Visitez l’Hôtel de Lévy !

Le week-end prochain, l’Ambassade du Portugal en France ouvrira ses portes aux visiteurs.

De l’extérieur, l’Hôtel de Lévy ne paye pas de mine, mais c’est un lieu chargé d’histoire. Foto: Celette / Wikimedia Commons / CC-BY-SA 4.0int

(Jean-Marc Claus) – A l’occasion des 39e Journées Européennes du Patrimoine, les 17 et 18 septembre prochains, l’Ambassade du Portugal en France sise à Paris 3 rue Noisiel, dans le très sélect XVIe arrondissement, ouvrira ses portes au public. De l’extérieur, l’Hôtel de Lévy ne paye pas de mine, mais c’est un lieu chargé d’histoire que l’État Portugais acquit en janvier 1936 pour y installer la résidence de son ambassadeur et sa chancellerie. Abandonné à l’installation du Gouvernement de Vichy suite à l’Armistice de juin 1940, il ne fut habitable qu’en 1947, après une savante restauration.

Cette mission confiée à Raul Lino Da Silva, alors Directeur Général des Monuments Nationaux, fut menée à bien avec un budget restreint, comme l’avait ordonné le dictateur-président António de Oliveira Salazar. Ceci grâce à une pléthore de mobiliers anciens et d’œuvres d’art, mises sur le marché par des particuliers après guerre, car la reconstruction du pays ne se faisait pas sans pénuries et privations.

C’est ainsi que cet hôtel particulier érigé en 1906, abandonné et vandalisé durant la Seconde Guerre Mondiale, gagna aux lendemain de la Libération un faste supérieur à celui qu’il avait antérieurement. On peut, entre autres trésors, y voir une représentation du Palais Royal de Lisbonne avant le séisme du 1er novembre 1755. Un événement qui ébranla non seulement la ville, mais moralement le Portugal dans son entier et même une partie de l’Europe. Du mobilier portugais et indo-européen y côtoie des porcelaines japonaises et des tapisseries d’Aubusson.

Le nom de cet hôtel particulier et celui de la rue où il est situé, ont également une histoire. Les grands travaux haussmanniens de la seconde moitié du XIXe siècle, avaient transformé le visage de Paris. La très riche famille Menier, qui fit fortune dans le cacao à usage médical puis ensuite carrément dans le chocolat, en inventant la première tablette en 1836, avait installée à Noisel-sur-Seine la première chocolaterie moderne d’Europe. Elle acheta un domaine de 10.000 m² dans le XVIe arrondissement, où elle fit tracer les rues Charles-Lamoureux, violoniste et chef d’orchestre et de Noisel, en référence à l’usine de Noisel-sur-Seine.

Au début du XXe siècle, la famille Menier vendit une partie de ce domaine à Raphaël Georges Levy, qui demanda à l’architecte Louis Parent d’y ériger un hôtel particulier. Bien qu’en plein dans l’époque de l’Art Nouveau, ce dernier présenta un projet inspiré de l’architecture du XVIIIe siècle, que le propriétaire valida. Travaillant à la Banque de France et des Pays-Bas, Raphaël Georges Levy conseilla habilement le Royaume du Portugal qui, en banqueroute dès 1892, connut la chute de sa monarchie en 1910. Pour le remercier, Dom Carlos Ier le fit Commandeur de l’Ordre du Christ, la plus haute décoration que décernait alors le Portugal.

L’Hôtel de Lévy devint un temps, « the place to be » pour l’intelligentzia parisienne, le gotha et les artistes. Lors de la Première Guerre Mondiale, refusant de quitter son domicile à l’approche des troupes allemandes, Raphaël Georges Levy le transforma en hôpital militaire, et il vécut avec son épouse dans deux petites pièces situées dans les combles. Entre les deux guerres, il en fit un salon littéraire et artistique, que de nombreuses personnalités honorèrent de leur présence. C’est trois ans après sa mort que sa famille le mit en vente et que l’État Portugais l’acquit pour 2.400.000 francs en 1936.

Visites guidées d’une durée de 20 minutes, pour des groupes jusqu’à 20 personnes, programmées de 10h00 à 16h30, samedi 17/09 et dimanche 18/09. Non accessibles aux personnes à mobilité réduite. Inscription préalable par mail obligatoire à ccp-paris@camoes.mne.pt.

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