(27) Les 30 ans de la chute du Mur – 30 Jahre Mauerfall

Les photos d’événements historiques montrent toujours de courts instants isolés de l'Histoire. Mais est-ce que ce ne sont pas ces instants qui forment ce qui deviendra plus tard l'Histoire ?

Ni à l'Est, ni à l'Ouest - en route vers Bahnhof Friedrichstrasse... Foto: (c) Michael Magercord / ROPI

(De / von – Michael Magercord – KL / MC) – Terminus frontière. Gare de Friedrichstraße en 1986 – à moitié ici, à moitié là-bas.

Comme vous le voyez – vous ne voyez rien. Ou seulement la moitié des choses. Mais ça, c’est normal, car cette photo est la représentation d’un no man’s land : à moitié, on est encore ici, à moitié on est déjà là-bas, au milieu de la grande ville et aussi, au milieu de nulle part.

Ce tram roule depuis le Bahnhof Zoo qui se situe au centre de Berlin-Ouest, vers l’Est. Juste derrière les vestiges du « Lehrter Stadtbahnhof », le tram traversera le Mur, pour passer par un long virage derrière le « Reichstag », là-bas, à l’Est, en longeant la rivière Spree. Il passe par des installations de frontière, des miradors, des plaques métalliques qui obstruent la vue pour que personne ne puisse voir les quartiers à l’Est. Finalement, le tram tournera à gauche, entre les immeubles : la ligne S3 est presque arrivée.

Des passagers habitués donnent une première idée où se terminera la course. Car ce sont les retraités de Berlin-Est, autorisés à se rendre sans encombre dans la partie Ouest de la ville, où ils peuvent faire des courses grâce au « Begrüßungsgeld », cet « argent de bienvenue ». A juger selon leurs sacs de courses bien remplis, il rentrent maintenant chez eux, là-bas.

Mais que fais-je dans ce tram ? Déjà depuis deux ans, on peut se rendre à l’Est avec un billet acheté à l’Ouest. Jusqu’en 1984, les lignes qui circulaient à l’Ouest étaient encore exploitées par les chemins de fer de la RDA. Mais maintenant que le Sénat de Berlin-Ouest a pris le contrôle sur le réseau des trams dans les trois secteurs à l’Ouest, mon abonnement d’étudiant me permet de voyager avec les retraités de l’Est – mais où mènera ce voyage ?

Dans le wagon, les passagers s’apprêtent déjà à sortir. Par la fenêtre , j’aperçois un hall de gare. Dans quelques instants, on arrive à la gare « Bahnhof Friedrichstraße » à Berlin-Centre. Terminus Berlin-Centre ? Donc, Berlin-Est ? Oui, le centre de la ville se trouve à l’Est. Comme la gare. Après tout, à son inauguration en 1882, il était la « Centralbahnhof », la gare centrale pour toute la ville de Berlin. Et d’une certaine façon, cette gare l’est toujours en 1986, car ici se croisent toutes les lignes du tram berlinoises, autant celles de l’Est que celles de l’Ouest. Tout comme les trains de grandes lignes entre l’Allemagne de l’Est et l’Allemagne de l’Ouest. Et une fois par jour, même le train qui relie Moscou à Paris.

Bon, la grande ville, l’Histoire du monde – mais quel rapport avec cette photo ? Ce « à moitié ici, à moitié là-bas » ? Si cette photo ne montre rien de particulier, c’est voulu. Car d’une certaine manière, cette photo montre tout : les gens qui se trouvent en chemin entre les deux côtés, se trouvent toujours sur un seul côté. Et on voit que cette gare « Bahnhof Friedrichstraße » au cœur de Berlin était un endroit dans une zone entre les deux mondes, ce qui fait que même les passagers ne savent plus très bien où ils sont. Mais moi, qu’est-ce que je fais dans ce monde bizarre ? Attendez, nous ne sommes même pas encore arrivés…

Bilder von historischen Ereignissen zeigen immer kurze, einzelne Momente der Geschichte. Aber sind es nicht diese Momente, aus denen sich die Geschichte erst zusammenfügen lässt?

