Mécontentement ? Rébellion ? Révolution ?

Depuis quelques semaines, les choses se sont mises à changer. Partout en Europe, les citoyens n’acceptent plus une politique cynique, incompétente et corrompue.

Pour l'instant, la révolte contre un système qui ne fonctionne plus, reste encore paisible. Foto: (c) Francis Azevedo / https://www.facebook.com/regardedansmesyeux/

(KL) – C’est le journaliste de France 3 Alsace Bernard Weyl qui a trouvé la bonne formule ce week-end dans l’émission «La Voix est libre» en disant «il y a des plaques tectoniques qui bougent» et ceci est vrai à tous les niveaux. La liste des dysfonctionnements politiques, des drames humanitaires, des clivages sociaux et un rejet généralisé d’un monde politique qui facilite tout cela, commencent à mobiliser, à révolter les citoyens et ce, non seulement en France. Pendant que le monde politique s’agrippe à un mode de fonctionnement anachronique, les citoyens et citoyennes sentent que le changement est pour bientôt. Les modèles de société, partout en Europe, se trouvent à un carrefour – soit, les changements auront lieu dans un consensus sociétal, soit il y aura du sang qui coulera plus tôt ou plus tard.

Ce «mouvement des plaques tectoniques» dont a parlé Bernard Weyl, est dû à la fois à une incompétence extraordinaire du monde politique d’aujourd’hui et aux changements générés par la «Révolution Technologique» dont les conséquences se font ressentir au niveau de la société, mais qui n’ont pas encore trouvées leur traduction dans nos systèmes politiques nationaux et européens qui fonctionnent toujours comme dans les années 50 et 60 du siècle dernier. Aujourd’hui, à l’ère numérique, tout finit par être rendu publique et il suffit de regarder ce qui s’est passé uniquement la semaine dernière au niveau politique pour comprendre la colère des citoyens européens.

Le pouvoir en mode néo-féodal a fait son temps. – Que ce soit au niveau national ou européen, le concept du «pouvoir politique» est toujours exercé de manière néo-féodale, la plupart du temps contre les intérêts des peuples européens, favorisant le grand capital et des intérêts privés et il ne faut pas s’étonner que cette révolte s’installe au niveau des citoyens. Le monde politique ne peut pas continuer à se limiter à un rôle d’agent des intérêts des marchés financiers et industriels, les citoyens et citoyennes réclament une société plus juste, plus humaine, plus participative, plus humaniste et ils ont raison de le faire.

Cette révolte ne se limite pas à des mouvements comme «Nuit debout» qui lui, est l’expression du rejet non seulement d’une loi de travail mal conçue, mais de tout un système de société qui est basé sur l’exclusion, la corruption, l’inégalité. A d’autres niveaux, la révolte et le manque d’orientation se fait également ressentir. Que ce soient les hommes et les femmes politiques qui quittent leurs formations politiques comme des rats un bateau qui coule, pour lancer des «initiatives», «mouvements» ou «partis», que ce soit la prise de position courageuse du Pape François en Grèce, que ce soient les initiatives citoyennes qui voient le jour partout en Europe – les sociétés en Europe se transforment actuellement en «cocottes-minutes» qui risquent d’exploser sous peu.

Pour l’heure, la révolte est paisible. – Ce qui est remarquable, c’est que pour l’instant, cette révolte contre tous ces dysfonctionnements (loi de travail, «Panama», vote sur le secret d’affaires, TTIP, dossier des réfugiés, «Monsanto», guerre en Syrie, etc. etc.) soit généralement paisible. Les citoyens et citoyennes cherchent le débat sur le contenu à tous les niveaux et dans des formats différents. Aucun appel à une quelconque violence n’a été encore relevé et les quelques dérapages auxquels on a assisté ces derniers jours, relèvent soit d’une infime minorité dans ces mouvements, et surtout de la nervosité de l’état face à ce mécontentement qui sonne le glas non seulement de la Ve République, mais également de l’organisation d’autres sociétés en Europe et des institutions européennes.

Mais, comme toujours, la violence frappe déjà à nos portes. Si le pouvoir en place n’arrive pas à se remettre en question, à instaurer ce dialogue et à opérer des changements dignes de ce nom, l’approche paisible risque de se transformer et de diviser cette révolte en une partie «intello» et une partie «violente».

La menace des néo-nationalistes. – Nous sommes arrivés à un point où il ne suffira plus de remplacer des acteurs au sein d’un système qui n’est plus adapté au monde d’aujourd’hui, encore moins dans la mesure où les conflits mondiaux dans lesquels nos pays portent leur part de responsabilité, sont arrivés chez nous. Ce que le monde politique national et européen n’a pas encore compris, c’est que l’heure est venue de changer les bases même du fonctionnement de nos sociétés avant qu’il ne soit trop tard. Car un grand danger guette nos pays et l’Europe dans sa totalité – l’extrémisme politique, incarné déjà par des Front National, AfD, Jobbik, Vlaamse Belang, Aube Dorée et toutes ces formations néo-nationalistes qui voudraient conduire nos pays et l’Europe vers un passé marqué par des guerres et des souffrances.

La participation citoyenne dans le processus politique doit être réalisée maintenant, immédiatement, avant que ce débat sociétal ne se transforme en affrontement. Un peu de «cosmétique» ne suffira plus pour apaiser les esprits qui se révoltent à juste titre et il convient d’instaurer rapidement un dialogue sociétal, non seulement en France, mais partout en Europe. L’alternative est évidente et toujours la même dans toute l’histoire de l’Europe – la violence, la révolution, les têtes coupées. L’Europe a connu cela dans le passé, elle pourra revivre cela à l’avenir. Pour éviter une telle évolution et pour être aussi en mesure de répondre aux menaces qui viennent de l’extérieur, il faut réagir dès maintenant.

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