La révolution se fiche de la pluie et de la boue…

Hier soir, le mouvement «Nuit debout» est arrivé à Strasbourg. Discussions citoyennes, organisation, détermination de créer un monde meilleur – voilà la naissance de quelque chose qui a du potentiel.

Le mouvement "Nuit debout" est arrivé aussi à Strasbourg - et on a envie de rêver avec ces jeunes. Foto: Eurojournalist(e)

(KL/AS) – Hier soir, sous «le chêne de la justice», ce magnifique arbre de la Place de la République, le mouvement «Nuit debout» a fait ses premier pas à Strasbourg. Sous une pluie incessante qui transformait la place en un grand bassin de boue, les jeunes (et moins jeunes) participants donnaient un exemple formidable de ce qui annoblit le terme «démocratie». Ce mouvement résolument démocratique et non-violent a le potentiel de devenir quelque chose d’exemplaire et redoutable pour certains. Une partie de la jeunesse française, non organisée dans des structures aussi vieillottes que celles des anciens, découvre une communion autour des sujets de la société qui donne de l’espoir même aux aînés.

Ni la pluie, ni le froid pouvaient empêcher les participants de se lancer dans un débat où les parlementaires auraient pu apprendre ce que c’est que de discuter dans le respect mutuel. Le format, utilisé également par les mouvements «Occupy» et «Indignados», consiste à se passer d’équipements techniques : lorsqu’une personne parle, les autres répètent ce qu’elle a dit pour que tout le monde puisse entendre. Ipso facto tout le monde est concentré sur ce qui se dit, tout le monde s’implique dans la parole et cela ne crée non seulement cette «communion démocratique», mais aussi une discussion dans le respect de l’autre. Méthode appliquée pour l’apprentissage des tables de multiplications ou pour des prières collectives. A terme un aspect dangereux de réflexe grégaire, mais le cœur est à la liberté.

S’organiser quand même. – La première préoccupation de «Nuit debout» à Strasbourg, a été de s’organiser. Forcément ! Outre l’Assemblée Générale, «Nuit debout» disposera de quatre pôles – le «Pôle  Démocratie», le «Pôle Action», le «Pôle Logistique» ainsi que le «Pôle Communication» – une structure nécessaire pour pouvoir pérenniser ce mouvement qui se crée actuellement pour rendre cette société meilleure. Réalisme ici sur la forme. Utopie sur le fond ? Certes, mais tous les changements majeurs des sociétés depuis le début des temps sont partis d’utopies. Et quelle plus joli lieu imaginé qu’un monde plus juste, sans exclusion, sans haine et sans violence ? On rêve avec eux.

Chez «Nuit debout», tout le monde peut s’exprimer et le ton ne monte pas, car on y exprime son acquiescement où le contraire par des gestes empruntés à la langue des signes – ce qui fait que personne ne crie, personne ne tente d’imposer son point de vue en haussant la voix.

Belle détermination citoyenne ! Ces jeunes sont cent fois plus authentiques et dans une perspective démocratique et sociale que ceux qui sont en charge au niveau politique. Parmi les postulats : une «constitution sociale faite par le peuple pour le peuple», des logements pour tous, sans distinction aucune, les mêmes chances pour tout le monde, une vie écologique, de la justice, plus de lobbies (discussion intéressante : «voulons-nous devenir un lobby citoyen ?» – réponse : non…), bref, une société sans corruption, juste et correcte – pour tout le monde : Qui pourrait sérieusement défendre une idée contraire ?

Ces jeunes méritent du soutien – ils veulent un monde meilleur à un moment où nos sociétés battent de l’aile, où sont devenues violentes, injustes, pauvres. Un drap blanc tendu vierge de toute inscription est un présage, celui qui annoncent toutes les idées, un peu en vrac mais qui y seront organisées.

«Nuit debout» ! Certains évoquent déjà Mai 68 et effectivement, ce mouvement pourra déclencher des changements de la société tout à fait salutaires. Belle fraîcheur innocente mais déterminée. A suivre. Et on suivra !

2 Kommentare zu La révolution se fiche de la pluie et de la boue…

  1. “Mais c’est une révolution” Réponse cette fois”Non sire ce n’est qu’une révolte” Pour le moment en tout cas., L’Histoire n’est pas déterministe , elle peut même s’inverser .

  2. Certes, pour employer le terme de révolution il devront être nombreux à ne craindre ni la pluie, ni la boue…
    Saluons toutefois ces nouvelles formes de revendication loin des appareils (et leader ?) politiques.
    A suivre…

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