L’Alsace-Moselle élira-t-elle des député(e)s LREM ?

Les Alsaciens & Mosellans pardonneront-ils aux macronistes, la récente suppression des deux jours fériés relevant du Droit Local ?

Les législatives 2022, seront-elles l’occasion de faire, en Alsace-Moselle, la fête à Macron ? Foto: Jules Xénard / Wikimedia Commons / CC-BY-SA 4.0int

(Jean-Marc Claus) – La question peut sembler un peu précoce, car la campagne des élections législatives ne commence que le 30 mai, et les votations ont lieu les 12 et 19 juin. Mais elle doit néanmoins être posée, car après le coup de Jarnac de la suppression déguisée du caractère férié du Vendredi Saint et de la Saint Étienne, la population de la Communauté Européenne d’Alsace (CeA) et du département de la Moselle, est en droit de l’avoir mauvaise, car une fois de plus, le Droit Local est attaqué sournoisement.

Suppression appliquée tout d’abord aux agents de la fonction publique territoriale, au motif que dans l’ensemble du pays, ces fonctionnaires doivent être soumis aux mêmes règles. Puis, les macronistes de chanter en chœur qu’il ne faut pas inquiéter Alsaciens & Mosellans quant à leurs congés et salaires, car il ne s’agit que de 14 heures à répartir sur 252 jours ouvrés, soit 3 pauvres petites minutes par jour de travail supplémentaire ! Vouloir faire croire que cette suppression n’en est pas vraiment une et qu’elle ne concernera à terme, que les fonctionnaires territoriaux, est une insulte à l’intelligence des citoyens de ce pays.

Nous savons Emmanuel Macron très habile en matière de tours de passe-passe et d’entourloupes, ce qui du reste, ne lui réussit guère lors de ses prétendues entrevues diplomatiques de premier plan avec Vladimir Poutine. Mais affirmer que l’annualisation du temps de travail à rattraper, suite à la suppression de deux jours fériés, signifie en quelque sorte leur non-suppression, c’est du grand art à propos duquel Michel Audiard avait une formule devenue cultissime. Par ailleurs, imaginer un seul instant qu’un président ultralibéral va s’arrêter là, et n’osera pas invoquer le principe d’égalité pour supprimer ces deux jours fériés aux autres salariés d’Alsace-Moselle, revient à ne pas remarquer la présence d’une vache dans un couloir de métro.

Cela dépend beaucoup de la taille du couloir et de l’heure d’affluence, répondront les esprits taquins. Mais il n’en demeure pas moins vrai, que la ficelle est tout de même très grosse. Le Droit Local en vigueur en Alsace-Moselle, est insupportable aux tenants de la doxa ultralibérale, car il protège les citoyens. Un régime de sécurité sociale qui n’est pas en déficit, ce n’est pas bon du tout pour les assurances privées. Deux jours fériés en plus, c’est autant de profit que les actionnaires ne peuvent pas tirer du travail des salariés. La préservation du repos dominical, c’est la misère pour le commerce du superflu. Depuis des années, le Droit Local d’Alsace-Moselle est grignoté par le pouvoir central, quelle que soit sa couleur politique.

D’aucuns, pour défendre le Droit Local Alsace-Moselle, mettent en avant les spécificités accordées aux Outre-Mer ainsi qu’à la Corse, mais il n’est pas nécessaire d’aller chercher des exemples si loin et à ce point contextuellement radicalement différents. La ville de Paris est une collectivité unique à statut particulier, qui a notamment pour effet, de faire élire son maire selon des modalités différentes du reste de la France. Faut-il alors crier au non-respect du principe d’égalité ?

Quand des ultralibéraux parlent d’égalité de tous devant la loi et dans la République, ainsi que de justice sociale, il ne faut pas être grand clerc pour comprendre que le plan consiste à niveler par le bas, les conditions de vie de la majorité. Ceci au profit d’une minorité qui s’accroche au sommet de la pyramide, d’où ruisselle non pas un peu de richesse pour tous, mais les larmes de rire des 1% qui se racontent à l’infini, comment ils réussissent si bien à rouler dans la farine les 99%.

Ne serait-il pas grand temps qu’en Alsace-Moselle, lors des prochaines élections législatives, les 99% offrent une veste aux représentants LREM des 1% ? Sans perdre pour autant de vue que, grâce à un autre tour de passe-passe qui fera l’objet d’un prochain article, comme l’a démontré maintes fois l’Histoire, l’extrême-droite se prétendant proche du peuple est également une alliée très fidèle des 1%.

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