El Sabinar, la forêt magique

Sur la petite île d’El Hierro, la forêt de juniperus phoenicia, est un lieu particulièrement enchanteur.

Ces genévriers que les alizés ont obligé à grandir courbés, sont autant d’admirables leçons de résistance et d’adaptation. Foto: El colleccionista de instantes fotografia & video / Wikimedia Commons / CC-BY-SA 2.0

(Jean-Marc Claus) – Pendant de la très bretonne Forêt de Brocéliande, « El Sabinar » est, en version infiniment moins boisée, le site forestier d’El Hierro, où l’on doit se rendre lors d’un séjour sur l’île canarienne. Figurant en bonne place dans la passionnante série policière franco-espagnole « Hierro », un vénérable juniperus phoenicea y souligne la dimension tragique, de par son tronc et sa ramure tourmentés.

Choisi par Brian May pour la pochette de son disque « Another world » sorti en 1998, ce Genévrier de Phénicie nommé La Sabina, dut être protégé à partir de 2012 par les services de l’environnement de l’île, car rendu trop célèbre par le CD du guitariste, il était devenu l‘objet de visites pas toujours respectueuses. L’année précédente, Brian May avait lancé l’alerte via son blog. Cet arbre comptait alors beaucoup pour lui, car en pleine crise lors de la création de cet album, il en avait vu une photo sur un magazine, et était parti pour un voyage initiatique, sur cette petite île dont il ignorait jusque là l’existence.

Plusieurs Genévriers de Phénicie peuplent El Sabinar, et leur exposition permanente au vent, a contrarié leur croissance au point d’en faire des œuvres d’art. Qualifiés parfois de bonzaïs grandeur nature, ils ont vraiment ce côté contraint, mais expriment aussi la force de l’adaptation aux contraintes. Soumis en permanence au vent, ces arbres figurent sur les armoiries de l’île. Les aborigènes utilisaient leur bois très dur, pour fabriquer des outils et des armes, ou l’utilisaient dans des rituels religieux. Moins respectueux, les colons européens en ont fait des linteaux de portes et des piquets de clôtures.

Le site d’El Sabinar se trouve à proximité du sanctuaire marial de la « Virgen de los Reyes ». Ce qui ne pose aucun problème théologique majeur aux insulaires, dont en bons Espagnols, le catholicisme qu’ils pratiquent, se montre très inclusif avec les croyances antérieures à l’ère chrétienne. Pouvant atteindre jusqu’à huit mètres de haut pour les plus grands, ces genévriers que les alizés ont obligé à grandir courbés, donnent une admirable leçon de résistance et d’adaptation, non seulement aux humains, mais plus largement au monde du vivant.

Le juniperus phoenicea se sent bien dans les environnements rocailleux et secs. A El Hierro, la richesse du sol volcanique, a favorisé sa croissance, même contrariée par le vent. Il a dans la littérature botanique quinze synonymes. Toxique, il ne faut pas le confondre avec son cousin plus commun, le juniperus communis, dont les baies servent à fabriquer le gin, ou à assaisonner certains plats comme par exemple la choucroute.

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