons / CC-BY-SA 3.0ES

(Jean-Marc Claus) – A Santa Cruz de Tenerife, l’ancien « Hospital Nuestra Señora de los Desamparados », fondé dans la seconde moitié du XVIIIe siècle et fermé en 1971 au profit du « Complejo Hospitalario Universitario de Canarias (HUC) » créé à San Cristobal de La Laguna, connut une période d’inoccupation avant qu’en 1994, le Cabildo Insular (gouvernement de l’île) décide de le transformer en Musée de la Nature et de l’Homme. C’est la Reine Sofía, mère de l’actuel souverain Felipe VI, qui l’inaugura en 2002.

En 2018, il devint Musée de la Nature et de l’Archéologie, mais qu’on le veuille ou non, ce bâtiment dont une partie a été détruite lors d’un incendie en 1888, garde un lien étroit avec l’humain. Construit autour de quatre patios, deux ouverts et deux fermés, il se trouve entre l’Avenida de San Sebastián et le Barranco de Santos.

Deux de ses patios portent les noms d’architectes pleinement investis dans sa modernisation : Manuel de Oraá y Arcocha (1822-1889) qui, lors de sa reprise par le gouvernement provincial, fut chargé à partir de 1854, de l’adapter aux besoins de la médecine de son temps, et Antonio Pintor Ocete (1862-1946) qui, en 1920, y ajouta trois ailes supplémentaires aux sept plus anciennes.

De l’incendie du 17 mars 1888, qui détruisit la partie la plus ancienne de l’hôpital, l’histoire retient qu’il fut maîtrisé grâce à l’intervention des équipages de deux navires français faisant alors escale à Santa Cruz de Tenerife. Seulement deux personnes, sur les quatre cent se trouvant dans les locaux, périrent lors de ce sinistre. L’aventure napoléonienne ibérique (1808-1813), n’appartenant alors pas tant que cela au passé, par cet acte, les Français se rachetèrent en quelque sorte une conduite.

Actuellement, le Museo de Naturaleza y Arqueologia (MUNA), qu’abritent depuis 2002 les murs de l’ancien hôpital, est très prisé par les visiteurs. Il permet à la fois de découvrir la richesse naturelle de l’archipel et de s’initier à la culture guanche. Ce peuple aborigène d’origine berbère occupait l’île de Tenerife depuis au moins le IIIe siècle avant notre ère, jusqu’à ce que la Conquista espagnole (1402-1496) le soumette et s’emploie à anéantir sa culture.

Lors de cette conquête de l’archipel, à laquelle participa dès son début Jean de Béthencourt (1362-1425), alors conseiller et chambellan de Charles V, qui se mit au service d’Henri III de Castille, redoubla la barbarie colonialiste sur les îles d’El Hierro, Fuerteventura et Lanzarote. Un conquistador bien français, dont il faut se souvenir, lorsque nous jetons la pierre aux Espagnols et aux Portugais, qui s’emparèrent des parties sud et centre des Amériques.

Le Museo de Naturaleza y Arqueologia (MUNA), ouvert toute l’année excepté les 24, 25 et 31 décembre, ainsi que les 1er et 6 janvier, abrite aussi le Centre de Documentation des Îles Canaries. Certaines monographies bibliographiques de ses collections sont accessibles via le site internet du musée, notamment celle concernant les épidémies aux Canaries et aux Amériques. Un sujet d’actualité car l’archipel se trouvant sur la route des Amériques, les pathologies infectieuses prenaient le bateau, comme elles voyagent aujourd’hui par avion.

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