Une grande victoire de l’Europe sur ses citoyens…

Ils auront tout fait, tout essayé et ils ont eu gain de cause. Malgré une forte opposition des citoyens européens contre le CETA, l’Europe signera ce traité contesté. Pour mieux se ridiculiser ensuite ?

Le sourire de beau gosse de Justin Trudeau aura suffit pour que les responsables européens se mettent à genoux... Foto: A.k. fung / Wikipedia Anglais / Wikimedia Commons / PD

(KL) – Pendant des années, ils avaient négocié derrière des portes fermées. Ils voulaient créer un traité sur les libres échanges entre l’Union Européenne et le Canada pour réaliser un objectif simple – ouvrir le marché européen aux entreprises canadiennes, en baissant nos standards à différents niveaux et le tout, contre une vague promesse d’une croissance à peine perceptible. Mais après ces années de négociations derrière des portes fermées et lorsque la Wallonie s’y était opposée, l’affaire du CETA devenait subitement une question d’heures. Du coup, les responsables de la politique européenne ont tout mis en œuvre pour trouver des compromis pour pouvoir signer ce traité dimanche. Ce qui est fait maintenant – le Premier Ministre canadien Justin Trudeau a signé le traité avec le Président du Parlement Européen Martin Schulz et ce, malgré le fait que le Parlement ne se soit même pas encore prononcé sur le CETA. Ils avaient beau afficher leurs plus beaux sourires après la signature, mais ce que l’on retiendra, c’est que l’Union Européenne a une nouvelle fois démontré à quel point elle se fiche des 500 millions citoyens et citoyennes et qu’elle est prête à trahir même les principes fondamentaux de la démocratie européenne pour arranger les affaires de « big business ».

Le compromis entre l’Union Européenne et la Wallonie est carrément ridicule. En promettant à cette région belge qu’elle puisse sortir de ce traité dès lors son application ait un quelconque impact négatif sur elle, l’UE ne fait que retarder l’échéance. Oui, le CETA est signé, peut-être même qu’il soit validé par un Parlement Européen qui a l’habitude de s’agenouiller devant les lobbys, mais l’étape finale, la ratification par les parlements nationaux, risque de mettre un terme à ce malheureux traité dont autant la genèse que les contenus invalideraient de nombreux acquis européens des dernières décennies. Mais puisque l’Europe n’a pas le courage de s’organiser dans un système fédéral, c’est le principe de l’unanimité qui mettra un terme au CETA, comme le montrent plusieurs votes-test dans différents parlements nationaux – où les élus se sont clairement prononcés contre ce traité.

Abandonner l’état de droit en acceptant des organismes d’arbitrage privé, accepter une baisse des standards en matière du droit de travail ou de l’environnement, permettre aux Nord-Américains de s’ingérer dans la politique et la législation européennes et ce, contre la volonté des peuples européens, c’est vraiment un moment fort du déni de la démocratie. Une fois de plus, l’Europe institutionnelle montre clairement ce qu’elle pense de ses citoyens et citoyennes – pour ne pas déranger la bonne marche des affaires de « big business », on se fiche même de la démocratie.

En signant le CETA, la génération des Juncker & Cie. signe également sa propre fin politique. Il apparaît de plus en plus clairement que ceux qui dirigent actuellement l’Europe, sont ceux qui ont conduit notre continent dans les crises actuelles, ce sont eux qui ont fait perdre aux Européens toute confiance en leurs institutions qui elles, sont considérées comme corrompues, peu démocratiques et agissant pour le compte du plus offrant.

La date pour donner la seule réponse valable à cette Europe même incapable de se montrer solidaire avec des victimes des guerres que nous menons dans d’autres régions du monde, sera l’année 2019. Lors des prochaines élections européennes, il faudra opérer un changement fondamental au niveau du Parlement Européen. Il ne faudra plus voter pour ceux qui prêchent la bonne parole des lobbys ou un néo-nationalisme bête et méchant, il ne faudra plus voter pour ceux qui s’amusent à détruire le « rêve européen », il ne faudra plus voter pour ceux qui sont responsables de toutes ces crises sous lesquelles l’Europe est en train de s’écrouler. Si en 2019, nous laissons ceux qui représentent la plus grande menace pour l’Europe au pouvoir, alors, nous ne méritions pas mieux. Peut-être 2019 constituera la dernière chance de sauver l’Europe. Ne loupons pas ce rendez-vous !

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