(6) Les 30 ans de la chute du Mur – 30 Jahre Mauerfall

Les photos d’événements historiques montrent toujours de courts instants isolés de l'Histoire. Mais est-ce que ce ne sont pas ces instants qui forment ce qui deviendra plus tard l'Histoire ?

On s'observe mutuellement... / man beobachtet sich gegenseitig... Foto: (c) Michael Magercord / ROPI

(De / von Michael Magercord – KL / MC) – Pour les adieux, un dernier rituel de notre petit monde si bien organisé…

Le 6 novembre 1989, le Mur de Berlin était toujours là. Trois jours plus tôt, on le pensait érigé pour l’éternité, immuable. Et du côté ouest du Mur, les plate-formes sur lesquelles les touristes pouvait jeter un coup d’œil par-delà de la « bande de la mort », vers Berlin-Est, étaient également encore là. A la Bernauer Straße se trouvait une tour particulièrement haute qui offrait un regard très impressionnant sur le Mur et le « hinterland » de l’est.

Trois jours avant la chute du Mur, tout était encore normal. C’était comme si rien ne s’était passé en RDA : ni les mois de manifestations à Leipzig, ni la grande manifestation sur l’Alexanderplatz deux jours plus tôt, à seulement 2 kilomètres de là. Du côté est, on était en train de réparer le Mur, et les ouvriers qui travaillaient dans cette « bande de la mort » (minée et équipée d’appareils à tir qui se déclenchaient dès que quelqu’un activait les barrières lumineuses invisibles) étaient surveillés par des soldats. Moi aussi, je poursuivais mon travail comme toujours, je montais sur la tour et j’ai fait quelques photos des soldats qui surveillaient la frontière. On s’est si souvent regardés dans les yeux, les surveillants de la frontière et moi, le surveillant des surveillants.

Il ne fallait plus être très courageux pour regarder les garde-frontières faire leur travail. Ils me regardaient à travers leurs jumelles. Et ça aussi, c’était normal. Dans leur langage, cela s’appelait probablement « observation de l’ennemi », mais je ne peux vraiment pas m’imaginer qu’ils voyaient réellement en moi un quelconque danger.

Non, c’était plus comme un vieux rituel : moi, avec mon appareil photo, je faisais valoir mon droit à une libre vue vers l’autre côté. Les soldats et garde-frontières de l’Est, eux, se permettaient de m’observer pour contester mon droit à une libre vue. Si je ne représentais pas un danger, j’étais le représentant de ce sentiment d’être menacé qui définissait l’Allemagne de l’Est pendant toute son existence. Pour les garde-frontières, dont la mission consistait à protéger leur Etat, c’était mon regard par-delà le Mur, la raison pour laquelle il y avait un mur, et cela justifiait donc leur présence.

Donc, tout était normal en ce 6 novembre 1989, rien à signaler – et pour trois autres jours, notre petit monde, le mien et le leur, était encore en ordre.

Bilder von historischen Ereignissen zeigen immer kurze, einzelne Momente der Geschichte. Aber sind es nicht diese Momente, aus denen sich die Geschichte erst zusammenfügen lässt?

Wie zum Abschied ein letztes Ritual aus unserer kleinen, wohl geordneten Welt.

Unverrückbar für eine Ewigkeit von drei Tagen stand die Mauer an jenem 6. November 1989 noch da. Und auf der Westseite standen auch immer noch die Aussichtsplattformen, von denen aus man über den Todesstreifen hinweg in den Osten Berlins schauen konnte. An der Bernauer Straße befand sich ein besonders hoher Turm, der einen besonders beeindruckenden Blick auf die Mauer und ihr östliches Hinterland bot.

Drei Tage vor dem Fall der Mauer war alles normal. Es war, als wäre im Lande DDR nichts geschehen, weder die Monate in Leipzig, noch die zwei Tage zuvor kaum zwei Kilometer entfernt auf dem Alexanderplatz. Drüben wurden Reparaturarbeiten an der Mauer ausgeführt und Soldaten bewachten die Arbeiter, die im Todesstreifen tätig waren. Auch ich machte einfach weiter wie zuvor, bestieg den Aussichtsturm und knipste ein paar Fotos von den Grenzsoldaten. Wie oft schon haben wir uns in die Augen geschaut, die Diensthabenden und ich, der Mauergucker.

Mut gehörte ja nun wirklich nicht mehr dazu, den Grenzsoldaten bei ihrer Arbeit zuzusehen. Und dass ihr Fernglas auf mich richtet war? Auch das war normal. Feindbeobachtung nannte man das vielleicht in ihrem Jargon, aber dass sie in mir da oben wirklich eine Gefahr erkannten, kann ich mir selbst beim schlimmsten Willen nicht vorstellen.

Nein, es war eher wie eingespieltes Ritual: Ich mit meinem Fotoapparat erhob den Anspruch auf die freie Sicht nach Drüben. Die Soldaten und Grenzpolizisten aus dem Osten wiederum erlaubten sich, mich dabei ins Visier zu nehmen, um mir diesen Anspruch streitig zu machen. Eine Bedrohung war ich nicht, aber ich war ein Stellvertreter für das Bedrohungsgefühl, das den östlichen Staat zeit seiner Existenz bestimmte. Für die Grenzsoldaten, die ihren Staat beschützen sollten, war es mein Blick über die Mauer hinweg, der der Mauer und ihrem Dienst ihre Berechtigung verlieh.

Also alles normal an jenem 6. November 1989, keine besonderen Vorkommnisse – zumindest für noch drei Tage war unser beider kleine Welt noch Ordnung.

On s'observe mutuellement... / man beobachtet sich gegenseitig... Foto: (c) Michael Magercord / ROPI

On s’observe mutuellement… / man beobachtet sich gegenseitig… Foto: (c) Michael Magercord / ROPI

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