Le jeudi, c’est veggie !

Après le très franchouillard « Mercredi, c’est raviolis ! », le « Veggieday » s’imposera-t-il en Suisse et dans le reste de l’Europe ?

Pourquoi ne pas passer au burger végétarien, avec frites de patates douces ? Foto: Ewan Munror / Wikimedia Commons / CC-BY-SA 2.0

(Jean-Marc Claus) – Une campagne de sensibilisation lancée en Suisse, incite communes, entreprises, hôtels et restaurants à ne plus servir de viande le jeudi. Nommé « Veggieday – Tasty Thursday », cette opération a démarré le 1er Octobre 2021 et il se trouve que le grand quotidien espagnol El País lui a consacré un article, 6 mois et 11 jours plus tard. Mais tant à sa décharge qu’à son honneur, El País avait publié le 9 avril 2021 sur la véganisme, à l’occasion de la sortie en espagnol du livre de Valéry Giroux et Renan Larue « ¿Qué es el veganismo? ».

Donc, on ne peut pas dire que le sujet n’intéresse personne en Espagne, même si de nombreux plats carnés figurent au menu des restaurants. Il y a cependant entre l’Espagne et la Suisse, une différence culturelle quant au rapport à l’alimentation carnée. Même avec l’élévation du niveau de vie, la viande a toujours été et reste un aliment onéreux en Suisse. Or, ce n’est pas en Espagne qu’on petit-déjeune avec un birchermuesli et dîne avec un risotto.

Mais il ne faudrait pas pour autant prendre les Espagnol(e)s pour des viandard(e)s, car les pays de la Péninsule Ibérique ont, parallèlement au développement de la culture de la bonne table, connu des périodes de vaches maigres pour ne pas dire faméliques.

Porté par l’association Swissveg, le « Veggieday – Tasty Thursday » n’a rien d’agressif et encore moins de militant envers les mangeurs de viande, car il incite à faire un geste pour la planète et le bien-être animal, en s’abstenant de consommer de la viande une journée par semaine. Ce que devrait normalement comprendre sans grandes difficultés tout un chacun.

L’objectif, porté par une association riche de trente années d’expérience, est de montrer l’exemple en proposant le jeudi, uniquement des plats végétariens ou végans. Ce qui est parfaitement en phase avec la Société Suisse de Nutrition, qui recommande de manger au maximum deux à trois portions de 100 à 120 grammes de viandes par semaine.

Le poids moyen d’un steak haché de burger de fast-food allant de 100 à 150 grammes, de viande dont la qualité reste à prouver, il est facile de se représenter le mal que se font les consommateurs pluriquotidiens et pluri-hebdomadaires de cette nourriture. Or, pour produire 1 kilo de viande, il faut de 7 à 16 kilos de céréales ou de fèves qui, consommés par l’homme, nourriraient bien plus de monde.

Mais le « Veggieday », s’il ne fait aucun mystère sur les dégâts causés par la surproduction de viande, ne cherche pas à culpabiliser carnivores, omnivores et flexitariens. La démarche se veut pédagogique et l’approche dépassionnée, donc ne seront heurtés que celles et ceux qui le veulent bien, car chez Swissveg, on ne badigeonne pas les vitrines des boucheries-charcuteries de faux sang.

Pragmatique comme les Suisses peuvent l’être, l’association met un kit de démarrage à disposition des communes, entreprises, hôtels et restaurants voulant devenir partenaires. Mais elle va encore plus loin, en proposant aux participants, de partager sur Instagram des photos de repas végétariens du jeudi sous le hashtag #veggieday. Ce qui crée une saine émulation et alimente un esprit communautaire, sans pour autant céder à la tentation communautariste.

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