Maudits communistes !

La responsable de la communication du Parti Populaire madrilène, gagnerait à réfléchir un peu avant de parler, car la langue est un feu et un monde d’iniquité, selon le verset 6 du chapitre 3 de l’Épître de Jacques.

Un symbole qui en fera hurler certains, mais réfléchir d’autres, malheureusement minoritaires... Foto: Chandelier Jack / Wikimedia Commons / CC-BY-SA 3.0

(Jean-Marc Claus) – Macarena Puentes, la responsable de la communication du Parti Populaire madrilène, a publié la semaine dernière un tweet qualifiant de « sommet communiste », la rencontre entre Pape François et Yolanda Díaz, seconde vice-présidente du Gouvernement Sánchez II. Ce face à face, qui ne relevait pas plus du duel que de l’association de malfaiteurs, s’est déroulé au Vatican, samedi 11 décembre. Il avait pour but de discuter de la précarité de l’emploi, des inégalités sociales, des droits humains et de la crise climatique.

Un programme des plus communistes, pour une droite ultra-revancharde qui n’hésite pas à s’associer avec l’extrême-droite pour gagner, mais une fois au pouvoir, pleurniche quand cette dernière rechigne à voter les budgets. Comme si le but des fascistes était de gouverner au sein d’une coalition démocratique ! Quand la « caudillo-nostalgia » des uns se combine avec l’aveuglement des autres, il faut s’attendre au pire et rien n’exclut de penser qu’en Espagne, comme dans d’autres pays européens, l’accroissement des accointances entre extrême-droite et droite, ne va pas aboutir à l’absorption de la seconde par la première.

Il va sans dire que Macarena Puentes s’est, pour ce tweet effacé rapidement mais capturé, prise une volée de bois vert, malgré quelques soutiens plutôt rares. Au-delà de l’anecdote, certes des plus savoureuses, il importe de faire quelques rappels non exhaustifs, mais tout de même significatifs. Quitte à provoquer les hurlements des plus obtus des deux « chapelles », les doctrines communistes et chrétiennes prônent le partage des richesses, les premiers chrétiens ayant initié eux-mêmes le mouvement (Livre des Actes Chapitre 4 Versets 32-35).

Évidemment, comme le communisme, le christianisme a connu dérives et excès, dont certaines ont encore cours aujourd’hui. Ce serait alors mal connaître l’histoire de l’Église et de la chrétienté, que d’agiter le spectre des cent millions de morts du communisme recensés par la très maccarthyste « Victims of Communism Memorial Foundation ». De tous temps, le christianisme a été par certains, instrumentalisé pour conquérir, soumettre, dominer et exploiter. Croisades, pogroms, bûchers ne sont que la partie visible de l’iceberg d’une collusion mortifère entre possédants des mondes temporels et spirituels.

En Italie, dans les années 1970, alors que le pays était divisé entre tenants de la démocratie chrétienne et du communisme, le « Compromesso Storico » (compromis historique) ambitionnait une certaine cogestion avec toutes les limites et écueils qu’on peut imaginer. Il a été mis en échec, notamment par les USA et le Vatican, sous le regard d’un œil de Moscou ne boudant pas son plaisir, mais aussi par une fracture au sein de la gauche italienne. Doit-on alors en conclure, que les deux visions du monde, sont pour autant diamétralement opposées ?

Au Brésil, Dom Helder Camara, surnommé « l’archevêque rouge » car il combattait la pauvreté et la dictature, était qualifié de saint lorsqu’il donnait à manger aux pauvres, mais de communiste quand il questionnait sur l’origine de leur indigence, fut une figure emblématique de la « Théologie de la Libération » combinant analyse marxiste de la société et mise en pratique des valeurs chrétiennes. Une approche intéressante, ne recueillant pas plus les faveurs du Vatican que des USA, faut-il s’en étonner ?

Que dire aussi de la « Doctrine Sociale » de l’Église, de laquelle ont émergé des personnages très connus comme l’Abbé Pierre, mais aussi les prêtres ouvriers que le Vatican a mis au pas, car nombre d’entre eux, probablement victimes d’une sorte de syndrome de Stockholm, avaient la fâcheuse tendance de voter à gauche ? Macarena Puentes ferait bien de réfléchir à tout cela, histoire de comprendre ce que sous-entend son tweet et ce qu’il véhicule de fascisant.

Le catholicisme qui s’associe aux forces réactionnaires, bénit les canons, ferme les yeux sur les exactions de certains de ses membres, boursicote à qui mieux mieux, interdit officiellement ce qu’il se permet officieusement, n’est au final pas plus chrétien que le capitalo-communisme chinois serait communiste. Mais Macarena Puentes, comme la plupart des anticommunistes primaires et des chrétiens de façade, ne se pose pas vraiment de questions, car elle se contente de réponses prêtes à l’emploi, ne nécessitant pas de penser à ce qu’on dit.

Il ne reste plus qu’à espérer maintenant, qu’elle et les tenants de son schéma de non-pensée, se laisseront, comme une certaine Maca Puentes l’avait appelé dans un tweet, guider par la vierge pour mettre fin à la haine et au sectarisme… qui les animent.

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