Le MODEF – un autre syndicalisme paysan

Si la Confédération Paysanne est souvent citée comme défenseuse de l’agriculture paysanne, le MODEF plus ancien et aujourd’hui moins connu, se positionne aussi sur cette ligne.

Quand les agriculteurs manifestent, la plupart des médias donne beaucoup trop de place à la FNSEA. Foto: Thomas Bresson / WikimediaCommons / CC-BY 4.0

(Jean-Marc Claus) – La soixantième édition du Salon International de l’Agriculture, se tenant actuellement à Paris depuis le 24 février au 3 mars, au Parc des Expositions de la Porte de Versailles, est à plus forte raison que d’autres années, l’occasion de s’intéresser au syndicalisme agricole. Un syndicalisme ne se limitant pas à la toute puissante FNSEA (Fédération Nationale des Syndicats d’Exploitants Agricoles), qui, créée en 1946 vit après plusieurs tours de scrutin, accéder au poste de président le pétainiste Eugène Forget. Aujourd’hui son treizième président, qui ne fait pas l’unanimité, est en la personne d’Arnaud Rousseau, un businessman de l’agrobusiness.

A côté de ce syndicat tentaculaire, tentent avec plus ou moins de succès, de se faire entendre : la Coordination Rurale créée en 1991 classée droite poujadiste, la Confédération Paysanne altermondialiste née en 1987 et dont José Bové fut un ténor, et le MODEF (Mouvement de Défense des Exploitants Familiaux) créé en 1959 pour rompre avec la FNSEA. Un mouvement qui à ce moment là, de par le nombre important de petits exploitants, fut jusque dans les années 1980, un réel concurrent pour le syndicat majoritaire. Mais la disparition des petites exploitations au profit des toujours plus grandes, eut pour effet une perte conséquente de représentativité du MODEF.

Ne se laissant pas berner par les éléments de langage, inventés par les spin doctors du Palais de l’Elysée et de l’Hôtel de Matignon, grassement payés avec l’argent des contribuables qui n’optimisent pas fiscalement, le MODEF milite pour une agriculture rémunératrice, citoyenne et durable. En clair, l’exact opposé du modèle capitaliste dans lequel il faut payer le moins possible ceux qui créent la richesse, dénier un maximum de leurs droits et faire du profit, quitte à tout détruire localement au motif qu’il reste toujours possible de se réimplanter ailleurs.

Bien que ses fondateurs furent politiquement à gauche, le MODEF n’est pas un syndicat agricole gauchiste, dans le sens où il cultiverait un entre-soi militant bas de plafond aux œillères particulièrement étroites. Ses premiers présidents, issus du Parti Communiste Français (PCF) et de la SFIO (Section Française de l’Internationale Ouvrière) ancêtre du Parti Socialiste, s’opposèrent à ce que la politique européenne privilégie les grosses exploitations, pour le versement des aides à l’agriculture. Une position procédant du simple bon sens, et qui, si elle avait été suivie, donnerait aujourd’hui à l’agriculture de notre pays, un tout autre visage.

Contrairement à la FNSEA qui en revendique l’usage, le MODEF en phase sur ce sujet avec la Confédération Paysanne, s’oppose à l’emploi des néonicotinoïdes (NNI). Plus nuancée, la Coordination Rurale qui est pour le maintien de la dérogation portée par la Macronie en 2020 afin de permettre leur emploi, dit rester dans l’attente de solutions alternatives à ces produits phytosanitaires hautement toxiques. Résolument paysan, dans tout ce que ce métier a de noble, le MODEF se positionne contre le Projet de Loi d’Orientation et d’Avenir Agricoles (PLOAA) pondu récemment par le Gouvernement Attal, notamment au motif que la définition de la souveraineté alimentaire donnée par le Ministère de l’Agriculture et de la Souveraineté Alimentaire, ne va pas dans le sens de celle de Via Campesina. Un organisme international, auquel est affilié le syndicat, et dont nous parlerons dans un prochain article.

Kommentar hinterlassen

E-Mail Adresse wird nicht veröffentlicht.

*



Copyright © Eurojournaliste