La « Génération What ? » ne croit plus en grande chose

L’étude de l’Institut Sinus sur la jeunesse allemande révèle une crise de confiance chez les jeunes. 160000 jeunes avaient participé à cette étude qui donne des résultats surprenants.

La jeunesse allemande ne se retrouve pas dans des systèmes du 20e siècle. Foto: www.sinus-institut.de

(KL) – Un pour-cent. Un pauvre, petit pour-cent des jeunes Allemands fait confiance au monde politique. L’étude sur la jeunesse allemande menée par l’Institut Sinus montre que les jeunes Allemands décrochent de plus de la vie institutionnalisée. 160000 jeunes entre 18 et 34 ans avaient participé à cette étude et les résultats devraient donner à réfléchir aux responsables de quasiment toutes les institutions – des partis politiques jusqu’aux églises.

Est-ce que cette « Génération What » a décroché de la vie publique ? Est-ce que la jeunesse ne s’intéresse plus à rien ? On pourrait avoir cette impression en regardant les résultats de cette étude qui sont dévastateurs pour toutes les institutions.

La méfiance des jeunes concerne donc la politique (1% a une « confiance absolue » dans la politique, 71% « aucune ou peu de confiance), l’Europe (5% ont une « confiance absolue » en les institutions européennes, pourtant, seulement 11% des jeunes voudraient que l’Allemagne quitte l’Europe), les églises (83% ne font pas ou peu confiance aux différentes églises) et les médias (65% ne font pas confiance en les médias). A regarder ces chiffres, on pourrait penser que cette « Génération What » mériterait plutôt l’appellation « Génération m’en fous » – et c’est faux.

Malgré ces chiffres, les jeunes s’intéressent à la politique et à la société, ce que l’on constate en regardant les chiffres de plus près. Ainsi, 77% considèrent que l’immigration constitue une opportunité pour l’Allemagne, malgré les attentats ; 75% regardent la montée du nationalisme en Europe avec une certaine crainte ; seulement 25% seraient favorables à ce que les Allemands aient droit à un traitement préférentiel sur le marché de l’emploi ; 3% voudraient fermer les frontières allemandes. La jeunesse allemande réfléchit donc sur les sujets de l’actualité politique, sans pour autant trouver des réponses ou des perspectives qui lui parlent.

Ces chiffres devraient interpeller l’ensemble des institutions publiques. Si les deux seules institutions qui bénéficient encore de la confiance des jeunes sont la Justice et la Police, les autres institutions, partis, églises et même ONGs devront se réinventer si elles veulent espérer reconquérir la confiance et plus tard, l’adhésion des jeunes. Avec la Révolution Technologique, le monde se trouve en pleine mutation et le clivage entre des institutions qui s’agrippent aux systèmes du 20e siècle et une jeunesse ayant grandi dans les réseaux sociaux et dans un monde globalisé, ne cesse de se creuser.

Le monde politique, avec une approbation d’un pauvre petit pour-cent, arrive en fin de cycle. Opérant en totale déconnexion de la jeunesse, la politique se doit de créer de nouveaux formats permettant aux jeunes de s’y retrouver. La participation de jeunes qui comprennent le fonctionnement du monde d’aujourd’hui, est d’une importance majeure. Lorsque l’on regarde l’âge des candidats aux postes à responsabilité, que ce soit en Allemagne, en France ou ailleurs, on constate que nos dirigeants sont bien loin de ce monde numérique.

S’il est positif que le nouveau nationalisme soit rejeté par les trois quarts des jeunes, s’il est positif que cette jeunesse soit, dans sa grande majorité, résolument pro-européenne, s’il est positif que cette jeunesse soit solidaire, il reste le constat qu’elle évolue dans un cadre poussiéreux et des systèmes anachroniques. Pourtant, cette jeunesse, intelligente et polyglotte, ne demande pas mieux que de pouvoir participer et contribuer à la construction d’une société nouvelle et plus en phase avec les réalités du 21e siècle.

Ou, en réponse aux vieux qui se demandent pourquoi la jeunesse ne s’engage pas davantage : les jeunes ne s’engagent pas davantage parce que les vieux sont trop attachés aux systèmes qu’ils connaissent et qui les rassurent. Il est temps que ceux pour qui le monde tourne trop vite, se retirent et laissent leur place à plus jeunes qu’eux. Tout le monde en profiterait.

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