Offrez-vous un almanach !

A la veille de la nouvelle année, moment propice aux bonnes résolutions, ne dépassant guère le mois de janvier, revenons peut-être aux almanachs, marquant fidèlement l’écoulement du temps.

Il fut un temps où les almanachs se vendaient dans la rue, comme les billets de loterie. Foto: Unknown author / Wikimedia Commons / PD Italy

(Jean-Marc Claus) – Appelé souvent Calendrier des Postes, l’Almanach du Facteur reste un incontournable du mois de décembre. Contrairement aux autres almanachs, son prix n’est pas défini, car c’est le client qui le fixe, mais il coûte un peu moins de deux euros au facteur qui le propose en fin d’année, tout au long de sa tournée. Dans la grande tradition des almanachs, celui-ci, spécifiquement postal, contient également les éléments didactiques et informatifs habituels.

L’origine de ces publications remonte à l’Antiquité, la plus ancienne connue à ce jour étant « Les Travaux et les Jours », poème d’Hésiode au VIIIe siècle avant notre ère, et contenant entre autres, un calendrier énumérant les travaux agricoles à effectuer tout au long de l’année. Pour ce qui est de l’étymologie du terme, qui serait arabe, copte, hébraïque ou même latine, retenons qu’il est question de marquer l’écoulement du temps.

A la Renaissance, Maistre François Rabelais, docteur en médecine & médecin du grand hospital dudict Lyon, publiait son almanach pour l’an 1535, alors que précédemment sous le pseudonyme anagramme Alcofribas Nasier, paraissait « Pantagruel », premier de ses cinq livres. Mais pour la fonction prédictive des almanachs, le truculent auteur conserva une particulière affection, comme en témoigne sa « Pantagrueline Pronostication » publiée en 1532 et quatre fois remaniée avant sa version définitive de 1542.

Pronostication car, même si François Rabelais en avait fait une savoureuse parodie, les almanachs avaient aussi pour vocation de prévoir notamment la météo et l’incidence du mouvement des planètes sur l’année à venir. Source de connaissance populaire, à compter du XVIIIe siècle, ils furent très largement diffusés dans les campagnes, à une époque où l’on vivait encore au rythme des saisons et des deux grands luminaires.

La liste des almanachs, publiés en langue française au fil du temps, est bien longue et aujourd’hui au nombre des survivants plus ou moins connus, outre celui du Facteur précédemment cité, on compte le « Vermot » à caractère humoristique créé en 1886 et celui du « Grand Messager Boiteux de Strasbourg » bien connu en Alsace-Lorraine et Franche-Comté. Ce dernier, dont l’origine du nom remonte à 1676 où à Bâle paraissait le « Hinckende Bot », fut publié à Strasbourg en 1807 sous le nom « Der Grosse Hinkende Bote » qui ce francisa en 1814.

En Europe, les almanachs ne manquèrent pas, comme en témoigne la photo illustrant cette article et prise en Italie au début du XXe siècle. Au XXIe siècle, avec l’essor de l’internet, ils tombent en désuétude pour qui ne sait voir le monde qu’à travers l’écran de son smartphone. Pourtant, revenir à un document-papier, que l’on découvre et consulte tout au long de l’année, n’est pas si désuet que cela. Cette pratique nous connecte avec la chose écrite, via son support de diffusion à l’origine d’une large part de notre culture, et nous aide à marquer l’écoulement du temps, surtout à une époque où tout s’accélère.

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