Endstation Grenze. Bahnhof Friedrichstraße 1986 – halb hier, halb dort.

Wie Sie sehen, sehen Sie nichts. Oder eben nur halbe Sachen. Doch das hat seine Richtigkeit, denn das Foto ist ein Abbild eines Niemandslandes: halb noch hier, halb schon dort, mitten in der Stadt und doch auch mitten im Nirgendwo.

Die S-Bahn fährt vom Bahnhof Zoo inmitten von Westberlin Richtung Osten. Gleich hinterm Lehrter Stadtbahnhof überquert sie die Mauer, beschreibt hinterm Reichstag, allerdings drüben auf der Ostseite der Spree, eine lange Kurve nach rechts. Vorbei an Sperranlagen, Wachtürmen und Metallblenden, die den Blick auf die angrenzenden Stadtviertel versperren. Dann biegt der Zug schließlich nach links ein zwischen die Häuser: Weit ist es nicht mehr zum Ziel der S-Bahnlinie S3.

Alte Bekannte im Waggon geben einen ersten Hinweis darauf, wohin die Reise geht. Denn sind das nicht diese Rentner aus Ostberlin, die, weil sie ungehindert in den Westteil der Stadt fahren dürfen, mit dem sogenannten Begrüßungsgeld Einkäufe erledigen? So wird es sein, und nach ihren prall gefüllten Taschen zu urteilen, fahren sie in dieser S-Bahn nun wieder nach Hause, nach Drüben.

Was habe ich darin zu suchen? Seit zwei Jahren schon konnte man mit einem Westfahrschein in den Osten fahren. Noch bis 1984 wurden die Linien, die im Westen umherfuhren, von der DDR-Bahn betrieben. Jetzt aber, nachdem der Westberliner Senat den S-Bahnbetrieb in den drei Westsektoren übernommen hat, genügte meine Studentenmonatskarte West, um mit den Rentnern in den Osten zu reisen – wohin aber nun?

Im Waggon machen sich die Reisenden schon zum Aussteigen bereit. Im Fenster des Waggons taucht eine Bahnhofshalle auf. Noch wenige Augenblicke und der Bahnhof Friedrichstraße in Berlin-Mitte ist erreicht. Endstation Berlin-Mitte? Also Ostberlin? Ja: die Mitte liegt im Osten. Der Bahnhof auch. Der wurde ja schließlich als „Centralbahnhof“ von ganz Berlin gebaut, damals 1882. Und in gewisser Weise ist er es 1986 immer noch, denn hier kreuzen sich alle S-Bahnlinien von Berlin – West und Ost. Und die Fernzüge zwischen Ostdeutschland und Westdeutschland. Und – einmal täglich – sogar mit dem von Moskau nach Paris.

Schön und gut, die große Stadt, die weite Welt – aber dieses Bild? Dieses Halbhier, Halbdort? Wenn auf dem Foto nun nichts richtig zu sehen ist, hat das seine Richtigkeit. Denn das heißt, dass darauf im Grunde schon alles zu sehen ist: Da sieht man nämlich, dass Menschen, die sich auf dem Weg zwischen zwei Seiten befinden, immer nur auf der jeweils anderen Seite unterwegs sind. Und darauf ist eben auch zu sehen, dass dieser Bahnhof Friedrichstraße mitten Berlin so ein Ort war, der so eine Zwischenzone bildet, in der selbst die Reisenden nicht mehr recht wissen, wo sie sind. Aber was mache ich denn dann da in dieser seltsamen Welt? Abwarten, wir sind doch noch nicht einmal angekommen…

A moitié ici, à moitié là-bas... Foto: (c) Michael Magercord / ROPI

A moitié ici, à moitié là-bas… Foto: (c) Michael Magercord / ROPI

Kommentar hinterlassen

E-Mail Adresse wird nicht veröffentlicht.

*



Copyright © Eurojournaliste