Le «Centre de recherche en biomédicine» de Strasbourg

Le nouveau pas du pôle médical de pointe sur le Rhin. Avec un rayonnement à l’échelle mondiale.

Le nouveau "Centre de recherche en Biomédicine" confortera la place de Strasbourg à la tête du développement mondial. Foto: G6 / DeA

(Par Alain Howiller) – Il aura fallu une bonne dizaine d’années, une volonté sans failles pour dépasser les doutes et les hésitations et un budget d’un peu plus de… 37 millions d’euros pour que le projet sorte enfin de terre et permette à l’Eurometropole Strasbourg de franchir une nouvelle étape dans sa volonté de s’affirmer dans la région du Rhin Supérieur comme un pôle et une vitrine des technologies médicales les plus avancées dont la capitale alsacienne a voulu faire, dès 2009 et sa «feuille de route Strasbourg ECO-2020», un axe de développement économique et scientifique.

La pose de la première pierre du futur «Centre de Recherche en Biomédecine de Strasbourg» constitue un nouveau pas dans la concrétisation de cette ambition légitime. C’est en présence de tous les «parrains-partenaires»(1) du «centre», qui doit ouvrir ses portes en 2017, qu’eut lieu la cérémonie de pose de la première pierre d’un bâtiment de cinq niveaux (plus une «animalerie» et des locaux techniques en sous-sol) dédié au triptyque recherche, formation et soins cliniques en biomédecine.

Recherche, formation et soins : un «triptyque» gagnant ! – Plus de 250 chercheurs et praticiens travailleront dans cet ensemble ultramoderne (y compris dans l’architecture) qui vient s’intégrer dans un «Campus des Technologies médicales» d’une trentaine de hectares, à la périphérie immédiate du cœur de la ville, dans l’enceinte historique des Hospices Civils. C’est ici que se sont regroupés, sur un même périmètre, la plupart des acteurs (privés et publics) et des métiers propres, au delà des soins prodigués, à favoriser le développement rapide et la mise sur le marché de dispositifs, d’instruments ou de produits médicaux innovants. Le «campus» allie centre hospitalier, laboratoires publics et privés de recherche de pointe dont des géants mondiaux (Coviden, Siemens-Healthcare, GE, Karl Storz, Surgical, un spécialiste américain de robots chirurgicaux, Dräger Medical), «start-ups», établissements de formation dignes d’une cité qui -elle est seule dans ce cas en France- compte trois «titulaires de Prix Nobel» en exercice !(2)

En Décembre, peu avant Noël, la pose de la première pierre (une autre !) du futur «Institut Hospitalo Universitaire» (I.H.U.) de Strasbourg constitue un autre exemple positif qui mérite d’être rappelé (voir eurojournalist.eu du 17 Décembre) ici, d’autant que l’ouverture du chantier de l’I.H.U. suivait de près les débuts de la construction, à deux pas du Pont de l’Europe, de «Rhena», le pôle médical privé né de la fusion de trois cliniques strasbourgeoises (voir eurojournalist.eu du 8 Octobre) et accompagnait, en quelque sorte, le chantier de «EASE» (European Aseptic and Sterile Environment Training Center). L’EASE doit ouvrir ses portes sur le campus universitaire d’Illkirch-Graffenstaden. Il s’agit d’une «usine-école» dédiée à la formation aux métiers de la production en salles propres (dites «salles blanches»). Ce dernier chantier est né de la coopération entre l’Université de Strasbourg et le pôle de compétitivité Bio-Valley, une structure régionale de 128 membres spécialisée dans l’appui économique, pilotée par des industriels de la santé pour des industriels de la santé, également présente dans l’I.H.U.

Médecine, technologies et «starts ups» gagnantes ! – Le «Centre de Recherche en biomédecine», tout comme l’I.H.U., est construit à proximité des bâtiments de la Faculté de Médecine de ceux du «Nouvel Hôpital Civil» (NHCS, inauguré en 2008 seulement, de «l’Institut de Recherche contre les cancers de l’appareil digestifs (IRCAD)», créé en 1994 par le professeur Jacques Marescaux, également initiateur du «Bio-Cluster des Haras» qui accueille, depuis janvier 2014, des starts up innovantes dans le domaine médico-chirurgical. Ircad, Bio-Cluster et I.H.U. collaborent pour créer puis transférer les technologies innovantes (chirurgie mini-invasive, téléchirurgie) développées : 4.500 chirurgiens du monde entier sont venus se former en 2014 sur place (par le European Institut of TeleSurgery) ou par internet (grâce à WebSurg), à moins qu’ils ne se forment dans les deux «filiales» : «Ircad Asia» (à Taïwan) ou «Ircad Brazil» (à Barretos).

A ces éléments, il convient d’ajouter un Institut dédié aux dispositifs Médicaux Implantables (Materials Institut Carnot Alsace) et, au delà du Bio-Cluster et de l’EASE, les sites d’accueil d’entreprises de recherche et développement, la modernisation du «Centre Paul Strauss» (traitement du cancer), l’ouverture fin 2017 (plus de 30 millions d’investissement) d’un «Institut Régional du Cancer-IRC», né de la collaboration entre Paul Strauss et le Centre Hospitalo Universitaire (CHU).

La «méthode de Strasbourg» – Cette approche non exhaustive (les investissements dans le privé -hors Rhena- ne sont pas pris en compte ici) permet de situer le «Centre de Recherche en Biomédecine» dans son environnement. Son activité tournera autour de quatre axes thématiques : les biomatériaux, les «infections-inflammations», les neurosciences et la génétique médicale. Dans le cadre de la mise en œuvre de ce dernier axe, «l’Institut de Génétique Médicale d’Alsace» occupera un espace destiné à la prise en charge de patients atteints de maladies génétiques rares, symbolisant ainsi le lien entre recherche et soins.

Le nouveau centre de recherche est finalement symbolique de la méthode qui réussit en Alsace, à Strasbourg en particulier, à chaque fois qu’on l’applique, au delà des clivages, toutes autorités, instances et institutions confondus. «La stratégie de co-construction des projets et surtout l’union sacrée de tous les protagonistes a favorisé une cascade de réussites… où l’Université de Strasbourg et ses partenaires publics et privés ont empilé les succès».(3) La pose de la première pierre du «Centre de Recherche en Biomédecine» et les quelques réalisations citées ici sont la preuve que la «méthode de Strasbourg»… eh bien, ça marche !

(1) Les partenaires : L’Etat (Ministère de l’Education Nationale, de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche, Ministère des Affaires Sociales, de la Santé et des Droits de la Femme), la Région Alsace, le Département du Bas-Rhin, l’Eurometropole Strasbourg, l’Institut National de la Santé et de la Recherche Médicale (INSERM), les Hôpitaux Universitaires et l’Université de Strasbourg.

(2) Il s’agit de Jean Marie Lehn, Jules Hoffmann et Martin Karplus pour les «Nobel». On peut ajouter le nom de Thomas Ebbesen qui a reçu, en 2014, le «Prix Kavli», l’équivalent d’un «Nobel» en nanosciences.

(3) Extrait de «L’Eurometropole Strasbourg, l’audacieuse» par Didier Bonnet et Patrick Bogner-(Editions du Signe, 2015, 240 pages, 29 euros).

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