Payoyo sans Covid-19
Petit village andalou connu pour sa production du célèbre fromage Payoyo, Villaluenga del Rosario est maintenant libre de Covid-19 !
(Jean-Marc Claus) – C’est en 1996, au Sud de l’Espagne, qu’au sein d’une petite commune de moins de cinq cent habitants juchée à 858 m d’altitude dans la Sierra de Cádiz, une famille déposa le brevet du « Queso Payoyo » (Fromage Payoyo), qui rendit Villaluenga del Rosario célèbre dans le monde de la gastronomie.
Exporté aujourd‘hui au Royaume-Uni, en Italie, en Belgique, en Suède, aux USA et même jusqu’au Japon, ce fromage associant laits de chèvre et de brebis, a depuis sa création gagné de multiples et prestigieuses récompenses, tant nationales qu’internationales. Mais depuis peu, ce village montagnard a une autre spécialité. Un peu comme El Madroño resté libre de Covid-19, Villanueva del Rosario est maintenant libéré de la Covid-19.
Une nouvelle pour le moins réjouissante, quand la troisième vague de la pandémie touche cruellement la Péninsule Ibérique. Le quotidien « La Voz de Cádiz » s’est empressé d’en rendre compte fin janvier, et l’information a été diffusée début février à l’ensemble du pays par « España Directo », la très suivie émission de la TVE.
Sur les 455 habitants du village, 16 ont été touchés lors de la seconde vague, mais maintenant, alors que la province dépasse une moyenne de 9 cas pour 1.000 habitants, le taux d’incidence est ici tombé à zéro. La population, composée à 60% de personnes âgées de plus de 65 ans, a parfaitement saisi les enjeux de la crise sanitaire, et donc applique les recommandations des autorités.
Il n’y a pas à de place à Villaluenga del Rosario pour les « querdenker » qu’on pourrait nommer ici « pensadores laterales ». Les gens vivent ensemble, en faisant très attention à eux-mêmes et aux autres, bien conscients que cette période est transitoire. Certains conscients de leur fragilité, se sont auto-confinés dès la seconde vague, en attendant la vaccination.
Ces montagnards, dont une partie se consacre à l’élevage et une autre à la fabrication du fromage qui a fait le renom du village, savent très bien que la prospérité locale soutenue en partie par le tourisme, pâtit de la crise, mais ils l’acceptent, car la santé de tous passe avant l’économie.
Pourtant tout ne s’est pas arrêté, le restaurant « Mesón Taurino » à Villaluenga a rouvert ses portes le 24 décembre, assurant un service exclusivement à table, et non au bar pour d’évidentes raisons de sécurité. Idem pour l’hôtel « La Posada », dont le seul service assuré est celui de la cafétéria. Le boulanger, quant à lui, a ajouté un rayon épicerie à son magasin.
L’école a été maintenue ouverte, mais les classes ne se mélangent pas. Les salles de classes sont quotidiennement désinfectées. Il en va de même pour les lieux publics, comme à El Madroño, 200 km au Nord-Ouest.
En somme, si l’on cherche à identifier le fil conducteur de cette démarche, il se résume à la solidarité villageoise qui a fait de ce « pueblo » andalou, un endroit tranquille ne donnant pas de grands soucis à son seul policier municipal.
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