Strasbourg : la statue d’un héros de la liberté communale

O Straßburg…

La nouvelle statue de Liebenzeller à Strasbourg Foto: Marc Chaudeur/ Eurojournalist(e)/

(Marc Chaudeur) – La Suisse a son Wilhelm Tell, l’Ecosse a son Wallace, l’Alsace a son… Euh, non,rien, circulez, circulez… Il s’agit de Strasbourg. Reprenons. Un nombre important de cités, dont Strasbourg, qu’ont précédée beaucoup de villes italiennes, se bat pour saisir sa liberté communale des mains surpuissantes du haut clergé. Nous sommes au 13e siècle. Une histoire un peu oubliée, dans notre capitale européenne. Mais la Fondation de Strasbourg veille : sous l’initiative de Jean-Louis de Valmigère, une statue représentant Liebenzeller, héros de la liberté strasbourgeoise, vient d’être inaugurée.

Reimbold von Liebenzeller est un cas très significatif de la libération des cités qui se débarrassaient e la tutelles du haut clergé, en l’occurrence de l’évêché. Impôts servitudes diverses, en ces temps où le temporel se confondait dans une large mesure avec le spirituel, rendaient la vie très dure aux bourgeois. L’évêque jouissait de prérogatives, dans le Saint Empire romain germanique, et ce depuis 982. Mais les conflits faisaient rage entre le pape et l’Empereur durant 2 longs siècles, jusqu’à la fin du 13e siècle.

A Strasbourg, l’évêque auquel s’affronte Liebenzeller se distingue par sa suprême arrogance. Et en l’an de grâce 1260, Monseigneur Walter von Geroldseck se rend vite insupportable. Les bourgeois se soulèvent. Or, sur la colline de Hausbergen, ils ont affaire à 300 chevaliers ! Mais voilà que ces derniers sont pris d’impatience et se retrouvent à mordre cette poussière que mordront plus tard quelques milliers de chimpanzés victimes d’un autre genre d’expérimentation. Cette victoire des Strasbourgeois a été rendue possible par la conduite de Liebenzeller, et aussi par les renforts de Nikolaus von Zorn, dissimulés derrière ladite colline.

C’est là une victoire de la liberté. Selon le chroniqueur Ellenhard, Liebenzeller aurait prononcé la phrase suivante, qu’on devrait enseigner au catéchisme tous les mercredis :
« Combattez aujourd’hui avec courage pour l’honneur de notre cité et pour perpétuer notre Liberté et celle de nos enfants et descendants. »

Liebenzeller mérite donc cette statue autant que M’Pokora. Mais au fait, pourquoi les Strasbourgeois l’ont-ils si longtemps oublié ?

Parce qu’ils sont Strasbourgeois ? Oui, sans doute, mais peut-être surtout parce que la liberté communale que Liebenzeller a permise n’a jamais été remise en question jusqu’à la fin du 17e siècle. Les héros constructeurs marquent moins la mémoire des hommes que les héros tragiques.

L’édification de cette statue, dont le regard est tourné vers la Cathédrale, est une opération d’une grande puissance symbolique et elle marque un renouvellement du regard des citadins et des passants sur la ville. Oooh Straßburg !

 

 

 

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