Il reste beaucoup à faire pour les réfugiés à Strasbourg

Lors d'une conférence organisée par la Maison de l'Europe-Strasbourg (MESA) à l'ERAGE à Strasbourg, les experts ont donné une vue d'ensemble en ce qui concerne l'accueil des réfugiés dans la capitale européenne.

Très engagée dans la question de l'accueil des réfugiés à Strasbourg - Nawel Rafik-Elmrini. Foto: Eurojournalist(e)

(KL) – «L’asile, disait la maire adjointe aux affaires européennes et internationales Nawel Rafik-Elmrini, est un droit fondamental et non pas de la charité». Lors de la conférence organisée par la Maison de l’Europe-Strasbourg (MESA) à l’ERAGE, l’élue échangeaient avec des représentants d’associations qui oeuvrent dans l’accueil et l’intégration de réfugiés. Même si les exemples de l’action de ces associations et de la ville étaient impressionnants, les discussions montraient rapidement qu’il reste encore beaucoup à faire.

Les chiffres présentés par Nawel Rafik-Elmrini et par le vice-président de l’association CASAS, Charles de Goys, indiquent que la «crise des réfugiés» n’en est pas une – et plusieurs intervenants soulignaient à juste titre qu’il convient d’être très attentif aux mots que l’on emploie. En parlant sans cesse de «crise», les gens finissent par penser qu’ils se convainquent effectivement en situation de crise.

Dans les 47 pays-membres du Conseil de l’Europe, les réfugiés représentent actuellement 0,19% de la population – difficile de parler de «crise» ou «d’invasion» comme le font les populistes qui profitent de cette situation pour faire croire aux gens qu’ils sont les seuls à défendre les intérêts nationaux. A titre de comparaison – au Liban, les réfugiés représentent 12,5% de la population, en Jordanie, 25%.

Si l’accueil des réfugiés à Strasbourg est exemplaire par rapport à la plupart des autres villes françaises, si la ville et les associations fournissent des efforts remarquables, à la fois en ce qui concerne l’engagement des bénévoles et les résultats, la France pourrait faire beaucoup plus. Considérant que le pays compte plus de 36000 villes et communes, les 30000 réfugiés que le pays serait prêt à accueillir dans le cadre d’une redistribution de réfugiés à l’échelle européenne, donnent lieu à un calcul assez accablant : chaque ville et commune en France accueille statistiquement moins d’un réfugié. Vous avez dit «invasion» ?

Pourtant, les associations se heurtent souvent à la lourdeur des administrations nationales. Charles de Goys parlait des cas qu’ils accompagnent au niveau de l’association CASAS et des statistiques terribles – un demandeur d’asile a statistiquement une ou deux chances sur dix de se voir accorder la protection de l’Etat. Et qu’arrive-t-il aux autres, à ceux qu’on refuse ?

Cette question pose un réel problème : soit, les demandeurs d’asile sont expulsés, soit ils se perdent «dans la nature». Et ils deviennent, logiquement, des cas sociaux. Aux responsables d’avouer qu’il n’existe pas vraiment de solution à ce problème au niveau national et si les municipalités et collectivités locales et régionales sont en mesure d’organiser efficacement l’accueil des réfugiés, elles se retrouvent en revanche dans l’impossibilité de proposer des issus à ce problème social qui risque de s’aggraver encore à l’avenir.

S’il est frustrant de voir les limites d’action au niveau de la politique, il est rassurant de constater que l’engagement des associations en Alsace est énorme, que la ville et les collectivités s’engagent également et fidèle à sa tradition humaniste, la ville de Strasbourg donne un exemple au reste de la France. A la France de donner les moyens nécessaires à Strasbourg, à l’Alsace, aux associations comme «CASAS» ou «Alsace, terre d’accueil» pour faire encore plus pour les victimes des guerres qui viennent chercher sécurité et protection dans la cité, comme les opprimés ont fait jadis depuis le début des temps.

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