Résistance 2050

Le mieux est l’ennemi du bien, dit-on couramment, ainsi ce roman dystopique, nous en fait-il la cruelle démonstration...

2050 - un horizon indépassable ? Foto: Jean-Marc Claus / CC-BY 2.0

(Jean-Marc Claus) – A qui n’a que très peu d’intérêt pour la littérature d’anticipation, il convient de rappeler que des romans tels que « Le meilleur des mondes » ou « 1984 », écrits l’un par Aldous Huxley et l’autre par Georges Orwell peu avant et juste après la IIe Guerre Mondiale, se sont avérés avec le temps n’être pas si farfelus que cela. Ainsi, quand au début de la seconde décennie du XXIe siècle, une romancière et une scientifique conjuguent leurs talents respectifs pour écrire une dystopie, est-il particulièrement intéressant de leur prêter attention.

Amanda Queffélec-Maruani dite Amanda Sthers, écrivaine et scénariste issue d’une famille de célébrités, a débuté sa carrière de romancière en 2004. Aujourd’hui, avec « Résistance 2050 », elle en est à son quatorzième roman, mais pour la première fois co-écrit. La scientifique et entrepreneuse Aurélie Jean, qui ne cède pas non plus à l’angoisse de la page blanche, lui a apporté un précieux concours, sans lequel, par manque de données factuelles plausibles, le scénario du roman aurait été bancal.

Les auteures emmènent le lecteur dans une France fracturée en deux. Fracture que, en avançant dans la lecture, l’on retrouve au niveau mondial. D’un côté, les équipés (sic) d’une micro-puce augmentant leurs capacités intellectuelles et les protégeant de certaines maladies dégénératives ; de l’autre, ceux vivant en zones libres (sic), car s’opposant à l’implantation du microprocesseur qui a aussi pour effet de réguler les comportements. Une allégorie des possibles dérives de certains progrès de la science, lorsqu’ils sont détournés de leurs vocations humanistes initiales.

L’histoire est d’autant plus prenante, que les auteures y associent des éléments contemporains, comme la pandémie de Covid-19 et le mouvement des gilets jaunes, mais une lecture plus attentive permet de percevoir d’autres références plus subtiles. Subtiles sont également les structures mentales des personnages-clefs, car dans ce roman, si la pensée binaire occupe une place nécessaire à sa dynamique, ce n’est pas le cas pour la description de ses principaux acteurs. Une seconde lecture permet, en se détachant de l’intrigue, une approche très humaine de Chloé, Oona et Ash.

Par contre, lorsque sont dépeints des politiques et des dirigeants, les auteures ne boudent pas leur plaisir de leur tailler des costumes sur mesure. Forcément chemin faisant, on y retrouve quelques étonnantes similitudes, avec des figues connues. Ce qui donne au roman, parallèlement à sa portée philosophique et éthique, un côté tragi-comique particulièrement appréciable, eu égard à la gravité du sujet traité. La résistance en physique, produit un effet Joule se caractérisant par un dégagement de chaleur. Ce qui est ici aussi le cas dans les interactions humaines, et dans « Résistance 2050 », le dérèglement du climat génère un insupportable réchauffement de l’atmosphère. Toutes similitudes avec des faits existants ne sont alors ni fortuites, ni involontaires…

Résistance 2050

Par Amanda Sthers & Aurélie Jean
Éditions de l’Observatoire – 04/2023
ISBN 979-10-329-2399-3
198 pages – 21€

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