Lettre ouverte à mes ami(e)s français

Dimanche prochain, mes ami(e)s français éliront leur président ou présidente. C'est le moment de partager mes craintes avec vous.

Dimanche prochain, mes amis français ont une décision importante à prendre... Foto: 1. Copyleft 2. Foto-AG Gymnasium Melle / Wikimedia Commons / CC-BY-SA 4.0int

(KL) – Chers ami(e)s français, il faut que je vous dise ce que je ressens actuellement. La France, le pays de mon cœur, le pays où je vis et que j’admire, le pays où on parle la plus belle langue du monde, les pays de la Révolution, le pays des Droits de l’Homme, le pays de la culture, de la philosophie, de la gastronomie, de l’amour – je le sens en danger actuellement. Moi, je viens d’un pays qui a porté la guerre, la mort et la misère dans le monde, je viens d’un pays qui a commis les pires des crimes, je viens d’un pays qui a permis à une bande de criminels de s’emparer du pouvoir et de transformer ce pouvoir en un cauchemar qui nous collera à nous, les générations suivantes, à la peau à tout jamais. L’idée que vous, ami(s)s français, puissiez, par désespoir et par inadvertance, commettre l’erreur de vous mettre sur la même voie que mes ancêtres, m’attriste à un point que vous ne pouvez pas vous imaginer.

Vous êtes frustrés par les 10 dernières années sous Sarkozy et Hollande et cette frustration est bien compréhensible. Mais cela ne peut en aucun cas constituer une raison pour donner les clés de votre magnifique pays à des gens qui prônent la haine, l’exclusion et la violence. Dès 1932, les nazis avaient mené une politique qui présente des parallèles surprenants avec le projet politique de la candidate du Front National. Et ces parallèles, chers ami(e)s français, devraient vous interpeller avant que vous n’alliez voter dimanche prochain.

Les nazis avaient joué la carte d’un nationalisme surdimensionné. Suite à la première guerre mondiale, la fierté des Allemands avait pris un coup. Et quand les nazis faisaient appel à cette fierté nationale, les Allemands faisaient « oui » de la tête et avaient l’impression de valoir mieux que les 6 millions de chômeurs, que ce manque de perspectives, que d’être la honte de l’Europe. Et la candidate du Front National ? Elle fait également appel à cette fierté nationale, à ce sentiment « nous valons mieux que ça ». Mais ce n’est pas tout.

Les nazis avaient, pour faire semblant de disposer d’une solution politique aux multiples crises que connaissait l’Allemagne à ce moment-là, désigné une communauté minoritaire comme bouc-émissaire pour tous les maux – les Juifs. Les nazis faisaient croire que les Juifs étaient responsables pour ces crises, canalisant ainsi une haine irrationnelle qui servait comme prétexte pour toutes les horreurs qui allaient suivre. La candidate du Front National a également défini une communauté vivant en France comme bouc-émissaire pour les crises actuelles, les étrangers. Et cette haine est en train de s’installer dans la société française. Il suffit d’écouter les discussions de comptoir – « oui, quand même, avec toute cette racaille… ». Le fait de désigner un coupable pour les crises et angoisses que l’on subit, est rassurant, car il victimise la population qui souffre prétendument à cause des méfaits d’une frange de la population. Le message de nazis était aussi simple que celui de la candidate du Front National – rangez-vous derrière moi et on se défendra ensemble contre ceux qui nous veulent du mal. Face à un danger, ne serait-ce qu’un danger présumé, il convient de faire bloc avec ses pairs. Et le sentiment d’être menacé justifie toutes les mesures – on a vu jusqu’où cela peut aller. Mais ce n’est pas tout.

Les nazis, c’était le parti national-SOCIALISTE. Les systèmes totalitaires doivent être portés par le peuple, le totalitarisme n’est pas un système des élites. Pour mobiliser les masses, il est donc nécessaire d’ajouter une notion sociale à son discours, faire comprendre aux « petits gens » qu’on défend leurs intérêts. Un système totalitaire doit donner l’espoir aux démunis et oubliés d’une société – et c’est aussi ce que fait la candidate du Front National. Elle tente de faire croire aux gens qui ont peur, qui manque de perspectives, qui subissent la précarité, qu’elle dispose des moyens pour changer leur condition. Cet espoir est agréable, comme le rêve d’un gain au loto. On sait que ce gain ne se réalisera probablement jamais, mais qui sait… Mais ce n’est pas tout.

Le 19 octobre 1933, les nazis déclaraient la sortie de l’Allemagne de la Société des Nations, le prédécesseur de l’ONU. Ainsi, les nazis pouvaient se soutraire des règles de la communauté internationale, une mesure à double effet. D’une part, cette sortie constituait une défiance de la communauté internationale, un signal donné aux Allemands que la voix de l’Allemagne comptait à nouveau dans le concert international. En même temps, l’Allemagne ne pouvait plus être obligée à suivre les règles internationales parce qu’elle ne les reconnaissait plus. La candidate du Front National, elle, souhaite sortir la France de l’Union Européenne. Cette mesure promet aux Français le renforcement du sentiment d’une fierté nationale, car le pays ne serait plus soumis au « diktat de Bruxelles » et la France n’aurait plus à se conformer aux traités européens. Pourtant, l’Histoire montre que ce nombrilisme national peut engendrer des catastrophes dont il convient de se souvenir ces jours-ci.

