Mais qui étaient les Philistins ?

Terre de conflits, le Proche-Orient a connu sur les actuels territoires d’Israël et de Palestine, un peuplement philistin dont il est plus que jamais nécessaire de rappeler l’histoire.

Les Philistins, issus de peuples venus par la mer, se sont fixés sur la rive orientale de la Méditerranée. Foto: Enyavar / Wikimedia Commons / CC-BY-SA 4.0int

(Jean-Marc Claus) – Depuis l’attaque terroriste perpétrée par le Hamas le 7 octobre 2023 contre les populations civiles israéliennes, l’équilibre précaire du monde, déjà menacé suite à la tentative d’invasion de l’Ukraine par la Russie 590 jours plus tôt, connaît une nouvelle série de secousses de forte magnitude. L’attention des commentateurs se focalise sur cette région minuscule au regard du reste de la planète, en faisant trop souvent fi de son histoire antérieure aux épisodes de conquête, que lui ont infligé les tenants des trois monothéismes.

La Terre Promise des Hébreux, Pays de Canaan où coule le lait et le miel selon la tradition biblique, a été conquise au prix de luttes armées, car elle n’était aucunement un eldorado inhabité. Qu’on s’y réfère comme un document historique ou un recueil de légendes, les textes bibliques le rapportent et l’archéologie ne le dément pas. Au nombre des habitants de ces territoires, que les Hébreux occupèrent progressivement, les Philistins devinrent en quelque sorte leurs ennemis héréditaires, mais ils n’étaient pas les seuls.

L’épique combat du jeune et intrépide David, contre le terrible et réputé invincible géant Goliath, n’est qu’une illustration de la vision exclusivement binaire commune à tous les textes bibliques et plus généralement religieux. Les Philistins représentent le mal, alors que le peuple d’Israël descendant des Hébreux, est du côté du bien. Une construction mentale qui a traversé le temps, car au XIXe siècle, Philistin était synonyme de Béotien, autre peuple entré dans l’Histoire par la porte de service.

Même s’il n’est que très peu employé de nos jours, le terme Philistin renvoie toujours à l’inculture et à l’esprit borné. Il peut prendre un caractère particulièrement narquois, et a toujours une connotation péjorative. Peuple polythéiste, qualifié d’incirconcis par les Juifs, les Philistins ont réellement existé. Migrants ayant pris racine sur les rives orientales de la Méditerranée douze siècles avant notre ère, les archéologues en ont retrouvé en 2016 dans un cimetière de l’ancienne ville côtière d’Askhelon, des échantillons d’ADN datant du début de l’Age de Fer et provenant de nourrissons.

Venant de Grèce, de Crète, de Sardaigne et de la Péninsule Ibérique, ces migrants ce sont fondus dans d’autres populations locales, au point que deux siècles après leur arrivée, leurs caractéristiques génétiques spécifiques s’étaient effacées. Ainsi, selon les généticiens, la civilisation philistine était-elle marquée par le métissage, contrairement à ce que laissent entendre les récits bibliques. Mais évidemment, l’interpénétration des cultures, ne fait jamais bon ménage avec les conceptions manichéistes du monde.

La Palestine tient son nom des Philistins, Hérodote la mentionnant au Ve siècle avant notre ère, comme incluse dans la Syrie. Géographiquement parlant, ce territoire va selon certaines descriptions, de Gaza au Mont Carmel, mais d’autres en font une zone encore plus large. Ce qui, dans tous les cas, revient à dire que les actuels État d’Israël et Territoires Palestiniens, sont fondés sur l’antique Palestine polythéiste et inclusive, de laquelle aucun ne peut revendiquer l’héritage exclusif.

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