Micro européen – élections législatives au Portugal

Les élections législatives portugaises voient l’arrivée du parti nationaliste populiste, Chega, dans l’arène politique lusitanienne. Analyse avec la journaliste portugaise Anna Navarro-Pedro.

André Ventura, le chef de "Chega", est l'un des grands gagnants des élections au Portugal. Foto: Duke of Winterfell / Wikimedia Commons / GNU 1.2

(José Manuel Lamarque / France Info) – Direction le Portugal, où les récentes élections ont modifié la donne politique. Les nationalistes ont connu une forte poussée. Les précisions de la journaliste et correspondante portugaise à Paris, Anna Navarro-Pedro qui revient sur le résultat des dernières élections législatives au Portugal, le 10 mars dernier, avec la victoire des conservateurs et l’arrivée des populistes, le parti nationaliste « Chega », qui a fait 18% des voix.

Le résultat des élections législatives au Portugal, la droite est passée aussi, avec le score des nationalistes 18 %. Où se dirige-t-on pour la formation du gouvernement ?

Anna Navarro-Pedro : Le Parti socialiste qui était au pouvoir avec la majorité absolue a perdu tellement de sièges au Parlement, qu’effectivement, ils se considèrent dans l’opposition même si le résultat des votes est vraiment « kifkif », comme on dit en français, mais il y a quelques milliers de voix qui séparent les socialistes, le parti du premier ministre Monsieur Antonio Costa, des conservateurs.

On attend maintenant le résultat du dépouillement des votes des Portugais de l’étranger, qui élisent quand même quatre députés, pour avoir finalement le panorama. Et ensuite les négociations vont commencer. Mais évidemment, pendant toute cette semaine, cela se négocie très fort. Pour l’instant, le Parti socialiste dit : « Nous sommes dans l’opposition, c’est clair et net, même si on a juste deux députés de moins ». En même temps, il y a une idée qui est sur la table, c’est que le Parti socialiste, pour barrer le chemin aux nationalistes qui ont 18% et 48 députés, pourrait former un gouvernement avec la droite qui vient de gagner tout juste les élections.

Cependant, cette idée est rejetée par le dirigeant du Parti socialiste, Antonio Costa. L’idée que le PS pourrait former un gouvernement avec ses rivaux de droite, qui ont gagné ces élections, les conservateurs, pour barrer la route aux partis d’extrême-droite… Eh bien, il y a un argument qui est assez puissant, qui est le suivant, si les deux partis du bipartisme portugais s’unissent dans un gouvernement, s’ils échouent aux yeux des Portugais, il ne reste qu’un seul parti pour gouverner, les nationalistes de « Chega ».

Et donc c’est pour cette raison là, que cette idée d’un gouvernement d’union nationale est en train d’échouer. L’autre idée, est qu’il y ait un bloc d’opposition de gauche au Parlement, au nouveau gouvernement de droite, et évidemment, la grande inconnue c’est : est-ce que la droite parlementaire de l’Alliance démocratique, les conservateurs, vont former un gouvernement avec les nationalistes populistes du parti « Chega », ou non ?

Le président portugais, Marcelo Rebelo de Sousa, lui, c’est un conservateur, donc cette victoire des conservateurs ne va pas lui déplaire, que les conservateurs arrivent au pouvoir…

ANP : On murmure même au Portugal, qu’il a tout fait pour que son camp puisse arriver au pouvoir avant qu’il ne quitte, lui, le pouvoir, puisqu’il en est à son deuxième mandat. Par contre, il s’oppose en public, à l’idée que son camp, que son parti, forme une alliance de gouvernement avec le parti d’extrême-droite « Chega ». Or, le leader de ce parti, Monsieur André Ventura, dit que, en parlant en privé avec le Président de la République, il lui avait laissé entendre qu’il ne serait pas opposé à une idée pareille.

Quant au parti populiste « Chega », que veut dire « Chega » en portugais ?

ANP : « Chega » veut dire « ça suffit »…

Est-ce que, comme le Portugal a connu 50 ans de dictature de Salazar, est-ce que « Chega » est un parti d’obédience ou d’essence Salazariste ?

ANP : Il n’est ni d’obédience, ni d’essence Salazariste, mais il joue avec cette idée-là. Et il y a beaucoup de partisans de Salazar dans ses rangs. Mais ce n’est pas que cela, évidemment, il a joué avec cela, par exemple, il y a deux ans, pour les élections législatives, eh bien, la devise du parti était « Dieu, Patrie, Famille et Travail », les trois premiers, c’était la devise de Salazar, quant au Travail, c’est peut-être un ajout de Pétain, qui sait ?

En tout cas, ce parti nationaliste, 18% quand même, ça fait beaucoup, et 48 députés, surtout dans les régions du sud du Portugal comme l’Algarve par exemple ?

ANP : En Algarve, le parti est arrivé en première place, ce qui est assez étonnant. Mais il a eu des députés élus par chaque département du pays, sauf un, très catholique et très conservateur, au nord à Bragance.

Si jamais le parti nationaliste populiste « Chega » entrait dans le gouvernement, quelles conséquences pour la politique portugaise ? On s’approche aussi des élections européennes, ne l’oublions pas…

ANP : Je pense que le parti « Chega » va envoyer pas mal de députés au Parlement européen et Marine Le Pen en France y compte, et elle est allée plusieurs fois au Portugal apporter son soutien à André Ventura. Les conséquences sont sur la politique même, du gouvernement, puisque c’est un parti ultralibéral en termes d’économie, même si pour ces élections, d’une façon très opportuniste comme à son habitude, « Chega » s’est montré un parti plutôt social, concernant le salaire minimum et les pensions de retraite.

Avez-vous une date concernant le futur gouvernement portugais ?

ANP : Les négociations vont commencer après le dépouillement des électeurs de l’étranger, donc à partir du 21 mars, donc peut-être la semaine prochaine, on commencera à avoir une première idée.

Pour écouter le Micro européen de José Manuel Lamarque, cliquez ICI !

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