Quand les Strasbourgeois ont un… petit vélo dans la tête !…

Alain Howiller se penche sur la question de la mobilité, de l’impact de la mobilité sur l’environnement et sur les perspectives du dossier « mobilités » à Strasbourg.

I want to ride my bicycle, chantait déjà Freddy Mercury des "Queen"... Foto: Kevin.B / Wikimedia Commons / CC-BY-SA 3.0

(Par Alain Howiller) – C’était, hier encore, une sorte de qualificatif entre sympathie navrée et interpellation feutrée. « Il a un petit vélo dans la tête !… », disait-on d’une personne dont l’attitude ne paraissait pas très… cohérente. La même interpellation saluerait aujourd’hui quelqu’un qui a eu l’intelligence de s’emparer d’un outil devenu essentiel dans l’approche des nouvelles mobilités, notamment urbaines.

La Covid-19 a même contribué à créer ce qu’on a baptisé les « coronapistes », ces pistes définitives -parfois provisoires- créées dans la… foulée compensatrice aux restrictions de circulation (notamment automobile) générées par les mesures tendant à encadrer les déplacements(1). En même temps, les villes développent les secteurs piétonniers et les zones avec limitation de vitesse.

Entre déplacements « doux » et « démobilité » ! – Ce qu’on a appelé les « déplacements doux » (dont la… marche !) en ont profité, contribuant du même coup à la lutte contre la pollution particulièrement forte dans les agglomérations. Publiée par « l’Observatoire des mobilités émergentes », créé en 2014 pour étudier l’évolution du comportement des gens en matière de déplacements, une étude souligne que, grâce aux achats en e-commerce, au développement du télétravail et pour faire face aux risques de contamination dans les transports en commun, les Français se déplacent de moins en moins loin : on a même créé à ce propos le terme de « démobilité » !

Pourtant, si pour se rendre à leur travail, les Français utilisent encore en majorité (74%) leur voiture, une part croissante d’entre eux privilégie le vélo et… la marche pour se déplacer, surtout dans les agglomérations. C’est ce que soulignent plusieurs études qui viennent d’être publiées. Une de ces études indique que, au nombre des villes de plus de 150.000 habitants, Strasbourg, suivie de Grenoble, Bordeaux et Lyon, se trouve en tête d’un quarteron de villes où l’utilisation du vélo sur les trajets domicile-travail est la plus développée.

Les transports en commun régressent ! – Par ailleurs, cette étude réalisée par deux cabinets spécialisés (Obsoco et Chronos) pour « l’Observatoire » souligne que les Français prennent moins les transports en commun privilégiant, en agglomération, la marche ou le vélo, pour utiliser la voiture lorsqu’il s’agit d’aller plus loin que 5 kilomètres ! Les réparateurs, fabricants et vendeurs de cycles peuvent être satisfaits de ces constats : mais il n’en va pas de même des responsables des transports par fer (la SNCF a déjà perdu 42% de ses voyageurs en 2020), par bus ou tramway qui ont du souci à se faire !

Globalement, les transports en commun ont subi, l’année dernière, un recul de 10%, tandis que la pratique de la marche (+22%) ou du vélo (+6%) a progressé. La France, où le trafic « vélo » a augmenté de… 50% par rapport à la période d’avant la pandémie, a développé, au mois de Mai, un « plan vélo » qui aide les collectivités à développer les pistes cyclables, qui participe au financement des réparations de cycles et de la formation de mécaniciens réparateurs. Les statistiques soulignent que 3,4 millions de Français ont acheté un vélo l’année dernière, un million d’entre eux ont choisi un « vélo électrique », parfois avec l’aide des collectivités (à Strasbourg par exemple), ce type d’engin représentant un investissement moyen entre 1700 et 1800 euros !

Strasbourg toujours en tête du peloton. – Presque en même temps que l’Observatoire des mobilités émergentes, l’INSEE-Grand Est (2) vient, en quelque sorte, compléter et régionaliser les données essentielles recueillies dans le cadre de la publication nationale. « Près du tiers des actifs occupés du Grand Est (ndlr : soit 32,6%) travaillent à 5 kilomètres au plus de leur domicile… Dans le Grand Est », souligne l’étude, « marche à pied et vélo sont davantage utilisés, tandis que les transports en commun le sont moins !… » Strasbourg est la commune où le vélo est le plus utilisé : un peu plus de 1 Strasbourgeois sur 6 l’utilise pour aller travail. La capitale alsacienne est la 3ème sur 18 communes de plus de 150.000 habitants en France pour l’utilisation des transports en commun.

En 2018 déjà, la « Fédération des Usagers de la Bicyclette (FUB) », réunie en congrès à Lyon, avait pris connaissance des résultats d’une enquête menée auprès de 120.000 personnes. Il en ressortait déjà que Strasbourg était la ville où il était le plus facile de circuler à bicyclette, devant Nantes et (déjà) Bordeaux. Dans la catégorie des villes de moins de 50.000 habitants, Illkirch-Graffenstaden se classait en tête du classement.

Les études convergentes confirment que tant le Grand Est que, particulièrement, Strasbourg, placent depuis longtemps les « déplacements doux » en tête de leur préoccupations. Et s’il s’avère agréable pour les citoyens concernés d’avoir… « un… petit vélo dans la tête », les commentateurs politiques ne manqueront pas de relever que Strasbourg, aussi bien que Bordeaux ou Grenoble, est désormais dirigée par une municipalité à dominante écologiste !

(1) Voir eurojournalist.eu du 10.09.2020.

(2) INSEE-Analyse-Grand Est-N°127 (Janvier 2021).

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