Ces petites phrases qui en disent si long…

En défendant Gérard Depardieu, Emmanuel Macron n’a pas juste raté une marche du Palais des Festivals, mais mis en lumière sa nature profondément réactionnaire de président-monarque.

Un regard oblique, toujours en direction de ceux qui ont tout, et jamais vers ceux « qui ne sont rien ». Foto: Kremlin.ru / Wikimedia Commons / CC-BY 4.0int

(Jean-Marc Claus) – Les Français avaient pris, avec François Hollande, l’habitude des petites blagues, plus ou moins drôles selon le niveau de leurs quotients familiaux et prélèvements à la source. Mais avec Emmanuel Macron, fini les plaisanteries, excepté le coup des kwassa-kwassa, qui serviraient moins à pêcher qu’à « amener du Comorien » à Mayotte. Le Chef de l’État pseudo philosophe et autoproclamé grand connaisseur de l’Histoire, se croit phare de la culture hexagonale et grand timonier du destin national. D’où un certain nombre de petites phrases, se voulant punchlines, alors qu’en réalité, véritables KO de la pensée.

La dernière en date, et pas des moindres, fait référence à un Gérard Depardieu qui rendrait la France fière. Pauvre France, d’autant plus que le nom de ce pays de Gaulois réfractaires, est aussi un prénom féminin, et les femmes le Gégé, nous savons ce qu’il en pense, mais il n’est de loin malheureusement pas le seul ! Au palais élyséen, la culture intensive de l’en-même-temps, supervisée par les spin doctors les plus performants, va d’ici 2027 encore donner encore naissance à un florilège de petites phrases, tantôt assassines, tantôt complètement hors de propos, et parfois, même les deux à la fois.

Comment un président n’ayant toujours pas compris qu’il n’a plus, depuis juin 2022, la majorité absolue à l’Assemblée Nationale, peut-il encores’imaginer un an et demi plus tard, qu’il gouverne toujours le pays en autocrate, comme au temps de son premier mandat ? Ce déni de la réalité, passé maintenant à un stade chronique, explique autant le discours creux des vœux qu’il s’adresse en fait à lui seul, que les petites phrases stupides et dangereuses du genre « Depardieu rend la France fière », qu’aucun individu sensé n’oserait prononcer.

Le président-monarque se prenant pour Louis XIV, tient plus d’Ubu roi que d’un Bourbon mégalomane vérolé et blennorragique. Si le premier quinquennat macroniste avait, la pandémie de Covid-19 aidant, un air martial (« Nous sommes en guerre. »), le second s’avère particulièrement lunaire et les petites phrases présidentielles, ne seront jamais de grands aphorismes pour l’Humanité. Si au nombre de ses sorties se voulant percutantes, il en est un certain nombre qu’il assumerait totalement, ce qu’il n’assume pas du tout, c’est de ne plus avoir la majorité absolue.

Chose particulièrement insupportable, pour qui se considère comme un patron… du XIXeme siècle. Lequel à contrario des quelques rares Steinheil & Dieterlen de l’époque, s’octroyait quasiment droit de vie et de mort sur les ouvriers, pour ne pas dire ses ouvriers. La start-up nation macroniste, n’est pas une entreprise moderne, dans le sens de véritablement progressiste, mais une vieille lune réactionnaire qui fait le lit de forces politiques encore plus rétrogrades. D’où le caractère particulièrement risible de la substitution dans le discours macronien du traditionnel antagonisme « droite vs gauche », par celui de « progressistes vs réactionnaires », car le président se prétendant progressiste, est en réalité très réactionnaire.

Comment s’en étonner, quand en 2018 à Charleville-Mézières, il rendait hommage à Philippe Pétain en soulignant, qu’il fut pendant la Première Guerre Mondiale, aussi un grand soldat (sic) ? C’est une réalité de notre pays (re-sic), ajoutait-il, faisant alors totalement abstraction de la France collaborationniste, avec son cortège de déportations offertes aux nazis, qui n’en demandaient pas tant. Ces mêmes nazis, inspirant aujourd’hui tant les mouvements politiques et groupuscules d’extrême-droite, que des années de d’ultralibéralisme économique, vont amener demain au pouvoir dans des pays européens visiblement pas vraiment assainipar la Libération.

Georges Courtelines affirmait avec beaucoup d’esprit, que passer pour un idiot aux yeux d’un imbécile est une volupté de fin gourmet, mais comme pour toute gourmandise, en abuser provoque inévitablement la nausée. Une nausée qui a quelque chose de sartrien mais pas que, car celui qui en 2017 se voulait chantre d’un nouveau monde, s’est très vite avéré aussi imbuvable qu’un prédicateur Témoin de Jéhovah brandissant les « Saintes Écritures – Traduction du Monde Nouveau »…

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