Société : La violence gagne la rue en Allemagne

Le week-end dernier, la ville de Cologne a vécu des affrontements entre des hooligans et la police. Surprise : ces affrontements arrange les affaires de l’Etat Islamique.

Des images comme celle-ci font plaisir au Daesh - cela facilite la radicalisation de jeunes musulmans dans les pays occidentaux. Foto: Geraki / Wikimedia Commons / CC-BY-SA 3.0gr

(KL) – Les conflits mondiaux arrivent dans nos villes. Et c’est exactement ce que l’EI souhaite. En creusant le clivage entre les différentes populations dans les pays occidentaux, il devient de plus en plus facile pour l’EI de radicaliser de jeunes musulmans – les soldats du EI de demain. Et des esprits faibles et agressifs allemands, souvent au moins influencés par des idéologies néo-nazi, font le travail de l’EI.

Le week-end dernier, plus de 4000 personnes ont «manifesté» à Cologne, scandant des slogans comme «si vous n’aimez pas l’Allemagne, quittez là !» ou «pas de place pour les Salafistes». Etrange, dès que la police intervient, les jeunes nationalistes se retournent immédiatement contre les forces de l’ordre. En vue de la violence de ces affrontements, il est surprenant de ne pas encore devoir pleurer des morts. 49 policiers blessés, un mélange détonnant de néo-nazis et de prétendus supporteurs de foot, voilà ce que l’Allemagne a de plus moche à présenter aujourd’hui.

En quoi cela peut arranger les affaires de l’EI ? Simple – en stigmatisant davantage et sans distinction «les musulmans», ces hooligans contribuent au sentiment d’exclusion de jeunes musulmans en Allemagne, souvent nés au pays, et toujours privés de véritables chances et perspectives dans la vie. En marginalisant cette population, ces hooligans favorisent l’émergence d’un véritable vivier pour l’EI – les centaines, milliers de jeunes qui se rendent en Syrie et en Irak pour participer à la sale guerre de l’EI en témoignent.

La semaine dernière, les médias allemands avaient communiqué sur le fait que des rockers allemands se soient rendus en Syrie pour y soutenir le combat des Kurdes contre Daesh, suscitant pas mal de questions. Cette guerre de l’EI devient de plus en plus une «guerre de tourisme» qui attire ceux qui ont du mal à exister autrement. Dans cette guerre, les belligérants font appel à une jeunesse issue de la génération «ego shooter» qui peut maintenant s’amuser à prolonger les batailles sur écran, dans la vie réelle. Souvent, ils se rendent compte trop tard que contrairement à des jeux vidéo, on peut mourir pour de bon dans une telle guerre.

Si on veut contrecarrer les stratégies de l’EI, il est impératif d’éviter ce genre d’affrontement dans nos pays. Il ne faut pas oublier que les crimes atroces commis par l’EI au nom de l’Islam ne concernent en rien les millions de musulmans paisibles qui vivent avec nous. Comme du temps des croisades, lorsque des chevaliers occidentaux ont commis des massacres terribles dans le Moyen Orient, au nom du Christ, mais certainement pas au nom des chrétiens qui bien souvent, n’étaient même pas au courant de ce qui se passait aussi loin.

En radicalisant la jeunesse dans le monde occidental, l’EI sépare tous les jours les communautés dans nos pays. Si les jeunes musulmans sont radicalisés aussi dans nos pays, il faut qu’on se pose la question quant à la condition de vie de ces jeunes. Est-ce que nos programmes d’intégration fonctionnent ? Non. Est-ce qu’un jeune issu de l’immigration a les mêmes chances au niveau de la formation ou dans la vie professionnelle ? Non. Est-ce que nos sociétés sont toujours marquées par une sorte de xénophobie plus ou moins ouverte ? Oui. Le problème se situe là.

Cette évolution augmente d’ailleurs aussi le risque d’attentats sur fond religieux dans les pays occidentaux. Nous assistons actuellement à un phénomène nouveau – les attentats amateurs. Ainsi, l’attentat d’Ottawa, mais aussi des agressions comme en Australie, en Angleterre et ailleurs, où de jeunes musulmans dérangés tentent de commettre des attentats isolés, souvent en suivant leurs idoles du Daesh, à l’arme blanche, créant ainsi un climat de la peur.

Il faut briser ce cercle de la violence, si on ne veut pas permettre à l’EI de porter cette sale guerre aussi dans nos villes et pays. Pour ce faire, il est inconcevable de tolérer des actes de violences de ces hooligans, tout comme on ne doit pas tolérer les appels à la haine et à la violence dans certaines mosquées allemandes. La semence de la violence a été déversée depuis longtemps, maintenant, il est urgent de couper court à cette violence qui s’empare non seulement de nos villes, mais aussi des cœurs de certains.

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