Les Allemands en proie à la peur

Une étude de l’Institut GfK pour le compte de la Fondation BAT révèle que les allemands ont peur de l’avenir. Par vraiment de bonne augure avant l’entame de la nouvelle année 2016. Et l’optimisme, alors ?

Actuellement, les allemands ont peur de tout, même du grand méchant élan venu du Grand Nord... Foto: Immanuel Giel / Wikimedia Commons / PD

(KL) – Pour désigner le phénomène, le directeur scientifique de la Fondation BAT, le Professeur Ulrich Reinhardt, a eu recours à une expression anglo-germanique – la «German Angst». Pour le monde anglophone, cette expression désigne un trait de caractère allemand, qui veut qu’on craigne outre-Rhin que l’avenir puisse se présenter moins bien que le présent.

Cette peur exprimée par les Allemands n’est pas un sujet «métaphysique», mais s’attache à des choses tout à fait concrètes. Ainsi, les Allemands sont insécurisés par la peur d’attentats terroristes qu’ils associent également à l’afflux de réfugiés (merci les discours politiques de la droite…), on craint des problèmes économiques (79% des sondés !) et on s’attend à une scission au niveau européen (70%). Toutefois, le Professeur Reinhardt estime que les Allemands ne sont pas les seuls à angoisser – «les résultats des dernières élections en Autriche, en Pologne, en France, en Hongrie, en Suède, en Grande Bretagne, au Danemark ou en Suisse révèlent cette insécurité d’une population qui craint pour sa prospérité, qui a peur de l’afflux d’étrangers et qui met les intérêts nationaux au premier plan».

Ceux qui ont le plus peur, ce sont les 35 à 54 ans – dans cette catégorie, 83% des sondés pensent que les choses vont empirer. Mais les jeunes ne sont pas exempts de cette «German Angst» : en deux ans, le pourcentage des jeunes (14 à 34 ans) qui craignent pour l’avenir est passé de 19% à 42% – donc, dans la catégorie de ceux qui devraient porter l’avenir de la société. Inquiétant.

La tendance est d’une clarté déconcertante – en 2013, sur le résultat global, 28% des Allemands disaient avoir peur de l’avenir, en 2014, ils étaient 31% et en cette année 2015, le chiffre grimpe à 55%. Les populistes auront réussi leur travail de semer la peur pour pouvoir se présenter comme la «solution» aux problèmes dont une bonne partie est plutôt imaginaire. Comme par exemple cette peur de perdre son emploi – dans une Allemagne qui souffre déjà de la pénurie en main d’œuvre qualifiée et qui affiche, par endroit, un taux de chômage proche du plein emploi.

La politique n’a rien non plus pour rassurer les allemands – 87% estiment que les responsables politiques continueront à perdre la confiance de leurs concitoyens – un score dramatique qui doit ressembler à celui qu’on trouve en France et ailleurs.

La peur est mauvaise conseillère en ce qui concerne les décisions pour l’avenir. Si la France a compris cela dimanche dernier, l’Allemagne se trouve devant une année politique marquée par différentes élections régionales, dont celle du Bade-Wurtemberg. On verra si les voisins auront le même réflexe que les français ou s’ils se réfugieront dans les bras de ceux qui ont stimulé cette montée de la «German Angst».

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