Mieles de abeja de Canarias

L’archipel des Canaries ne produit pas que du miel de palma, mais aussi d’excellents miels d’abeille.

« Se vende miel », un panneau annonçant la vente de miel très courant en Espagne, comme celui-ci vu à Villaute dans la province de Burgos. Foto: MottaW / Wikimedia Commons / CC-BY-SA 4.0int

(Jean-Marc Claus) – Lors d’un premier séjour aux Canaries, le « miel de palma » dont l’île de La Gomera est une grande productrice, peut, par son nom ainsi que sa couleur et sa texture, créer la confusion. Une méprise vite dissipée, une fois passée l’épreuve de l’analyse organoleptique. Si l’on souhaite se procurer du miel, il convient de demander du « miel de abeja », soit du miel d’abeille. Un produit local dont l’archipel est aussi riche, notamment les îles de Tenerife, La Palma et Gran Canaria.

C’est sur cette dernière que l’on trouve un miel biologique qualifié comme l’un des meilleurs du monde : La Abeja del Guanche. Produit par des ruches installées à une altitude moyenne de 1.200 mètres sur une île dont le sommet (Pico de las Nieves) culmine à 1.949 mètres, il est issu depuis 2010, de procédés biologiques et a été labellisé en 2012. Un travail de qualité primé chaque année depuis 2013, tant au niveau local que régional et international.

La grande variété d’espèces florales présentes sur l’île de La Palma, partiellement sinistrée par l’éruption de La Cumbre Vieja en 2021, permet une production tant de miel côtier (miel de costa) que de miel montagnard (miel de monte). Au nombre des miels monofloraux, on y trouve « la miel nonofloral de aguacante » produit par des abeilles butinant les fleurs d’avocatiers.

L’abeille noire, présente dans l’archipel canarien depuis plus de 200.000 ans, est une grande productrice de miel, comme l’explique un apiculteur interviewé par Maria Herrera pour Televisión Canaria. A Gran Canaria, où la richesse florale est composée de 1.281 espèces et 82 sous-espèces dont 95 endémiques de l’île, cette abeille produit une variété exceptionnelle de miels, dont certains sont uniques au monde. Les « mieles de costa » produits à moins de 600 mètres d’altitude, comptent parmi eux celui de mesembryamthemum crystallinum, plante succulente nommée vulgairement gros pourpier et se développant dans un environnement moyennement salin. Cette plante, autrefois utilisée pour ses vertus diurétiques et anti-inflammatoires, est à l’origine d’un miel blanc-jaune au goût de caramel.

Dans les « mieles de monte », on distingue les « mieles de  medianías » (miel de moyenne montagne) produits entre 600 et 1.000 mètres d’altitude, des « mieles de cumbre » (miel de sommet) produits au-delà de 1.000 mètres. Dans les premiers, celui aux couleurs ambrées, issu de la psoralée bitumeuse (bituminaria bituminosa) appelée « tedera », a une étonnante saveur de noix de coco. Pour les seconds, ce sont principalement des miels multifloraux de genêt, d’eucalyptus ou de châtaignier qui prévalent.

A Gran Canaria, près de 12.000 ruches sont exploitées par un peu plus de 300 apiculteurs, pour une production annuelle d’environ 90.000 kilos de miel. Ceci représente 30% du miel consommé localement, d’où une importante importation et pour le « Cabildo Insular » (gouvernement local), l’impérieuse nécessité de garantir la qualité de la production locale et le respect des bonnes pratiques, notamment via un concours annuel différenciant producteurs professionnels et amateurs. Voilà aussi la raison pour laquelle déguster du « miel de abeja » produit dans l’archipel, nécessite de s’y rendre, même s’il est possible d’en acheter par internet, car l’offre disponible en ligne ne reflète pas la richesse des productions locales.

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