Mala… suerte ?

La Mala Rodríguez, sera-t-elle la pasionaria d'un éventuel PIGSexit ?

La Mala Rodriguez - rapper pour un nouveau parti anti-européen. Foto: Secretaria de Cultura, Ciudad de Mexico / Wikimedia Commons / CC-BY 2.0

(Jean-Marc Claus) – Plus connue en Espagne sous son nom de scène « La Mala Rodríguez » ou « La Mala » (La Mauvaise) ou encore plus simplement « Mala », la rappeuse andalouse María Rodríguez Garrido s’est récemment épanchée dans La Vangardia. Professant le féminisme radical et se disant écologiste, militant pour l’abolition de la prostitution, elle annonce son intention de fonder un parti politique et son désir de voir les « états PIGS » (Portugal, Italie, Grèce et Espagne) quitter l’Union Européenne. Rien que ça ! Cependant, écarter d’un dédaigneux revers de main les propos de ce personnage haut en couleurs et totalement atypique ne s’avère pas particulièrement judicieux dans une Europe traversée par des courants sécessionnistes les plus variés.

Née il y en 1979 à Jerez de la Fontera (Xérez) d’une mère qui l’a eu à l’âge de 17 ans et qu’elle a vu travailler très dur, María s’est pour ainsi dire faite toute seule. Pas de parrain au sens sicilien du terme, ni de marraine au sens féerique du mot, elle a réussi à percer dès 1998 dans le monde du hip-hop alternatif dominé alors par les d’hommes. Un premier Disque d’Or obtenu en 2000, puis un second en 2003, nominée aux Latin Grammy Award for Best Urban Music Album en 2007 et 2010 puis récompensée en 2013, elle chante des textes qu’elle écrit en pensant à sa grand-mère analphabète qui travaillait dans les champs de coton.

Frisant souvent les limites, ses chansons sont parfois vilipendées, comme par exemple le clip de « La Niña », contant l’histoire d’une dealeuse mineure. Titre censuré par les chaînes de télévision, mais avec lequel elle participa à la création de la BO du jeu vidéo « Scarface : The World Is Yours » en 2006. Auparavant, elle avait en 2002 contribué à la BO de « L’auberge espagnole », réalisée par Cédric Klapisch, en y apportant « La cocinera ».

Mère de 3 enfants, elle tourne le dos aux critiques et s’adresse aux jeunes,  qu’elle exhorte à s’exprimer et à ne pas se comporter comme s’ils avaient cinquante ans (sic). Forcément, elle est entendue par eux, d’où l’importance de ne pas mépriser son discours devenant maintenant plus politique. Prenant le parti des PIGS, tel que les ont nommé dédaigneusement certains observateurs en 2008, elle souhaite la sortie de l’Union Européenne du Portugal, de l’Italie, de la Grèce et de l’Espagne, au motif qu’ils sont exploités et gagneront à devenir indépendants.

Celle qui, pour « Tengo un Trato » compte parmi ses fans un certain Barack Obama, fondera-t-elle un parti politique, là n’est pas seulement la question, car ses idées peuvent se diffuser très largement via la musique sans emprunter les canaux classiques de la démocratie. En revanche, pour se présenter à des échéances électorales, peut-être aux Européennes de 2024, elle devra alors créer un mouvement politique, qu’il soit gazeux façon Mélenchon ou godillot façon Macron. Si dans la lancée de ses actuels propos, elle devenait à l’horizon de ces votations, la pasionaria du PIGSexit, l’Union Européenne aurait à faire face à un risque supplémentaire de fragmentation. Un dossier à garder sous le coude, car la réalisation des ambitions politiques de la chanteuse ne serait pas une chance pour l’Europe, mais une véritable « mala suerte »…

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