Au Portugal, la chirurgie bariatrique dès 16 ans

Jusqu’ici réservée, sauf cas particuliers, aux personnes majeures, la chirurgie de l’obésité devient au Portugal possible à partir de 16 ans.

L’Hôpital Pédiatrique Dona Estefâna, établissement public du Centro Hospitalar Universitário de Lisboa Centra (CHULC). Foto: Juntas / Wikimedia Commons / PD

(Jean-Marc Claus) – Impliqués dans COSI (Childhood Obesity Surveillance Initiative), une action menée par l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) depuis 2007/2008, les pouvoirs publics portugais sont parvenus à réduire considérablement l’obésité infanto-juvénile. Une taxe sur les boissons sucrées non-alcoolisées, introduite en 2017 par le Gouvernement Costa 1 (2015-2019), n’a pas été sans incidence, mais les taux de prévalence du surpoids chez les 5 à 19 ans sont toujours très élevés.

Avec un taux d’obésité infanto-juvénile de 33,47%, le Portugal se trouve au 12e rang des pays de l’Organisation de Coopération et de Développement Économiques (OCDE), mais au 6e rang des pays de l’Union Européenne (UE). Les USA tiennent le haut du pavé, avec 41,86% et le Japon possède le meilleur taux avec 14,42%. Pour l’Union Européenne, c’est l’Estonie qui est la mieux placée avec 20,46% et la Grèce la plus mal avec 37,26%.

Au delà des actions préventives, n’ayant des effets importants que sur le moyen et le long terme, le cas des jeunes en situation d’obésité morbide reste un problème à solutionner dans des délais raisonnables. C’est pourquoi le Centre Hospitalier Universitaire de Lisbonne Centre (CHULC), regroupant six hôpitaux, se mobilise pour ouvrir l’accès aux mineurs dès 16 ans, à la chirurgie bariatrique, alors que la tranche d’âge habituellement concernée par ces interventions se situe entre 18 et 65 ans.

Jusqu’ici, il faut donc, sauf cas particuliers, être majeur pour bénéficier d’actes chirurgicaux aboutissant à la restriction de l’apport calorique et/ou sa non-assimilation par l’organisme. Ce qui veut dire en termes techniques : « anneau gastrique » (gastroplastie), « sleeve gastrectomie », « bypass gastrique ». José Silva-Nunes, le médecin en charge du dossier, est un endocrinologue renommé. Son approche de l’obésité étant multidisciplinaire, comme le suivi des jeunes en difficultés, il y a tout lieu de penser que chaque acte chirurgical sera longuement mûri.

Le praticien replace l’obésité dans un contexte général, et pointe ses conséquences, notamment en termes d’accroissement du risque néoplasique. Ce que la plupart des gens ignorent, car ayant l’esprit oblitéré par l’image terrible du malade cancéreux cachectique. Autre facteur favorisant ce phénomène et dont beaucoup de personnes n’ont pas conscience : la sédentarité. Un phénomène ne cessant de s’accroître. Le Portugal compte 1,5 million d’obèses, pour une population d’un peu plus de 10,2 millions d’habitants, soit plus de 10%.

Ce sont les hôpitaux Curry Cabral et Dona Estefânia, qui vont accueillir les jeunes en situation d’obésité, pour lesquels une intervention de chirurgie bariatrique pourrait s’avérer indiquée. Pour mémoire, durant la phase de confinement de 2020, ces deux établissements étaient, avec l’hôpital São João de Porto, les trois hôpitaux de référence pour le diagnostic et le traitement du Covid-19. Ce sont donc des pôles d’excellence, qui vont encore innover, dans un domaine touchant un important problème de santé publique.

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