Un mandat permanent pour la CIIVISE

Commission d’utilité publique jouant un rôle fondamental dans la lutte contre la pédocriminalité en France, la CIIVISE verra son mandat se terminer le 31 Décembre 2023, or il n’est vraiment pas raisonnable de mettre fin à son activité.

Lors d’un sondage Ipsos en novembre 2020, un Français sur dix confiait avoir été victime d’inceste, donc en moyenne 3 élèves par classe de 30. Foto: Polymagou / Wikimedia Commons / CC-BY-SA 4.0int

(Jean-Marc Claus) – Créée le 11 Mars 2021, la Commission Indépendante sur l’Inceste et les Violences Sexuelles faites aux Enfants (CIIVISE), va rendre son rapport le 20 novembre. Depuis l’été, des incertitudes planent sur l’avenir de cet organisme, car une fois remplie la mission qui lui a été initialement confiée, son mandat prendra fin le 31 décembre. Plusieurs quotidiens s’en sont fait l’écho, et une pétition pour que cette commission obtienne un mandat permanent a été mise en ligne. Or, l’utilité et l’efficacité de la CIIVISE ne sont plus à démontrer.

Au pays dit des Droits Humains, chaque année plus de 160.000 enfants subissent des violences sexuelles, souvent commises par un membre de leur famille et 96% des agresseurs sont des hommes. L’omerta ne vaut pas que pour les institutions religieuses, toutes obédiences confondues, mais elle s’applique aussi au sein des familles, où l’enfant serait logiquement en droit de se sentir en sécurité. Ce silence imposé aux victimes doit être brisé, et c’est l‘une des missions de la CIIVISE, qui reçoit leurs témoignages dans le respect des articles 434-3 et 434-1 du Code Pénal. 

Ce dernier fait obligation à quiconque, d’informer les autorités judiciaires de toutes les agressions ou atteintes sexuelles infligées à un mineur dont il a connaissance, ainsi que de tout viol commis sur un majeur, dont l’auteur serait susceptible de commettre de nouveaux viols qui pourraient être empêchés. La CIIVISE ne se substitue pas plus à la justice qu’aux différents organismes habilités à prendre en charge les victimes, mais elle leur offre un espace de parole indépendant, où leur témoignage ne restera pas lettre morte.

Parallèlement à cette mission d’écoute et d’accueil inconditionnel, permettant de connaître et faire connaître l’ampleur des violences sexuelles faites aux enfants ainsi que leurs mécanismes, mais aussi d’y sensibiliser la société et les professionnels à leur contact, la CIIVISE a pour autre vocation de formuler des recommandations en vue de renforcer la culture de la prévention et de la protection dans les politiques publiques. Deux missions totalement complémentaires, et d’autant plus fiables lorsque comme en l’espèce, l’organisme qui en a la charge est indépendant.

Les violences sexuelles subies durant l’enfance, marquent à jamais les victimes, dont parfois pour survivre, le psychisme provoque une amnésie traumatique purement défensive. Mais ce n’est qu’un pis-aller, et en aucun cas une option viable, car la souffrance ne restant jamais totalement silencieuse, elle se manifeste d’une manière ou d’une autre en prenant diverses formes.

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