Les soldats fantômes

Après la déclaration de guerre, faite par la France à l’Allemagne le 3 septembre 1939, plusieurs milliers de soldats portugais rejoignirent l’armée française, pour combattre les nazis. Un livre leur rend aujourd’hui hommage.

Contrairement à la Première Guerre Mondiale, où le Portugal avait intégré la Triple-Entente, lors de la Seconde, il resta neutre. Foto: WWII historicair / Wikimedia Commons / CC-BY-SA 3.0 migrated
(Jean-Marc Claus) – Le journaliste portugais José Manuel Barata-Feyo, né aux lendemains de la Seconde Guerre Mondiale, n’en est pas à son premier livre. Mais « Os soldados fantasmas » (Les soldats fantômes) publié fin 2023, mérite une mention spéciale, en cette période de montée en puissance de l’extrême-droite au sein de certaines de nos démocraties européennes. Contrairement aux 357 civils portugais qui ont combattu dans la Résistance en France et ont été honorés pour leur engagement, les quelques 10.000 volontaires portugais et d’autres nationalités intégrés à l’armée française, passent étrangement sous les radars. Les archives militaires encore existantes recensent aujourd’hui 905 Portugais engagés dans l’armée, mais d’après d’autres sources, il y en eut bien plus.

Pourquoi ces soldats des trois Régiments de Marche des Volontaires Étrangers (RMVE), sont-ils qualifiés de fantômes par l’auteur, qui, en 2019, avait publié « A sombra dos heróis » (L’ombre des héros) consacré aux Portugais qui avaient rejoint la Résistance en France ? Un élément d’explication pourrait être la volonté de l’armée française défaite en 1940, de ne pas voir tomber aux mains des nazis des documents importants, dont les journaux de marche des RMVE. Pièces effectivement détruites, mais contrairement aux chroniques des opérations et aux plans, les dossiers individuels des soldats qui n’avaient rien de secret, ne les suivaient pas sur le front.

En 1936, le nombre de Portugais vivant en France était de 28.290 et un accord passé entre les deux pays le 30 avril 1940, prévoyait la venue sur le sol français de 30.000 travailleurs. Ce qui, suite à l’invasion allemande, ne se concrétisa jamais. Certains, dans des conditions parfois dramatiques, repartirent au pays, d’autres entrèrent dans la Résistance. Les volontaires issus du Portugal et intégrés à l’armée française, venaient principalement d’Algarve et des provinces au Nord du Tage.

La plupart avaient entre 25 et 40 ans, et certains d’entre eux étaient des exilés espagnols qui avaient combattu les troupes nationalistes de Franco de 1936 à 1939. Par ailleurs, La Nueve (9e Cie du Régiment de Marche du Tchad), qui, avec le 501e RCC (Régiment de Chars de Combat), ouvrit la voie de la Libération de Paris le 24 août 1944, était composée essentiellement de Républicains Espagnols et avait dans ses rangs deux Portugais.

Pour ceux intégrés aux RMVE, José Manuel Barata-Feyo pointe notamment les cas de José de Oliveira, qui s’est engagé à Valence sept jours après la déclaration de guerre de la France à l’Allemagne, et de l’aîné d’entre eux, António da Silva, âgé alors de 53 ans. Dans la préface du livre, Rodrigo de Sousa e Castro, qui a avait participé activement au Comité de Coordination des Mouvements des Capitaines lors de la Révolution des Œillets en 1974, souligne que l’auteur, outre le déroulement des combats, met en lumière les innombrables cas d’héroïsme des volontaires portugais.

Le Portugal, qui lors de la Première Guerre Mondiale avait intégré la Triple-Entente, était resté neutre lors de la Seconde. Dans un article publié par Publico en novembre dernier, où il mêle les destins des volontaires espagnols et portugais, engagés contre le nazisme alors que leurs pays étaient gouvernés par l’extrême-droite, José Manuel Barata-Feyo donne de son ouvrage de recherche, un avant goût, qui incite vraiment à en savoir plus.

 

Gross Map_1939-1941_WWII_historicair_Wikimedia_Commons_CC-BY-SA-30-migrated Kopie

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