António Lobo Antunes…

...un auteur lusophone et francophile contemporain, d’une importance capitale.

António Lobo Antunes, au Salon du Livre de Paris en 2010, épisode devenu célèbre pour son tête-à-tête avec Jean d’Ormesson. Foto: Georges Seguin / Wikimedia Commons / CC-BY-SA 3.0

(Jean-Marc Claus) – Quatrième au Top Ten de la littérature portugaise, António Lobo Antunes né en 1942, s’est consacré entièrement à l’écriture à partir de 1985. Psychiatre comme son père, issu de la grande bourgeoisie lisboète, il exerça à l’Hospital Miguel Bombarda, illustre aliéniste du XIXe siècle dont nous parlerons dans un prochain article.

Si António Lobo Antunes n’a pas fait carrière dans la médecine, il se sert néanmoins de ses connaissances de psychiatre dans son œuvre littéraire. Mémoire d’éléphant (Memória de Elefante), son premier roman publié en 1979,renvoie à des éléments de sa propre existence sous la dictature salazariste. Une époque qui n’est pas définitivement révolue, comme en témoignent les résultats des dernières élections législatives, où l’extrême-droite incarnée par André Ventura et son mouvement « Chega » créé il y a cinq ans, fait aujourd’hui une percée fulgurante.

Mobilisé de 1971 à 1973, lors de la guerre coloniale en Angola et au Mozambique, qui fut une expérience marquant toute une génération et déboucha notamment sur la Révolution des Œillets, ses souvenirs de médecin militaire lui ont inspiré la trilogie par laquelle il est entré en littérature : Mémoire d’éléphant (Memória de Elefante) etLe Cul de Judas(Os Cus de Judas) publiés en 1979, suivis de Connaissance de l’enfer(Conhecimento do Inferno) l’année suivante.

Elle peut être considérée comme la pierre angulaire de son œuvre, car marquée par cet humanisme non conformiste qui lui est propre. Un homme que la littérature a sauvé de la barbarie, comme il en témoignait au « 20 heures » de France 2 en 2000, La Légende des siècles (Victor Hugo – 1859) offerte pas son capitaine, lui ayant alors permis de tenir, face à toutes les atrocités vues et vécues en Afrique.

Son œuvre littéraire ne se limite pas à cette période sinistre de l’histoire du Portugal, car il radiographie et analyse très finement et avec beaucoup de pertinence notre société contemporaine. Dans le roman Mon nom est légion (O meu nome é legião), publié en 2007 et excellemment résumé par François Busnel pour son émission « La P’tite Librairie », il traite de la violence gratuite et de la délinquance, en faisant le choix d’observer ces phénomènes à travers plusieurs prismes. Ce qui va totalement à l’encontre des visions binaires, trop courantes à notre époque.

Pour mieux faire connaissance avec cet auteur génial, la chaîne YouTube « Rien ne veut rien dire » propose de le rencontrer à travers une série audio de cinq épisodes diffusés sur France Culture en 2015 dans « Un été d’écrivains »  : « Une jeunesse dorée sous la dictature », « La Révolution des Œillets », « L’entrée en littérature », « Hors les livres », « La mort, le temps ». Quatre ans plus tôt, Laure Adler le recevait dans son émission « Hors-champs », où il parlait de son rapport à l’écriture : un podcast à « ouvir absolutamente ».

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