« J’ai eu la chance de me faire conseiller »

Un libraire haguenauvien donne son point de vue sur la littérature lusophone en France.

Jean-David Henninger, dans sa librairie. Foto: Jn-Mc Claus / CC-BY 2.0

(Jean-Marc Claus) – Suite à une discussion au comptoir de son magasin et à la lecture de notre article sur la littérature portugaise en France, Jean-David Henninger libraire installé à Haguenau depuis 2018, apporte ici quelques éléments supplémentaires au dossier. Formé à Reims, ce haguenauvien d’adoption a ensuite travaillé à Colmar et Genève, puis à la Librairie Vincenti durant six ans, avant d’ouvrir sa propre librairie « La Marge » à la Cour de l’Oie, une impasse à laquelle sa boutique ouvre une perspective sur l’infini !

Quelle place la littérature lusophone tient-elle dans votre librairie ?

Jean-David Henninger : Elle bénéficie d’un rayon à part entière, à proximité des littératures hispanophone et italienne, constitué d’une trentaine de livres, des romans pour la plupart. La poésie lusophone est, quant à elle, intégrée au rayon poésie. La plupart des titres ont quelques années, ouvrages de référence, classiques, ou coups de cœur personnels.

Quand et comment l’avez-vous découverte ?

JDH : J’ai eu la chance de me faire conseiller « Le cul de Judas » d’Antonio Lobo Antunes, grand roman sur la guerre d’Angola, par une amie de l’auteur, qui m’a raconté la manière dont sa vie avait fait évoluer le roman. J’ai ensuite vu plusieurs adaptations théâtrales de Pessoa, voyagé au Portugal, continué à m’y intéresser, découvrant des auteurs plus contemporains, comme Gonçalo M. Tavares ou Valério Romão.

Est-il facile de se procurer des ouvrages d‘auteurs lusophones en version française et/ou bilingue ?

JDH : La maison d’édition/librairie Chandeigne est spécialisée dans la littérature lusophone, et traduit énormément de textes, de toutes époques, également des livres historiques ou pour enfants. Quelques autres maisons d’édition s’y intéressent également, notamment Anne-Marie Métailié, traduisant des auteurs brésiliens et angolais. Plus compliqué en revanche est de se fournir en livres bilingues ou en version originale. Peu d’éditeurs atteignent la taille critique permettant de créer des structures de diffusion internationale.

Y a-t-il un public spécifique pour cette littérature ?

JDH : Difficile à dire, mais de nombreux lecteurs vont avoir une histoire personnelle avec le monde lusophone, par des voyages ou un passé familial. Peu nombreux seront les lecteurs qui arriveront à ces livres sans raison « biographique », hors Pessoa, qui transcende les frontières. « L’aveuglement » de José Saramago, qui parle de virus et de confinement, a été redécouvert récemment, et a permis quelques découvertes.

De l’ensemble de la littérature lusophone dont vous avez connaissance, quel est jusqu’ici l’ouvrage qui vous a le plus marqué et pourquoi ?

JDH : Les poèmes d’Herberto Helder, compilées dans « Les Cent Pas », retracent les vagabondages de l’auteur en Europe. Exilé volontaire, il est représentatif d’une certaine mentalité portugaise, la beauté dans le déclin, et la fascination pour les nuits sans fin, une merveilleuse expérience de lâcher-prise poétique.

Merci Jean-David Henninger pour cet entretien et pour les éléments supplémentaires que vous apportez à la connaissance de ce sujet.

Pour plus d’informations sur la Librairie La Marge à Haguenau,  CLIQUEZ ICI !

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