Chers ami(e)s français, cette liste est loin d’être exhaustive. Mais votre belle France, le pays de mon coeur, est en danger. Il est tout simplement inconcevable que ce pays, un pays que le monde entier regarde et envie pour tout son patrimoine, tombe entre les mains de gens qui suivent sur la voie de ceux qui ont déjà porté la mort dans le monde. 55 millions de victimes militaires et civiles de la IIe Guerre Mondiale regardent aujourd’hui la France et demandent à ce que le pays se réveille.

Dans la situation actuelle, on ne peut plus jouer avec le feu. Nous savons tous que le Front National mobilise généralement l’intégralité de son électorat lors des scrutins et c’est pour cela que chaque vote blanc, chaque abstention augmentera les chances de la candidate du Front National de gagner ces élections.

Le candidat Emmanuel Macron, je l’avoue, ne m’a jamais convaincu, mais ce candidat n’est ni extrémiste, ni anti-européen. J’ignore s’il sera un bon ou un mauvais président, mais même dans le pire des cas, il ne causera pas plus de dégâts à la France que ses deux prédécesseurs. La candidate du Front National, elle, constitue un véritable danger. Le monde subit actuellement déjà des Trump, des Assad, des Erdogan, des Orbàn – s’il vous plaît, chers ami(e)s français, ne permettez pas que la candidate du Front National vienne grossir les rangs de ceux qui sont en train de transformer le monde dans un champs de bataille.

C’est une demande très personnelle – allez voter dimanche prochain et faites la seule chose qui puisse empêcher la candidate du Front National de s’approcher du pouvoir : votez pour Emmanuel Macron. Ne vous abstenez pas, ne votez pas blanc, car cela ne profitera qu’à la candidate du Front National. Il ne s’agit pas de culpabiliser ceux qui pensent autrement, mais l’Histoire de mon pays m’oblige à vous demander de tout faire pour que l’Histoire du siècle dernier ne se répète pas.

J’aime la France, j’aime les Français, j’aime la culture et la langue française – faites en sorte à ce que je puisse dire et vivre cela aussi le 8 mai prochain, lors d’une date qui devrait aussi nous rappeler la douleur du totalitarisme.

Merci

Votre

Kai A. Littmann

3 Kommentare zu Lettre ouverte à mes ami(e)s français

  1. J’autorise le commentaire suivant, même s’il contient des éléments qui théoriquement suffisent pour ne pas le publier. Mais je pense que nos lecteurs ont le droit de savoir quel genre d’extrémisme est en train de se faire sa place en France. Et je constate que les commentaires venant de la part des extrémistes qui veulent défendre une France franco-française comportent souvent un tel nombre de fautes que je me demande quelle culture ces gens défendent réellement. Et ce, sans parler de la vulgarité de certains propos… Donc, bonne lecture. Votre rédaction

    “Réflexion pertinente d un lecteur quand à l arrogance et au révisionnisme de cette honteuse publication : “Il estr mignon, le petit Kaï-Kaï, mais il fait comme si son sale pays de m….. avait tourné l page et avait effectivement cessé de persécuter, faire souffrir, torturer et détruires les vies de sous-hommes et sous-femmes car “non-allemands”? Avant de conner des leçons d’hmanisme à deux balles, cette brave personne devrait s’indigner des horreurs commises par SES Jugendamtsn des MAE lancés par SES fonctionnaires. Les Allemands se présentent toujours comme les meilleurs en tout, que ce soit pour liquider des gens de manière indsutrielle puis quelques anénes plus tard, pour cueillir des petites fleurs de champs sous traumatiser leur tige ! Alors, que les Boches cessent de faire chier le monde, et surtout l’Europe, avec leur Euro-Mark, leur immigratiion massive pour compenser leur incapacité à faire de gosses pour faire tourner leurs usines et payer elurs retraites, leur main-mise sur l’industrie, leur austérité financière qui étrangle l’Italie, la Grèce et le Portugal, leur sale habitude de voler les enfants des autres et puis de toujours dire que c’est la faute des autres, et leur fantasme de 4° reich germano-merd’européen, et on pourra causer tranquillement de paix et de réconcliation !”

  2. DE SÀNDHÀSS // 2. Mai 2018 um 23:44 // Antworten

    Lieber Kai Littmann,

    Nehmen Sie es mir nicht übel, aber ich finde dieses “Selbstschuldgefühl” falsch angebracht.Fachismus hat für mich keine Nationalität.

    1) Man kann die deutsche Geschichte nicht auf den Zeitraum zwischen 1933 und 1945 beschränken.
    2) Man kann nicht die französische Geschichte auf den Zeitraum der Französische Revolution beschränken.

    In der Zwischenzeit, gab es in beide Länder ein positives, sowie auch ein negatives Erbe. Faschismus (und für mich gehört die FN dazu) hat keine Nationalität. Faschismus ist die Folge eines “Unwohlseins”, das tief in einer Bevölkerung wurzeln kann.

    Wenn man Fachismus bekämpfen will (und soll), muss man zuerst einmal dieses “Unwohlsein” verstehen und das Volk begleiten können um es von diesem Irrweg abzuhalten.

    Dies ist der vielleicht, zu meiner grössten Verzweiflung, der grösste Fehler, der die PS im Elsas gemacht hat.

    Heute bin ich davon überzeugt, dass es für das Elsass nur noch den Weg der Autonomie gibt, obwohl die Wörter im Elsass viel zu oft unter der Last der Geschichte leiden.

    Liegt aber nicht hier die ganze Last eines deutschen UND französischen Nationalismus ?

    Liegt aber nicht auch hier die ganze Lust eines deutschen UND französischen SEINS für das Elsass in Europa ?

    Isch wensch Eich e scheener Owe !
    De Sàndhàss,
    ein Elsässer
    im Sinn von R. SCHICKELE

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