Haro sur la Bactrocera Olea !

L’université d’Évora, au chevet des oliveraies portugaises, traque efficacement la mouche de l’olive.

Oliveraies à proximité de Monsaraz, l’un de plus beaux villages de l’Alentejo. Foto: Aabasch / Wikimedia Commons / CC-BY-SA 4.0int

(Jean-Marc Claus) – L’Université d’Évora, sise au Sud du Portugal dans la région de l’Alentejo, travaille entre autres projets, sur la création de moyens innovants en vue de protéger les oliviers des insectes ravageurs. Ainsi la « mosca-da-azeitona » (mouche de l’olivier), dont la présence peut réduire jusqu’à 90% la production des arbres, est dans le viseur des chercheurs.

Actuellement dans l’attente d’un brevet européen, trois dispositifs ont été créés par le chercheur Fernando Manuel de Campos Trindade Rei travaillant à l’Institut Méditerranéen pour l’Agriculture, l’Environnement et le Développement et au Département Phytotechnique de l’Université d’Évora. Proposant une alternative à la lutte par pulvérisation de produits chimiques, ces méthodes visent la capture en masse.

Si les populations de Bactrocera Oleae se réduisent considérablement par ces moyens novateurs, les oliveraies seront protégées sans impact majeur sur les écosystèmes. Ainsi, les pièges de type « Olipe », sont constitués d’un récipient diffusant par une soufflerie des composés olfactifs attrayants pour les mouches de l’olivier adultes, notamment les femelles. A ce système est couplé soit un ensemble de plaques adhésives, soit un dispositif d’électrocution, le tout alimenté par un panneau solaire. Il fallait juste y penser, mais surtout créer des appareils robustes et fiables.

Ce qui a nécessité un travail de recherche conséquent, mais l’idée a fait son chemin. Parallèlement à ces deux dispositifs verticaux, somme toute très classiques et posés au sol, dont le bien nommé « Electrocutor », est née l’idée d’un système appelé « Horizontal-tubular », installé carrément dans les branches des oliviers. Constitué d’un tuyau souple de 10 à 15 cm de diamètre, il contient le liquide attirant la Bactrocera Oleae et un insecticide. Les mouches entrant dans le dispositif par des trous spécialement aménagés sont ainsi exterminées, sans qu’il soit nécessaire de pulvériser l’insecticide dans l’atmosphère, en provoquant alors de nombreux dommages collatéraux.

Dans les modèles verticaux de type « Olipe », le produit attirant les mouches de l’olivier est diffusé de façon active grâce à un ventilateur, alors qu’avec le système horizontal tubulaire, il est question de diffusion passive. Mais dans les deux cas, la destruction des insectes s’opère de manière ciblée, pour ne pas dire chirurgicale.

Ambitionnant de devenir à l’horizon 2030, le troisième producteur mondial d’olives, le Portugal doit garantir la pérennité de cette activité agricole ancestrale. Actuellement au neuvième rang mondial de la production d‘huile d’olive, le pays est passé en une vingtaine d’années, de l’artisanat à la quasi-industrie. Les plantations dites super intensives, c’est-à-dire produisant à l’acre quatre fois plus d’olives que les exploitations traditionnelles, représentent actuellement 63% des oliveraies portugaises.

Destinée initialement en majeure partie à la consommation domestique, actuellement la production d’huile d’olive portugaise couvre 160% des besoins du pays. Ce qui laisse clairement augurer d’un large potentiel d’exportation, et attire des investisseurs très proches, comme les Espagnols ou très lointains, tels que les Saoudiens et les Chiliens.

Cette croissance phénoménale a été rendue possible par de gros travaux d’irrigation. L’exemple le plus spectaculaire se trouve au Nord-Est de l’Alentejo, le Barrage d’Alqueva sur la rivière Guadiana. Plus grand lac artificiel d’Europe, il est censé pouvoir garantir les besoins en eau des agriculteurs pour une période de quatre années sans pluies. Mais ce gigantisme et l’arrivée dans l’économie portugaise de capitaux extérieurs à l’Union Européenne, ne sont pas vraiment des garanties de développement durable…

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