Des liens à réparer

Le Président Emmanuel Macron veut réparer le lien entre l’Eglise et l’Etat. Pourtant, le premier lien à réparer serait celui entre l’Etat et les laissés-pour-compte.

Tant qu'il faut voir des images pareilles, vaut mieux ne pas trop parler de nos références chrétiennes que nous violons tous les jours. Foto: Eurojournalist(e) / CC-BY-SA 4.0int

(KL) – Emmanuel Macron a lancé un nouveau débat – qui semble bien futile. Dans un Etat laïque comme la France, il ne devrait pas y avoir de lien à réparer entre l’Eglise et l’Etat, ce dernier ayant pour mission de s’occuper d’autres liens. Par exemple du lien entre les plus démunis et l’Etat qui, on le voit tous les jours, ne s’occupe pas de ceux qui en auraient le plus besoin.

Dans la politique et dans la vie, tout est affaire de choix ; et principalement de choix des priorités. Emmanuel Macron, lui, veut maintenant réparer le « lien abîmé » entre l’Eglise catholique et l’Etat, ce qui peut surprendre dans un Etat laïc. Encore plus surprenant – l’absence de référence de cette attitude chrétienne dans la politique du nouveau gouvernement. Car si Emmanuel Macron souligne les racines catholiques de la France, il conviendrait de respecter aussi les valeurs fondamentales du christianisme qui elles, excluent des images comme celle qui illustre cet article. La réalité des laissés-pour-compte des sociétés occidentales est contraire aux devoirs chrétiens ; il faut tenir compte de cette réalité si on prend ces devoirs pour « guides » de notre vie de société.

C’est facile de parler de notre patrimoine identitaire judéo-chrétien, mais c’ est déjà plus difficile de suivre cette idéologie religieuse qui voudrait, par exemple, qu’on aime son prochain. Le « prochain », ce n’est pas seulement quelqu’un de fortuné, mais c’est tout le monde, même le plus démuni. Fermer les yeux devant le sort de milliers et de millions de personnes, ce n’est pas très chrétien.

Il suffit de se rendre à Paris pour voir où notre société est arrivée – au fond du gouffre. Nous acceptons aujourd’hui que des êtres humains vivent dans des conditions que nous n’accepterions pas pour nos animaux domestiques ; nous réfléchissons à voix haute comment  écarter  de notre vue sensible le triste sort des pauvres, des réfugiés et des immigrés, mais nous refusons d’investir l’argent nécessaire pour mettre un terme à cette pauvreté qui rend malade et qui tue.

Le problème des pauvres n’est pas seulement le mépris qu’ils essuient actuellement de la part de celui qui devrait aussi être leur président ; le problème des pauvres est aussi l’absence d’un lobby qui pourrait défendre leurs intérêts. Pourtant, les intérêts des pauvres ne sont pas compliqués – un toit sur la tête, un endroit sûr pour dormir, à manger et à boire et souvent, ces quelques éléments suffiraient à la personne pour pouvoir se relancer dans la vie.

Le christianisme ne commande-t-il pas aux croyants d’aider ceux qui en ont besoin ? Ne parle-t-on pas d’un certain Saint Martin qui partageait son manteau avec une personne dans le besoin ? Le débat sur le lien entre l’Etat et l’Eglise n’est autre qu’un écran de fumée destiné à faire oublier les vrais problèmes. Si ce gouvernement veut vraiment mener une politique en accord avec les valeurs judéo-chrétiennes, il peut le faire. En investissant dans des programmes qui viseraient à rendre la vie et la dignité aux personnes concernées. Par exemple par le biais d’un revenu universel et inconditionnel, en construisant des structures d’accueil d’urgence et des logements sociaux.

Tout est question de choix – et si la politique choisissait de faire le bon choix et d’agir en faveur des plus démunis au lieu de se limiter à lancer des débats qui n’avancent à rien ?

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