Le « cas Assange » ira devant la Cour Suprême britannique

Une lueur d'espoir dans le « cas Assange » ? La High Court à Londres vient de décider que le dossier de l'extradition du lanceur d'alerte australien sera jugé définitivement par la Cour Suprême.

Julian Asssange avant 2006. Après 11 ans de détention, il a totalement changé de physionomie... Foto: Julian Assange & Martina Haris / Wikimedia Commons / PD

(KL) – Les avocats de Julian Assange avaient fait appel à la décision de la justice britannique d’extrader le lanceur d’alerte australien vers les Etats-Unis où 175 ans de prison attendent celui qui avait informé le monde sur les crimes de guerre américains commis en Irak et en Afghanistan. Assange, détenu depuis 3 ans dans la prison de haute sécurité de Belmarsh près de Londres, après avoir été enfermé à l’ambassade de l’Équateur dans la capitale britannique, ne représente pas uniquement le cas de « WikiLeaks », mais celui de la liberté de la presse en général. Le silence européen face à ce scandale est étourdissant.

Les Etats-Unis se comportent dans le dossier Assange comme un bande de malfaiteurs. Pendant le procès, il s’est avéré que les Américains avaient déjà préparé des plans pour enlever Assange à Londres ou carrément, de l’y assassiner. Comment est-ce qu’un tribunal européen (après tout, la Grande Bretagne fait géographiquement et culturellement toujours partie de l’Europe) peut considérer d’extrader une personne comme Julian Assange dans un pays dont il est prouvé qu’il prépare des plans pour l’assassiner ?

Le dossier Assange passe donc maintenant à la Cour Suprême qui devra trancher définitivement. Comprendre : les différentes instances juridiques britanniques se passe la patate chaude, car il est évident qu’une extradition d’Assange entre les mains de ses bourreaux suscitera de très vives réactions dans le monde entier. La Grande Bretagne qui, après son Brexit, a besoin d’amis, ferait d’un coup partie des « vilain states », de ces pays infréquentables.

Pour les Britanniques, il s’agit d’un choix cornélien. Si, au début, les Britanniques avaient l’intention d’utiliser Assange comme « monnaie d’échange » pour un nouveau traité sur les libres échanges avec les Etats-Unis, doivent se rendre compte que ce dossier est suivi dans le monde entier. Sauf par la politique européenne. En Europe, on préfère s’auto-congratuler pour différentes nouvelles lois sur la « protection des lanceurs d’alerte », mais visiblement, ces lois ne visent que des lanceurs d’alerte qui ne dévoilent rien de trop grave pour les pouvoirs en place. Concernant Assange, on attend toujours un geste fort des institutions européennes, l’annonce de sanctions frappant la Grande Bretagne et les USA en cas d’une extradition, mais – l’Europe préfère regarder ailleurs, pour ne surtout pas froisser les Etats-Unis, comme si les USA de Trump/Biden pourraient encore être considérés comme nos « amis ».

Si le passage du dossier à la Cour Suprême donne une lueur d’espoir, il ne faut pas oublier que pendant la durée de toute la procédure, Julian Assange est incarcéré comme un terroriste dans une prison de haute sécurité où il subit un traitement que l’ONU a qualifié de « torture ». Julian Assange est dans un état physique et psychologique critique et il risque de mourir en prison avant même que les décisions finales ne soient prises. Les pays européens, toujours rapides lorsqu’il s’agit d’imposer (à juste titre) des sanctions aux pays de l’Est, devraient faire pareil vis-à-vis de la Grande Bretagne et les USA, si jamais cette extradition devrait intervenir. Ces deux pays ne sont pas seulement en train d’assassiner un lanceur d’alerte, mais toute la liberté de la presse avec.

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