Mehr Licht ! ou Itinéraire d’un enfant bâté (16)

La série hebdomadaire de Jean-Marc Claus - une vue très personnelle sur notre belle région transrhénane du Rhin Supérieur et - l'Europe. Notre Europe. (16)

Those were the days, my friend... Foto: Toffel / Wikimedia Commons / CC-BY-SA 4.0int

(Jean-Marc Claus) – Sur son lit de mort, Victor Hugo affirmait : « Je vois de la lumière noire », alors que dans la même situation, un demi-siècle plus tôt, Johann Wolfgang von Goethe s’exclamait : « Mehr Licht ! Mehr Licht ! ». Je me suis trop longtemps réclamé du premier, tout en méprisant le second. Trop longtemps, c’est mon enfance, mon adolescence et une partie de mon âge adulte, période rapportée ici par l’ex-enfant bâté que je suis.

Épisode Seize : Arte & Karambolage

Arte : chaîne de télévision franco-allemande de service public à vocation culturelle européenne, acronyme d’Association Relative à la Télévision Européenne, créée le 30 Mai 1992 et dotée d’un siège social sis à Strasbourg, dans l’ombre des institutions européennes. Celui qui, avec ça, n’entend pas qu’Arte et l’Europe vont de pair, et même font la paire, doit avoir un sérieux problème d’entendement. Pour ma part, j’ai d’abord retenu la dimension franco-allemande de la chaîne, et bien plus tard, perçu sa vocation eu-ro-pé-en-ne. Aussi loin que je m’en souvienne, le « franco-allemand » était mis en exergue dans sa présentation initiale. Fort heureusement, en 1992 le processus de réconciliation avec les langues et les cultures germaniques était, dans ma pauvre tête, engagé depuis la fin de la décennie précédente. Sans cela, j’aurais très certainement blacklisté ce nouveau média.

Arte est arrivée comme une bouffée d’oxygène, moins de deux mois après le naufrage retentissant de la Cinq, créée en 1986 et alors première chaîne généraliste nationale commerciale privée gratuite du Paysage Audiovisuel Français. Il était grand temps ! Après la bouyguisation de TF1, voulue par François Mitterrand en 1987, nous avons échappé de justesse à la berlusconisation de La Cinq, chaîne commerciale portée sur les fonts baptismaux par le président français en 1986. Tonton aimait le privé, c’est bien connu, quitte à nous priver de nos services publics, une fois le tournant de la rigueur habilement négocié. En 1992, Arte incarnait la possibilité d’un ailleurs, tout en demeurant ici. Ses productions enjambaient le Rhin avec autant d’élégance que la Passerelle Mimram, qui fut construite douze ans plus tard.

Arte c’est aussi, à partir de 2004, Karambolage, émission créée par Claire Doutriaux, dont le premier épisode fut justement diffusé l’année de l’inauguration de la Passerelle Mimram. Grâce à ces formats courts d’une durée de 12 minutes, nous découvrons d’une manière amusante, combien allemande(e)s et françai(se)s sont à la fois semblables et dissemblables, donc…. complémentaires.  Karambolage ne donne pas dans le folklorique, le pittoresque, le populiste, mais nous parle de la vraie vie des vrais gens. Pas à la façon « reality show », qui du reste n’a de réel que le show, mais à la façon « Terre Humaine », cette collection anthropologique créée par Jean Malaurie en 1954. En moins dense, évidemment, mais  dans le même esprit, c’est-à-dire voulant que l’Histoire ne soit pas une soustraction de divisions, mais une multiplication d’additions. Avec Karambolage, comme le dit sa présentation sur le site internet de l’émission, nous avons « Les Français et les Allemands décryptés ». Une approche très fine, prêtant autant à rire qu’à penser, donc nourrissant le cœur et la tête, enrichissant la connaissance de tous, sans appauvrir l’humanité de chacun. Et, Sahnehäubchen auf dem Kuchen, chaque émission se termine par Das Rätsel, une séquence de 30 secondes, à l’issue de laquelle il faut dire de quel côté de la frontière elle a été tournée. A une époque, j’ai souvent joué et parfois gagné. Les indices, toujours présents dans les films, ne sont pas évidents à déceler. D’où la conclusion à laquelle nous conduit intelligemment la fin de l’émission, démontrant ainsi, qu’il serait totalement stupide de recommencer à camper sur nos frontières, car de toutes ces différences et similitudes, il est souvent bien difficile d’assigner de façon rédhibitoire, ceci ou cela à tel ou tel…

A suivre…

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