Une autoroute pour le Parti Socialiste à Strasbourg ?

La belle ville de Strasbourg serait l'endroit idéal pour lancer un mouvement d'une gauche européenne. Foto: Jonathan Martz / Wikimedia Commons / CC-BY-SA 3.0

(KL) – La gauche européenne se comporte actuellement comme une souris devant un serpent. En se faisant toute petite face à l’essor des forces nationalistes, ultra-nationalistes et xénophobes un peu partout en Europe, elle aurait pourtant une belle carte à jouer. Il suffirait de prendre l’initiative.

En Allemagne, les gens dont le coeur bat à gauche, n’arrivent pas à se défaire d’une Angela Merkel dont la politique d’austérité malmène l’Europe, mais aussi son propre pays. En France, deux électeurs sur trois votent à droite ou à l’extrême-droite. Et c’est la même chose un peu partout en Europe. Les peuples européens, désabusés, boudent les élections et on est en droit de se demander pourquoi les partis de gauche ne sautent pas sur l’occasion en créant un véritable mouvement de gauche européen digne de ce nom. Impossible ? Non, il suffit de le vouloir et de retrousser les manches.

Strasbourg, berceau d’une Europe humaniste s’étant transformée en jouet des marchés financiers, serait la ville parfaite pour la génèse d’un tel mouvement de gauche européen. Pour ce faire, il suffirait d’organiser rapidement un grand congrès (les infrastructures pour cela existent à Strasbourg) en invitant toutes les formations de gauche pendant trois jours, avec des ateliers, un fil conducteur et une obligation de résultat. Qui serait l’élaboration d’une «feuille de route» pour la gauche européenne, d’une charte mettant un terme aux disputes fratéricides entre «tendances» de gauche qui elles, n’arrangent que les affaires des ultra-droites en Europe. Les électeurs et électrices se fichent pas mal des différents courants de la gauche – ils veulent des alternatives crédibles à la politique d’austérité et inhumaine qui charactérise aujourd’hui le paysage politique.

Tout est dans l’attitude – si les acteurs de la gauche finiraient par comprendre qu’ils sont en train de laisser le pouvoir à une droite aux couleurs xénophobe, anti-sociale et belliqueuse, ils pourrait bien travailler pour devenir une force européenne oeuvrant pour le bien des peuples européens. Il faudra inviter toutes les formations de gauche, et il faudra le faire dans la capitale européenne pour montrer clairement que la gauche ne se limitera plus aux raisonnements étiqués, mais qu’elle est capable de développer des visions et des approches européennes différentes de ce qu’on nous propose aujourd’hui.

Les formations participantes devraient accepter une sorte de «paix idéologique» pendant les trois jours d’un tel congrès et accepter de travailler sur des thématiques concrètes. Telles que «Une vision sociale pour l’Europe», «Alternatives aux système financier européen», «La Paix en Europe», «Comment soutenir les campagnes dans les différents pays», «Comment développer et structurer une gauche européenne», «Comment gérer de manière solidaire la question des réfugiés», «Visions pour une véritable politique étrangère européenne» etc. – ce ne seront pas les sujets qui manquraient.

Alors, le PS à Strasbourg ? On attend quoi ? Les prochaines élections ? L’implosion ? L’écrasement par la droite ? Ou est-ce que vous préférez regarder d’un regard envieux comment les ultra-droites européennes s’organisent, comme la «Pegida», le «PVV» ou le FN ? Ou pensez-vous avoir encore beaucoup de temps pour s’y prendre doucement ? Il vaudrait peut être mieux s’y attaquer dès maintenant, avant que les formations de gauche ne figurent parmi les «autres partis» lors de l’annonce des résultats lors de soirées électorales. Incroyable qu’il faille tout vous mâcher…