#FreeFariba : En route pour l’après-Rohani…

Chaque 16 du mois, Eurojournalist(e) apporte son soutien à Fariba Adelkhah, par un article lui étant consacré et/ou parlant de l'Iran.

Sayyid Ebrahim Raiso-Sadati, né le 14 décembre 1960, communément appelé Ebrahim Raisi ou Ebrahim Raïssi ou encore Ebraheem Raeesi. Foto: Mostafameraji / Wikimedia Commons / CC-BY-SA 4.0int

(Jean-Marc Claus) – Il a près d’un mois, s’est déroulée l’élection présidentielle en Iran. Hassan Rohani, du « Parti de la Modération et du Développent », ne pouvant plus, selon la Constitution, se représenter à l’issue de son second mandat, avait laissé la place à trois candidats approuvés par le Conseil des Gardiens de la Constitution. Son parti se voyant exclu de la course à la présidence, Hassan Rohani a vu le 18 juin dernier Ebrahim Raïssi, de l’Association du Clergé Militant, lui succéder avec 72,4% des voix, lors d’un scrutin réunissant un peu moins de la moitié des électeurs.

Hassan Rohani, qualifié de conservateur modéré, a eu la malchance de « croiser » durant son second mandat, un certain Donald Trump, véritable éléphant dans un magasin de porcelaine (chinoise) à plein-temps. Ce dernier s’arc-boutant sur le sacro-saint « Axe du Mal », reliquat de l’ère George W. Bush, où ce manichéisme faisait autant recette qu’à l’époque du maccarthysme. Ce n’est évidemment pas avec une telle vision du monde que les tensions ont la moindre chance de s’atténuer, et la diplomatie de travailler sereinement d’une manière constructive.

Manque de chance pour Hassan Rohani, et ses ambitions réformatrices, fussent-elles très « soft ». Manque de chance pour Fariba Adelkhah, devenant de facto, comme d’autres scientifiques étrangers, autant de moyens de pression et de monnaies d’échange. Quand la géopolitique prend en otage des scientifiques non-belliqueux, il y a tout lieu de se questionner sur les tenants et aboutissants d’une telle stratégie, sachant que des personnalités richissimes, ne sont jamais enlevées en vue de faire courber l’échine aux pays dont elles sont issues.

De surcroît, Fariba Adelkha n’est pas Carlos Ghosn, et elle a connu à la prison d’Evin des conditions bien plus dures que lui. Ainsi, devra t’elle s’accommoder à partir du 3 août 2021 de l’après-Rohani, en la personne d’Ebrahim Raïssi. Défait en 2017 et vainqueur en 2021. Entré dans le système judiciaire au lendemain de la Révolution Islamique, il devint en 1988 l’un des responsables d’exécution massive d’opposants. Ce qu’il nie, et ce à propos de quoi, Amnesty International a demandé une enquête suite à sa récente élection. Demande formulée également par l’organisation des Nations Unies (ONU).

Javaid Rehman, rapporteur spécial de l’ONU sur la situation des droits humains en Iran, annonçait le 29 juin qu’il fera campagne pour que justice soit faite. En 2018 et 2020, interrogé à propos de ces massacres d’opposants perpétrés en 1988, Ebrahim Raïssi a nié y avoir joué quelque rôle que ce soit. Mais il ne s’est pas privé de rendre hommage à l’ayatollah Khomeiny ayant alors ordonné cette épuration. Le moins que l’on puisse dire, est que le nouveau président iranien ne manque pas d’aplomb. Mais de quoi s’agit-il en fait ?

Selon Henri Sorg, traitant du sujet dans une publication en 2008, la Révolution Iranienne s’est instituée sur la double violence d’une « guerre sainte », contre un ennemi extérieur, l’Irak, et l’élimination physique des opposants intérieurs, notamment des prisonniers politiques (sic). La Guerre Iran-Irak (1980-1988) s’est achevée suite à l’acceptation par l’Iran de résolution 598 de l’ONU, et dans un même mouvement les prisons iraniennes ont été « purgées » des opposants politiques qu’elles détenaient. Le conflit avait fait, de part et d’autre, entre 680.000 et 1.200.000 morts dont au moins 100.000 civils. Les exécutions de prisonniers politiques détenus alors en Iran, ont été décrétées par une fatwa de l’ayatollah Khomeiny. Plusieurs centaines par jour, eurent lieu en août et septembre 1988, avec un record de 8.000 pendus en deux semaines.

A la prison d’Evin, ou fut incarcérée Fariba Adelkha 486 jours avant son assignation à résidence, lors de la première vague d’exécutions de 1988, 33 personnes étaient exécutées toutes les demi-heures de 7h30 à 17h00. Le bilan difficilement chiffrable avec précision, va selon les sources de 2.800 à 30.000, et une étude remontant à 1996, reprise par Henri Sorg dans sa publication de 2008, avance le chiffre de 12.000. Au-delà de cet épisode tragique, et de ses prolongements jusqu’à nos jours, la question restera posée durant le mandat Raïssi…

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