La Police et les médias : la frontière de la transparence

Actuellement, les polices européennes mènent une large opération. Jusqu’au 26 octobre, 18000 policiers font la chasse aux immigrés clandestins dans le cadre de «Mos Maiorum».

Dans ce train, Eurojournalist(e) voulait faire un reportage. Ce qui est autorisé à d'autres médias, a été refusé à nous. Transparence... Foto: KL

(KL) – Lorsqu’il s’agit de médias transfrontaliers franco-allemands, la transparence de la police allemande arrive à ses limites. Ainsi, le magazine franco-allemand «Paris-Berlin» avait demandé de pouvoir faire un reportage dans le TGV entre Sarrebruck et Paris, liaison réputée pour être empruntée souvent pour des passages illégaux de la frontière. Eurojournalist(e) avait fait la même demande auprès de la police à Offenburg, pour accompagner une équipe de policiers dans le train Offenburg – Strasbourg. Quelques jours après que le rejet de notre demande nous avait été signifié, prétextant que la police allemande était parfaitement disposée à nous donner cette autorisation (mais, selon la police d’Offenburg, «les collègues français refusait d’accorder une telle autorisation»), un journal local publiait – un reportage sur les contrôles effectués dans ce train.

Etonnant – dans ce reportage, le lecteur apprend des choses très importantes comme le fait que le porte-parole de la police est un grand gaillard qui court si bien que les malfrats n’ont peu de chances à lui échapper en courant (on y apprend même le record au marathon du bonhomme – 2h49 !), et on peut se poser la question si la condition pour obtenir cette autorisation était d’en faire un «personality show» pour le communiquant en chef des forces de l’ordre à Offenburg.

En vue de cette parution, on peut même se poser la question si la déclaration selon laquelle l’autorisation pour ce reportage avait réellement été refusée par la police française ou s’il s’agit uniquement d’un prétexte utilisé par la police allemande. Toujours est-il que cette pratique n’est pas vraiment la preuve d’une transparence de la part de la police allemande. Précisons que la police n’a pas souhaité répondre à nos questions concernant la parution de l’article dans la presse locale et le refus pour le même reportage chez nous. Comme quoi, la transparence a ses limites…

Pourtant, ce reportage, nous voulions vraiment le faire. D’une part pour comprendre ce qui se passe dans ce train où la police arrête régulièrement des réfugiés qui tentent de gagner l’Allemagne par ce petit train local, d’autre part, pour voir pourquoi les statistiques de criminalité placent la région en tète dans le Land du Bade-Wurtemberg.

Cette semaine, nous avions publié un article sur le comportement tout à fait correct des agents qui effectuent les contrôles dans ce train. Et nous maintenons notre position. Les policiers sur le terrain sont bien formés, corrects, polis et le reproche de «contrôles racistes» ne tient pas la route. Par contre, en ce qui concerne la transparence et la communication, on peut mieux faire. Par exemple en cessant de distinguer entre médias considérés comme «fiables» et médias réputés comme un peu plus critiques.

Communiquer avec des médias sélectionnés, cela revient à couper d’autres médias des informations demandées. Et nous, dans les pays occidentaux, nous osons donner des leçons en ce qui concerne la démocratie et la liberté de la presse à d’autres pays ?

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