Lieutenant de Louveterie, une fonction évolutive

D’une charge rémunérée remontant au Moyen-Âge, à une fonction aujourd’hui bénévole, les Lieutenants de Louveterie sont passés de l’extermination à la régulation.

A travers les siècles, la fonction de Lieutenant de Louveterie a favorablement évolué. Foto: Futurhit12 / Aut_Anonyme / Wikimedia Commons / CC0 1.0

(Jean-Marc Claus) – Que l’on soit pro- ou anti-chasse, pro- ou anti-loup, il n’en demeure pas moins que dans le droit français, la fonction de « Lieutenant de Louveterie », aujourd’hui strictement réglementée, existe toujours et participe au service public. Comme l’a rappelé l’actualité récente, à propos de ce puma en liberté repéré et traqué dans le Pas-de-Calais, la Préfecture peut recourir à ces spécialistes.

L’arrêté préfectoral autorisant, selon la formule administrative consacrée « des tirs de prélèvement », n’exclut pas la capture de l’animal, ce qui fait toute la différence avec la louveterie du Moyen-Âge qui a conduit jusqu’à la première moitié du XXe siècle, à l’extermination totale des loups sur le territoire français. Grâce à la Convention de Berne signée en 1979, ces grands canidés sont réapparus dans notre pays en 1992, via l’Italie.

En 1971, les Lieutenants de Louveterie ont vu leurs missions se modifier considérablement. Ils sont aujourd’hui chargés de la régulation d’espèces dites nuisibles, et non de leur extermination. Ils ont la responsabilité de battues administratives, ont mission d’abattre les animaux sauvages enragés, peuvent, après avis du Conseil National de Protection de la Nature, supprimer des individus surnuméraires ou malades d’espèces protégées, mais exercent aussi les fonctions de conseillers cynégétiques, d’auxiliaires de l’agriculture et participent à la lutte contre le braconnage.

Ces actuels bénévoles se mettant au service de l’État, et la fonction rémunérée avait été supprimée de 1787 à 1797 par souci d’économie. Aujourd’hui, ils sont nommés par les Préfets des départements pour une durée renouvelable de cinq ans. Obligatoirement de nationalité française, ils sont âgés de moins de 75 ans, jouissent de leurs droits civiques, n’ont pas été l’objet de condamnations pénales relatives à la chasse et à la pêche, possèdent un permis de chasse depuis au moins cinq ans, ont des connaissances approfondies en matière de faune sauvage et sont assermentés.

L’histoire de cette fonction, montre comment elle est passée de l’extermination systématique à la protection par la régulation. Évidemment les anti-chasse pousseront toujours, sans mauvais jeu de mots, des cris d’orfraie lorsqu’il est question de réguler, car réguler, c’est tuer. Soit, mais sans parler des agriculteurs qui se font labourer leurs champs par des hordes de sangliers, et quid des particuliers vivant en bordure d’espaces non-urbanisés voyant leurs jardins dévastés par des animaux sauvages ?

Bien qu’à l’ouest de l’Europe, la France n’a rien de commun avec le Far West et fut-ce très imparfaitement pour certains aspects, la chasse y est heureusement réglementée. Ainsi, tout un chacun ne peut détenir une arme sans permis, et abattre un animal sauvage au simple motif que ce dernier le nargue en grignotant les bourgeons des arbres fruitiers de son verger, ou privilégiant les circuits courts, s’approvisionne dans son potager.

Plutôt que d’adopter des positions radicales, le plus souvent irréalistes et hors-sol, les anti-chasse gagneraient à militer en faveur d’un accroissement de la réglementation et de l’évolution du statut de chasseur. C’est évidemment à un puissant lobby qu’il s’agit de s’attaquer, et l’attention particulière qui lui est portée depuis 2017 par le pouvoir macronien, n’aide pas vraiment. Mais n’y aurait-il pas là un pari à gagner, en s’attelant à se retrouver sur une thématique plus rassembleuse, que le traditionnel schéma pro versus anti ?

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