« You’re the one that I want ! » – What else ?

La chanson phare de la comédie musicale « Grease » n’est que la partie émergée de l’iceberg.

« Grease » lors d’un festival espagnol en 2018. Foto: Millars / Wikilmedia Commons / CC-BY-SA 4.0int

(Jean-Marc Claus) – Qu’on l’orthographie « Grease » ou « Grèase », le petit spectacle expérimental créé en 1971 au Kingston Mines Theatre, passa le 14 février 1972 d’une scène de seconde zone chicagolienne à celle de l’Eden Theatre off-Broadway, à « New York, New York » comme le chanta Lisa Minelli cinq ans plus tard. Remarquée le soir de sa première par deux producteurs new yorkais prospectant dans l’Illinois, en moins d’une année, ils firent retravailler cette bluette, afin de l’offrir le jour de la Saint Valentin, au public de la ville qui ne dort jamais.

Le sentimentalisme étasunien aidant, ainsi que le gros travail effectué sur la musique et les chorégraphies, mais aussi les personnages eux-mêmes, Grease rencontra très rapidement le succès. Au point que la comédie musicale fut montée dans plusieurs villes, ainsi que hors des frontières des USA, comme par exemple en France où elle prit le titre de « Gomina ». Record de longévité sur la scène new-yorkaise, adapté au cinéma en 1978 mais renommé « Brillantine » au Québec, ce spectacle reste un incontournable.

On se souvient du couple mythique formé par Olivia Newton-John et John Travolta, mais comme beaucoup l’ignorent, ce dernier fut un second choix, car initialement Henry Winkler alias « Fonzie » dans la série « Happy Days », avait été sollicité. « Grease » devait, en quelque sorte, prolonger « Happy Days », d’où très logiquement la présence d’Henry Winkler dans le casting, mais il refusa.

Il y a tout lieu de penser que le duo Newton-John – Winkler n’aurait pas été aussi explosif que le couple Newton-John – Travolta, qui pulvérisa le box-office, mais le film ne fut pas pour autant oscarisé. John Travolta portait encore le deuil de sa compagne Diana Hyland, atteinte d’un cancer du sein et morte dans ses bras l’année précédente. Très affecté, il lui fallut s’y reprendre jusqu’à une dizaine de fois pour tourner les scènes très rapprochées avec Olivia Newton-John, qui, chanteuse de country renommée, n’était pas encore une actrice.

A la Paramounts Pictures, les producteurs, se doutant bien que les critiques n’allaient pas apprécier le film, déployèrent la stratégie de la sortie massive sur les écrans étasuniens, histoire de tenter de couvrir les frais avant qu’il ne soit trop tard. Mais le public ne suivit pas les commentaires aigres-doux des spécialistes de la spécialité, et plébiscita ce qui devint un film-culte. La même année, sortait en décembre « Moment by Moment », intitulé en version française « Le temps d’une romance », histoire d’amour en référence à celle de Diana Hyland et John Travolta. Le film dans lequel l’acteur partageait l‘affiche avec Lily Tomlin, se crasha lamentablement.

La critique et la presse lui tombèrent littéralement dessus, comme il le raconta lors d’une interview dans Vogue en 1994. Là encore, les spécialistes de la spécialité, brillèrent par leur cécité nombriliste, en affirmant que la carrière de John Travolta était définitivement terminée. Près de soixante films plus tard, dont d’autres grands succès, il n’est pas abusif de conclure que se fier aux critiques, pour choisir le film qu’on ira voir au cinéma ou que l’on visionnera chez soi, n’offre aucune réelle garantie.

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