Margarita Salas Falguera, la recherche dans les gènes

Une chercheuse espagnole d’une grande exemplarité.

Margarita Salas Falgueras - un regard toujours tourné vers l’avenir… Foto: UNED / Wikimedia Commons / CC-BY 2.0

(Jean-Marc Claus) – Vendredi dernier, la Journée Internationale des Femmes et des Filles de Science, créée en 2015 par l’UNESCO et ONU-femmes, afin de rendre visible et d’accroître la participation des femmes dans les domaines scientifiques, a été particulièrement suivie en Espagne. Plusieurs chercheuses, contemporaines ou d’autres époques, ont été mises à l’honneur, et au nombre d’entre elles, figure Margarita Salas Falgueras.

Née dans les Asturies en 1938, elle est décédée à Madrid en 2019, l’année où elle fut lauréate du Prix de l’Inventeur Européen, pour avoir développé une méthode permettant d’amplifier l’ADN. Influencée par son père médecin et sa mère enseignante, elle a, comme son frère José et sa sœur María Luisa, embrassé une carrière scientifique en commençant par la chimie et la médecine. S’orientant ensuite vers la biologie moléculaire, elle a joué un rôle de premier plan dans le développement de cette discipline en Espagne.

Partie en 1963 aux USA avec son mari Eladio Viñuela, lui aussi chercheur, ils ont travaillé au département scientifique de la Faculté de Médecine de l’Université de New York jusqu’en 1967, pour ensuite rentrer en Espagne afin d’y développer la biologie moléculaire grâce à un financement étasunien. Professeure de génie moléculaire à l’Université Complutense à Madrid de 1968 à 1992, elle fut également, de 1989 à 1996, membre du Comité Consultatif Scientifique de l’Institut Max-Planck de génétique moléculaire à Berlin et de l’Institut Pasteur en 2001.

Élue, en 2001, membre de la Real Academia Española (RAE), elle fut la première femme espagnole à être admise à l’Académie Nationale des Sciences des États-Unis en 2007, et aussi la première à recevoir la Médaille Echegaray en 2016, décernée par l’Académie Royale des Sciences Exactes, Physiques et Naturelles d’Espagne. Détentrice de 8 brevets, elle a écrit plus de 350 articles et donné plus de 400 conférences dans le monde entier, on ne compte plus le nombre de récompenses qu’elle collecta.

De ses nombreux travaux, nous pouvons retenir sa découverte dans le foie du rat, d’une glucokinase nécessaire à la phosphorylation du glucose, mais surtout ses recherches sur le génome humain qui lui ont permis de créer un moyen rapide, simple et fiable de reproduire des traces d’ADN en quantités suffisamment importantes pour procéder à des examens génomiques complets. Basée sur l’ADN polymérase phi29, sa découverte est largement utilisée aujourd’hui dans le domaine de l’oncologie, de la médecine légale et de l’archéologie. Un brevet déposé permet de fabriquer des kits d’amplification de l’ADN ergonomiques.

Très impliquée dans l’éducation et militante pour l’accès des femmes aux filières scientifiques, elle a eu la joie de voir de son vivant, deux structures pédagogiques lui rendre honneur : le Centro de Educación Infantil y Primaria Margarita Salas où l’enseignement est dispensé en espagnol, allemand et anglais, et l’Instituto de Educación Secundaria Margarita Salas, où l’enseignement associe une partie de langues vivantes et la formation dans les domaines des sciences pures et des sciences humaines. Merci Margarita Salas Falguera !

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