Fin du confinement : le vieux monde devant nous ?

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(Marc Chaudeur) – Le monde quotidien va changer, dès aujourd’hui ? Eh bien peut-être, mais pour cela, il faut s’y attacher activement… Et la tâche ne sera pas moins aisée qu’avant le confinement. Que non.

Ce matin dimanche, veille du déconfinement, nous nous sommes promenés une dernière fois en paix, sachant bien que la fin de ce confinement marquerait l’achèvement d’une certaine quiétude, certes singulière, car marquée d’anxiété, d’incertitude et de deuil pour l’ami ou les amis disparus à cause du COVID-19. Et sur notre chemin, ce matin, en plein Strasbourg, nous avons croisé un dindon. Par politesse et curiosité, nous avons donc engagé la conversation, c’est-à-dire que nous lui avons dit glouglou.Le dindon ne nous pas répondu ; nous nous étions pourtant bien appliqués à prononcer correctement cette formule de politesse dindonne, avec l’accent en plus. Mais l’orgueilleux volatile aux pendeloques rosâtres n’a pas daigné nous répondre.

J’ai compris pourquoi après lecture d’un post’ provenant d’une association ornithologique : il semblerait que les chants des oiseaux aient changé durant le confinement… En tout cas, en force et en hauteur. Les oiseaux ont économisé leur énergie durant ces quelques semaines de royale quiétude : plus la peine de chanter aussi fort, en l’absence du vacarme de nos fichues voitures, ni aussi haut – de manière aussi aigüe. Et autre effet de la même cause : les femelles entendent mieux les mâles, et sont donc plus réceptives. Cet été, nous aurons donc des multitudes pépiantes de mignons petits oiselets partout, sur la moindre branchette.Même chose pour les bébés humains ? Les statistiques risquent d’être fort intéressantes à ce sujet, puisque bien des observations ont permis de constater que les femelles humaines ont été plus réceptives à la beauté des voix masculines.

Ce matin, nous avons donc essayé de dire glouglou au dindon sur un registre plus grave : il a répondu poliment en effet à nos salutations, en nous disant glou. Yesss !

Cela vaut pour les oiseaux. Mais les êtres humains,eux, ont-ils changé ? Vont-ils changer ? Qu’en sera-t-il, ces prochaines semaines ?

En tout cas, nous n’aimerions pas voir le titre suivant l’une de ces prochaines semaines sur la une des Dernières News d’Halsace : « Recrudescence de stupidité au mois de mai. – On déplore de nombreux blessés sur les pistes cyclables strasbourgeoises. En effet, de manière plus massive encore qu’avant le confinement, la population de la capitale alsacienne pratique cette coutume qui consiste à se ruer au beau milieu des pistes cyclables pour s’y agglutiner en grappes, et pour y discuter des nouvelles de la belle-mère ou décider de la date de barbecues aux fumets asphyxiants pour intoxiquer les habitants.

« Par ailleurs, dans certains quartiers, les jeux de massacre à coups de bmw, d’audi et de caillasses ont repris avec un nouvel enthousiasme. On déplore déjà quelques victimes, parmi lesquelles deux pompiers blessés, qui étaient venus éteindre un incendie dans la cité.

« Il semble que le degré de stupidité ait crû durant le confinement. A force de s’accumuler durant plusieurs semaines, elle a atteint un sommet jamais égalé, sauf sans doute dans les années 1930. Les autorités ont décidé d’entamer des discussions sur les mesures à prendre, qui dureront jusqu’au Jugement dernier. – Strasbourg, le 30 mai 2020. »

Voilà ce que nous aimerions ne pas lire dans les Dernières News d’Halsace. Il y a réellement, par ailleurs, du pain sur la planche, sur des points tout à fait essentiels : la protection de l’environnement et les possibilités de réalisation du Green Deal européen ; la compensation pour les entreprises qui ont immensément pâti de la « Crise Corona » ; celle des travailleurs qui se retrouvent parfois sur la paille ; la conciliation de ces intérêts non nécessairement compatibles, au moins à court ou moyen terme. Et des remèdes concrets et véritables à la crise économique qui courait d’ailleurs bien avant la pandémie. Notamment la taxation des transactions financières et des gains inconsidérés d’actionnaires qui n’ont plus aucun rapport avec l’économie productive réelle.

Il faudra impérativement s’attacher à imposer une solution à ces problèmes. Entre la démagogie rétro d’une certaine extrême-gauche et l’inaction… effective d’une certaine gauche. Trouver peut-être un cheminement nouveau. Cela en tout cas témoignerait d’un rafraîchissement très réjouissant, qu’on pourrait inscrire au bénéfice du COVID-19 et de ses conséquences sociales !