La rentrée dans l’économie régionale

Les grands groupes débauchent, les PMEs embauchent !

Alain Howiller détaille l'état de l'économie alsacienne et ses perspectives à la rentrée. Foto: Claude Truong-Ngoc / Wikimedia Commons / CC-BY-SA 3.0

(Par Alain Howiller) – La chose est suffisamment rare pour qu’on la souligne : en cette rentrée 2016, les experts sont d’accord pour estimer qu’en Alsace et même plus généralement dans le « Grand Est » la situation économique s’est améliorée. Un jugement intéressant même si ce constat tarde à se traduire dans une régression sensible du chômage : ce dernier, en effet, avait marqué un nouveau progrès au début de l’été, après s’être inscrit, précédemment, en repli durant trois mois  consécutifs.

Dans sa dernière enquête de conjoncture la Direction Régionale de la Banque de France(1) analyse la situation dans le « Grand Est » et constate : « La production et les livraisons s’affichent en léger progrès dans l’industrie. La demande se redresse compensant un mois de Juillet décevant dans certains secteurs, ce qui permet de regarnir quelque peu les carnets. Ce contexte conforte les perspectives de hausse de la production dans les prochaines semaines. L’activité et la demande se stabilisent dans les services. Les chefs d’entreprise anticipent néanmoins une accélération de l’activité en Septembre.

Une très légère embellie ! – De son côté, le « Baromètre de la Conjoncture » établi par la Chambre de Commerce et d’Industrie d’Alsace (CCI-Alsace) souligne après avoir relevé les difficultés auxquelles les entreprises alsaciennes ont du faire face au premier semestre 2016 : « Les évolutions constatées sur le dernier semestre n’entachent pas le moral des chefs d’entreprise alsaciens qui prévoient une amélioration globale des indices pour les six prochains mois. Ces derniers redeviendraient alors tous positifs, à l’exception cependant des investissements, pour lesquels les dirigeants sont plus prudents… »

Bref, comme l’avait relevé, ici même, Olivier Klotz, Président du MEDEF-Alsace : « Oui il y a une très légère embellie », mais prudent, il avait ajouté : « mais si vous voulez de l’optimisme, il faut aller voir en Allemagne. » (eurojournalist.eu du 7 Septembre)

Malgré cette réserve largement encouragée par l’éternelle comparaison avec la situation régnant Outre-Rhin, les perspectives ouvertes à ce deuxième semestre 2016 sont relativement optimistes, en particulier pour les Petites et Moyennes entreprises qui semblent mieux tirer leur épingle du jeu (notamment sur le plan des créations d’emplois) que les « grandes structures qui mènent souvent à bien de…. douloureuses restructurations ! »

Une reprise des investissements ? -Les précisions apportées par le « Baromètre » des CCI sont instructif dans cette approche de la conjoncture de rentrée. Tout d’abord l’étude insiste sur le fait qu’en Alsace, les chefs d’entreprise sont optimistes quant à l’évolution de la rentabilité qui, selon eux, devrait s’améliorer : il en irait de même avec la situation des trésoreries. Du coup les investissements devraient « progresser dans l’industrie, la construction (toujours fragile : note de la rédaction, ndlr) et les services, tandis qu’ils devraient diminuer dans le commerce. »

La reprise des investissements devrait toucher les entreprises de moins de 50 emplois, mais aussi les grandes structures (ce qui n’est pas -ndlr- incompatible avec les opérations de restructuration évoquées plus haut !) « Très optimistes pour les six prochains mois », relève la note de conjoncture, « les chefs d’entreprise tablent sur une nouvelle vague de croissance touchant tous les secteurs d’activité, l’industrie largement en tête… Les indices prévisionnels (sur l’état des commandes) indiquent une augmentation pour toutes les structures, plus importante toutefois pour les petites entreprises. »

Prudence sur l’emploi !… – Reste que l’analyse aborde la création d’emplois avec une grande prudence. Pour la Banque de France, les chefs d’entreprise du secteur industriel envisagent une poursuite de la hausse de la production au cours des prochaines semaines, celle-ci devant demeurer toutefois sans effet sur le niveau des effectifs. « Selon les prévisions des chefs d’entreprise », note le baromètre de conjoncture des CCI, « les indices prévisionnels en termes d’effectifs suivent des tendances diverses selon la taille de la structure : une augmentation pour les petites entreprises, une stabilité pour celles de 10 à 49 salariés et, enfin, une baisse importante sur les grandes structures. » Les créations d’emplois souffrent en Alsace comme sur le plan national des destructions d’emplois : les premières peinent  à compenser les secondes, d’autant que les créations concernent assez largement le tertiaire qui peut difficilement rivaliser avec l’emploi industriel !

Dans son analyse de la conjoncture dans le « Grand Est », la Banque de France confirme en quelque sorte : elle relève que dans l’industrie la « production devrait s’inscrire dans une tendance haussière », tandis que les « effectifs sont ajustés à la baisse par un moindre recours aux intérimaires. » Le constat prend toute sa valeur lorsqu’on prend en compte le fait que le « Grand Est » est la deuxième région industrielle de France et qu’elle représente 10% des effectifs industriels français !

L’impact d’un climat électoral délétère ! – Si à la fin de l’été la morosité l’emportait encore, on ne peut que se réjouir de l’embellie que les perspectives automnales semblent apporter aujourd’hui et, au niveau national, la Banque de France estime toujours que la croissance française continuera, malgré une pause au deuxième trimestre de cette année 2016, sur un rythme de 0,3% au troisième trimestre. Du reste, les prévisions 2016 des conjoncturistes sont relativement proches : une croissance de 1,5% sur l’ensemble de l’année pour le gouvernement, de 1,4% pour l’INSEE et 1,1% pour la Banque de France.

Mais quelle incidence auront sur ces prévisions, les incertitudes sur la croissance européenne et le délitement paralysant de l’Union Européenne, version Bratislava ?… Quel impact aura le climat délétère qui commence déjà  à empoisonner l’atmosphère des campagnes électorales qui s’annoncent en France, mais aussi en Allemagne ?

(1) – Pour la première fois, la note établie par la Direction de Strasbourg de la Banque de France s’inscrit dans le cadre de la réforme territoriale mise en place au premier janvier dernier : elle porte sur le « Grand Est » et non plus seulement sur l’Alsace.

Kommentar hinterlassen

E-Mail Adresse wird nicht veröffentlicht.

*



Copyright © Eurojournaliste